Il est encore temps de sauver la Tunisie...

Il est encore temps de sauver la Tunisie...
Chroniques
print



  En Tunisie, nous parlons beaucoup mais ne faisons rien... Nous assistons, silencieux, à l'effondrement de notre pays et regardons ailleurs, insouciants, poussant le "Carpe diem" latin jusqu'à la cueillette des heures voire des minutes... En Tunisie, nous parlons en silence, nous tournons en rond comme un conclave d'autruches munichoises qui attendant la déflagration... Nous évacuons le réel et fermons les yeux lorsqu'il s'agit des germes qui risquent d'emporter la paix, la concorde qui sont le socle de nos vies...
Des militants fatigués, des intégristes motivés...
En Tunisie, nous parlons beaucoup mais ne faisons rien... Sous une avalanche inédite et inouïe de prix et d'honneurs, nous sommes comme anesthésiés, hébétés, ivres. Et pourtant, aucune action digne de ce nom, digne du Bourguiba auquel nous nous référons en oubliant qu'avant d'être président, il fut un simple militant minoritaire, digne de la Tunisie qui fout le camp sous nos regards coupables et complices par paresse militante... Je le répète, fatigués de Kasbah 1 et 2, du sit in du Bardo et des autres grandes mobilisations, les Tunisiens modernistes sont comme anesthésiés, groggy après les attentats du Bardo et de Sousse qui pourtant les visaient par touristes interposés. Serait-ce le seul temps de l'indignation-caviar ? Serait-ce désormais le seul temps de la gesticulation stérile ?
Une société civile complice par défaut et par excès...
Et, pourtant, sous nos yeux, des intégristes fulminants défient l'Etat sans qu'il y ait de réaction salutaire, de mobilisation de tous ceux qui en ont assez de ces dérives et qui voudraient simplement reprendre le chemin de la croissance. Et pourtant, se défaussant sur l'Etat bien élu, la société civile se contente d'étriper les élus, harcelés, fliqués, culpabilisés et terrorisés par des fourbes dont la mission est de voir midi à quatorze heures pour que les intégristes pour lesquels ils roulent sans le savoir continuent à destructurer la Tunisie. En Tunisie, on parle mais, comme qui dirait, cause toujours, tu m'intéresses...
Indignés professionnels, cheikhs hypocrites et tutti quanti...
On parle pour ne rien dire... Surtout lorsqu'il s'agit de punir tous ces acteurs qui font l'apologie du terrorisme et poussent des jeunes à l'exil guerrier dans des pays en crise profonde... Un imam fou fait la nique à la République alors que la bien-pensance nidaiste s'étripe, des miliciens libyens prennent en otages des Tunisiens - simples travailleurs ou terroristes potentiels ? -, les cheikhs hypocrites d'Ennahdha préparent un enterrement de première classe à la jeunesse tunisienne et tutti quanti... Et pourtant, rien ne bouge, rien ne frémit sinon les indignés professionnels qui exhalent les rancœurs que leur dictent les généreux bailleurs de fonds qui paient leur ire mensongère... Qui se soucie encore des disparus de Remada qui n'ont défrayé la chronique que le temps d'un battement de cœur défaillant ? Qui se soucie des enlevés de Tripoli qui, ce matin, sont simplement venus troubler la sérénité paresseuse de notre week-end ? Qui relève encore les incursions répétées en territoire tunisien, en pleine zone militaire, de Libyens armés présentés comme au bon vieux temps de Abdelwahab Abdallah comme des "chasseurs" égarés ?
Imam intégriste, président de sinistre mémoire et arrogants provisoires...
Takfiristes qui ont pour cible nos jeunes, contrebandiers de tout poil et filières libyennes agissent au grand jour alors que le poids de nos démissions matraque nos reins et risque de faire basculer notre gouvernement, pourtant le premier bien élu depuis la naissance de la République! Rien que de penser que des salauds, au sens sartrien du terme, se réjouissent de nos déboires et qu'ils comptent parmi eux un président provisoire de sinistre mémoire fait mal à ma Tunisie... Rien que de penser qu'un imam intégriste peut déstabiliser un ministre de la République, avec l'aval feutré d'un parti au pouvoir, me fait froid dans le dos... Sera-ce bientôt notre Nuit de cristal sur fond de chemises noires et de bûchers nazillons ? Rien que de voir un autre ministre de la République - arrogant, colon malgré lui et loyal à plusieurs drapeaux et oripeaux nous faire la leçon, malgré ses génuflexions à la gloire du capital international et des banques étrangères - me donne la nausée...
Les mêmes berceuses que Abdelwahab Abdallah...
Rien que de ressentir qu'il y a quelque chose de pourri non pas au Royaume shakespearien du Danemark mais dans mon seul horizon, ma Tunisie, me renseigne et me confirme dans mon statut de citoyen de troisième zone qui peut hurler ses vérités mais n'en restera pas moins otage des camarillas nourries par Doha et ses affidés qui se sont emparées de son pays... Takfiristes, jihadistes, contrebandiers et kidnappeurs à nos frontières et le chœur des médias connivents qui nous sert les mêmes berceuses, les mêmes fadaises, les mêmes silences qu'au temps des fossoyeurs de la Tunisie qui doivent ricaner dans leur exil doré chez les princes du pétrole amer, cupide, hypocrite et assassin. En Tunisie, l'attentisme a trop duré, il est temps de dire non à toutes ces dérives pour affronter les véritables périls et relever le seul défi qui compte, celui du progrès.

H.B.




Commentaires

Vive le Club Africain : Quand le public envoie Slim Riahi à la trappe

Précédent

Sidi Bou Said : A quand une rue Rodolphe d'Erlanger ?

Suivant