Notre souveraineté en péril !

Notre souveraineté en péril !
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On se croirait revenu à une époque bien révolue de l’histoire de notre pays, celle qui avait fait le lit de la colonisation il y a de cela plus de cent trente années auparavant, au moment où les rapaces de l’Occident étaient aux aguets pour fondre sur notre pays afin de l’envahir et de faire de nous ses esclaves ! Ceux qui veillaient aux destinées de l’Etat à cette lointaine et triste période avaient dilapidé ses biens, l’avaient tellement pillé qu’il n’avait plus les ressources nécessaires pour s’autogouverner, ce qui a engendré le recours d’abord à une commission financière internationale avant de lui mettre la main dessus par la France interposée. Et comme on ne croit pas que l’histoire se répète, on estimait que cette période était enterrée à jamais d’autant plus que nous avons, quand même, acquis notre indépendance depuis une soixantaine d’années, et qu’entre-temps, nous avions réussi, malgré tout ce que l’on pourrait dire, à mettre les jalons d’un Etat moderne, avec des élites qui ne manquent ni de connaissances, ni de compétence.
La Troïka a plongé le pays dans une grave crise qui a frappé les finances publiques
Or, et depuis ce changement du 14 Janvier, on n’arrive plus à voir le bout du tunnel, notamment sur le double plan social et économique à cause d’une gestion calamiteuse des affaires de l’Etat. La Troïka a plongé le pays dans une grave crise qui a frappé les finances publiques, une crise qui persiste et s’aggrave de jour en jour sans que l’on n’arrive à imaginer des solutions et à trouver la parade pour l’endiguer et la contenir. Et il nous semble que l’on est en train d’assister à une véritable coupe en règle du pays avec une succession de « décisions » frisant l’absurdité, pour ne pas dire autre chose. Parmi ces « résolutions », on en retiendra deux qui nous paraissent extrêmement graves, pouvant toucher les piliers du pays, ses ressources humaines d’abord, l’un des acquis dont s’est enorgueilli notre peuple des décennies durant, nous qui n’avions pas des ressources naturelles comparables avec celles de nos voisins ; et ensuite ses biens avec ces « Sukuks » islamiques auxquels on recourrait tout en mettant le Stade olympique de Radès en « otage », en tant que garantie !
Un plan de développement quinquennal... français
La première est donc cette « fameuse » initiative du gouvernement, avec en pole position le ministre Yassine Brahim, qui aurait déjà signé un contrat par lequel il engage une banque française pour nous proposer un plan de développement quinquennal, dégager des solutions et fixer nos priorités dans le domaine économique et social. En fait, il semble que l’opération de la passation de ce fameux contrat avait déjà commencé depuis quelques semaines, et a, sans aucun doute, reçu l’aval du Chef du gouvernement dans la mesure où elle a certainement concerné des cadres, voire les plus hauts responsables d’autres départements. Ce qui est tout aussi grave, c’est que le ministre a bafouillé devant les membres de l’ARP lorsqu’on lui avait « sorti » ce fameux document, essayant de minimiser son effet, voire de le renier. Ce qui aggrave sa position sachant que le responsable, le vrai, assume et tente d’expliquer sa démarche pour en convaincre ses interlocuteurs, à moins qu’il se sait « coupable » d’une hérésie !
Ces "consultants" étrangers que l’on paye rubis sur ongles
Nous ne dirons pas que notre pays et son élite ont déjà formulé plusieurs plans de développement économique et social, cela tout le monde le sait, mais, il faut savoir que ces « consultants » étrangers que l’on paye, rubis sur ongles, et très cher, avec des « cachets » exorbitants, adoptent une démarche simple : ils nous proposent des solutions toutes faites et déjà expérimentées ailleurs, tout en les maquillant par quelques chiffres ou statistiques locales, et quelques conclusions de « consultants » nationaux utilisés en sous-traitance. Ceci pour la forme ! Sur le fond, accorder la confection d’un plan de développement à une partie étrangère signifie que le gouvernement n’a aucune vision des orientations à donner à l’économie et à la société de ce pays. Sans faire preuve de frilosité intellectuelle ou de rigidité idéologique, il s’agit à l’évidence d’une véritable atteinte à la souveraineté nationale. Mettre à la disposition d’une personne privée étrangère les documents les plus confidentiels de l’Etat, les discuter avec elle, puis et tout simplement suivre ses « conseils », constitue à nos yeux une forme de légèreté dont ne peuvent se prévaloir de hauts responsables de l’Etat. Quant aux fameux « Sukuks » islamiques, défendus becs et ongles par la Secrétaire d’Etat aux Finances nahdhaoui, ils nous serviraient à cueillir 1 milliard de dinars en contrepartie de la cession du Stade olympique de Radès. Car, il faut l’avouer et être clair, il s’agit d’une véritable cession, provisoire si l’on peut se prononcer ainsi, d’un domaine privé de l’Etat qui deviendrait définitive si jamais l’Etat tunisien n’arrive pas à rembourser ces Sukuks au terme de l’échéance des dix années prévues.
On veut nous convaincre qu’il s’agit d’une solution miracle
On veut nous convaincre qu’il s’agit d’une solution miracle qui nous permettrait de bénéficier de liquidités, perdant de vue que l’on est en voie d’hypothéquer les biens du pays, et donc l’avenir de ses enfants. Déjà, la semaine écoulée nous avions appelé et évoqué la nécessité d’un changement pour une meilleure gestion des affaires de l’Etat dans tous les domaines et sur tous les plans. Bien sûr que l’on nous dit que le Chef du gouvernement est un monstre de travail, il passerait une douzaine d’heures, voire davantage à son bureau, de même que les ministres ; mais lorsqu’on ne sait pas ce qu’on est en train de faire et où l’on va avec précision et lucidité, ces « efforts » sont vains, et ne constituent qu’une gestion au jour le jour, sans aucun projet visible et clair, et sans aucune projection dans le futur. Nous ne le répéterons jamais assez. Si on ne met pas en place des orientations économiques courageuses loin des schémas libéraux classiques qui ont appauvri les peuples et affaibli les Etats ailleurs, on ira tout droit à la faillite, à la catastrophe financière et économique et au dénuement social. Car les « projets » que l’on nous prépare, tels le partenariat public-privé ou l’accord de libre-échange avec l’Union européenne mènent tout droit à cette situation. Ce que nous avons vécu cette semaine est un véritable aveu d’impuissance politique et d’incompétence technique de la part de nos gouvernants. Et les partis majoritaires, et leurs patriarches, qui ont pris le peuple en otage, ainsi que les représentants du peuple au sein de l’ARP devraient assumer leur responsabilité historique pour réaliser un sursaut moral et politique, et remettre le pays sur d’autres rails que ceux qui nous conduisent actuellement au harakiri.

L.L.




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