Si Jules Ferry un jour revenait...

Si Jules Ferry un jour revenait...
Chroniques
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Des fois, je me demande ce que Jules Ferry dirait s'il venait à renaitre en Tunisie... Durant de longues années, l'avenue principale de Tunis avait porté le nom de ce président français dont la statue trônait au bout de l'artère principale de notre capitale. C'était du temps de la "mission civilisatrice" de la France, l'époque où la Tunisie voyait fleurir les écoles dans ses villes et ses villages. D'ailleurs ne continue-t-on pas en France et ailleurs à évoquer comme une litanie l'école de Jules Ferry... Si Jules Ferry un jour revenait, il apprendrait certainement que Habib Bourguiba avait poursuivi son œuvre, dans un autre esprit et avec tous les moyens dont disposait la toute jeune république tunisienne. Il apprendrait aussi que l'avenue principale de Tunis a été débaptisée et porte désormais le nom de Bourguiba. Et puis, inéluctablement, Ferry apprendrait les soubresauts dans lesquels se débat notre école aujourd'hui. Plus largement, il comprendrait que quelque chose de profond est en train de se passer sous nos cieux car ce n'est pas par hasard que le budget de l'éducation nationale diminue alors que croit celui de la défense nationale. Tel que je crois le connaitre, Jules Ferry demandera qu'on le pince lorsqu'il apprendra qu'à force de bricolages, notre pays a perdu son bilinguisme en cinquante ans, que les instituteurs au lieu de propager la lumière et ancrer la révolution ne se soucient que de corporatisme, que la Tunisie tout entière est engagée dans une drôle de fuite en avant... Si Jules Ferry un jour revenait, il penserait peut-être tout cela de nous, notre école, notre pays. Puis, probablement surpris, il ferait vite de détourner son regard lorsqu'il se rendra compte que dans l'Hexagone, cela ne va pas bien mieux et que son école est en train de foutre le camp. Un rêve égalitaire l'école de Ferry ? Oui je le crois tout comme je suis convaincu, quoiqu'on en dise, que l'école gratuite et performante, c'est bientôt fini... On n'arrête pas la course des siècles ni le féodalisme qui revient!

Hatem Bourial




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