Le gouvernement face au conflit UGTT - UTICA : Son inertie mène droit dans le mur

Le gouvernement face au conflit UGTT - UTICA : Son inertie mène droit dans le mur
National
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Après la première grève générale régionale de Sfax dont la symbolique est bien établie, ville aux traditions syndicales bien ancrées avec les leaders que furent Farhat Hached et Habib Achour, les fondateurs de l’UGTT, et aussi une ville laborieuse connue pour son dynamisme économique, le grand Tunis sera le théâtre de la prochaine grève générale régionale tournante prévue par le conglomérat de syndicats du secteur privé dépendant de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, et prévue pour le mercredi 25 novembre. Le maintien de ce mouvement de grève est le résultat de l’échec des négociations depuis plusieurs semaines entre les deux grands partenaires sociaux les plus influents du pays, l’UGTT d’un côté, l’UTICA de l’autre. En effet, les deux parties ne parviennent pas à trouver un compromis pour éviter la poursuite d’un conflit qui intervient dans un contexte de grave crise économique. Elles considèrent toutes les deux qu’elles défendent les intérêts de leurs adhérents, et sur ce plan, il est difficile de leur en vouloir sachant qu’elles ne peuvent faire autrement. Cependant, elles n’en sont pas moins responsables de la détérioration à la fois du climat social et de la situation économique, démontrant une forme de légèreté coupable à l’endroit de l’intérêt suprême du pays. Si donc les deux parties doivent être conscientes qu’elles peuvent entraîner le pays vers l’inconnu, il est évident que l’inertie du gouvernement ne peut que nous interpeller. En effet, qu’attend donc le chef du gouvernement pour réagir, plutôt pour agir, et trouver une issue qui puisse éviter des soubresauts inutiles et préserver le pays de troubles dont on n’a pas besoin en ce moment ? Pourquoi tarde-t-il donc à intervenir, lui le principal intéressé par cette question ? Ou bien croit-il qu’il ne peut assumer la responsabilité que du secteur public, et que le reste ne le concerne pas ? Pourquoi adopte-t-il le rôle du spectateur quasi-indifférent lui qui les a reçues une seule fois et séparément ? Autant de questions qui nous laissent perplexes dans la mesure où le gouvernement, qui représente l’Etat, ne peut pas se contenter d’organiser les réunions entre les deux syndicats par le biais du ministère des Affaires sociales, et de surcroit avec des ratés inconcevables… Si le ministre des Affaires sociales a échoué dans sa tâche de rapprocher les points de vue des deux syndicats, il est du devoir du chef du gouvernement de les réunir autour d’une même table et de les amener à une entente qui les renvoie dos-à-dos ! Il est, en effet, de son devoir non seulement d’intervenir mais d’obliger les deux parties à parvenir à un accord. Si l’UGTT et l’UTICA n’arrivent pas à s’accorder sur un compromis, le gouvernement doit user de sa sagacité et de son influence pour faire lui-même des propositions, quitte ensuite à les leur imposer si jamais elles demeurent sur leurs positions. En effet, l’Etat doit pleinement jouer son rôle et assumer la responsabilité de la garantie du bon déroulement des activités économiques et de la paix sociale et civile. Autrement, que fait-il et à quoi servirait-il ? L’Etat, et le gouvernement qui le dirige, tire sa légitimité de sa capacité à assurer la stabilité politique et sociale. Or, aujourd’hui, le conflit qui met face-à-face les deux partenaires menace le pays, ses grands équilibres et les rapports entre les diverses classes sociales. L’enjeu est déterminant pour le présent et l’avenir du pays dans la mesure où des grèves générales régionales tournantes, puis une grève générale nationale risquent d’avoir de très graves et dangereuses répercussions. Et avant que ne se produisent le cataclysme et le chaos qui ne pourraient servir que les chantres de l’anarchie, il est impérieux pour les pouvoirs publics de prendre sérieusement les choses en main et d’agir afin de mener le pays vers des horizons plus cléments.

L.L.




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