Dream City et le Petit Poucet, sur fond de poubelles...

Dream City et le Petit Poucet, sur fond de poubelles...
Chroniques
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Finalement obnubilés par les spectacles et les performances, les nombreux spectateurs de Dream City 2015 seront passés à côté de la performance des édiles de la Ville de Tunis...
Une débauche de détritus en toile de fond
En effet, la session qui vient de s'achever s'est déroulée dans une débauche exceptionnelle de poubelles, une présence incontournable de détritus en tous genres qui parsèment la médina et aussi un environnement si crasseux qu'on finissait par se demander ce que l'art venait y faire. D'ailleurs, comme toutes les éditions précédentes, Dream City s'est déroulé sur fond de désaffection et de passivité des "locaux", peu interpellés par l'événement qui recrute plutôt parmi les jeunes des banlieues huppées et les artistes de toutes les disciplines.
Une performance pour exorciser le réel
Non pas que nous remettions en cause le festival qui est une belle initiative... Toutefois, cette omniprésence des poubelles avait de quoi interpeller, inquiéter, dérouter, scandaliser... Dream City aura été une nouvelle occasion de constater la lente descente aux enfers de la capitale, l'incroyable saleté qui y règne, y compris dans les impasses les plus éloignées, les ruelles les plus enclavées. On m'aurait invité que j'aurais proposé une performance dans le style du Petit Poucet. J'aurais été ce Petit Poucet qui au lieu de jeter des pierres pour retrouver son chemin, aurait jonché sa route de sacs poubelles, de gravats, tourteaux et immondices.
Artistes égarés dans une décharge à ciel fermé...
Ce Petit Poucet tunisois n'aurait pas eu de quoi être fier car au lieu de vivre en lisière d'une forêt, c'est dans une poubelle qu'il habite, en lisière d'une décharge sauvage, jadis ceinte de remparts et aujourd'hui ouverte aux quatre vents de toutes les pollutions. Ce Petit Poucet tunisois, les artistes de Dream City l'auraient peut-être plébiscité pour la vérité de sa performance et aussi pour le fait qu'au lieu d'évacuer le réel de l'art, il aurait mis à chacun le nez dans la pourriture qui envahit notre ville comme une peste camusienne.
Le Petit Poucet pleure Labib le Fennec...
Sur fond de poubelles triomphantes et d'éboueurs éberlués, Dream City aura donc vécu. De partout, les artistes sont venus, ont vu et ont vaincu... Quant aux poubelles, elles n'ont pas bougé et sont plus que jamais présentes, comme pour nous rappeler que, depuis que les politiciens se drapent de vertu et de religion souillée, la propreté la plus élémentaire n'est plus en odeur de sainteté... Dream City s'en va... Les poubelles restent... Et, dans un coin, le Petit Poucet pleure son ami Labib le Fennec...

H.B.




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