Tunisie : Il faut 94 jours pour obtenir un permis de construire !

Tunisie : Il faut 94 jours pour obtenir un permis de construire !
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Tunis Hebdo | D’après les indicateurs « Doing Business » de la Banque mondiale, il faut 94 jours pour obtenir un permis de construire en Tunisie. Le même rapport indique que 50% des secteurs économiques sont confrontés à des restrictions de tout ordre qui freinent les investissements.
La visite au courant de la semaine dernière de la directrice du FMI, Christine Lagarde, en Tunisie, a constitué le principal événement économique et politique du pays. Outre les entretiens qu’elle a eus avec les hauts responsables de l’Etat, en l’occurrence avec le Président de la République, le Premier ministre et le Président de l’ARP, Mme Lagarde a rencontré la communauté financière, un rendez-vous, très attendu du reste par tous les observateurs. Dans cette rencontre, la directrice du FMI a fait l’état des lieux de l’économie tunisienne et les perspectives de coopération entre l’institution de Bretton Woods et notre pays. Dans ce propos, nous n’allons pas débiter toutes les déclarations données par Christine Lagarde, étant donné qu’elles ont été reproduites largement par la presse nationale et étrangère. Nous ne nous en tiendrons qu’à celles qui nous ont surpris par leur teneur.
"Plus de 70% des exportations tunisiennes sont à destination de l’Europe"
Deux déclarations nous ont, en effet, interpellés : la première est relative à la forte dépendance qu’entretient l’économie tunisienne avec l’Europe : « Plus de 70% des exportations tunisiennes sont à destination de l’Europe et d’après nos analyses, un recul d'un point de la croissance en Europe fait baisser de 0,6 point celle de la Tunisie. C’est loin d’être négligeable », dira Christine Lagarde. La deuxième déclaration qui a suscité, par ailleurs, notre anxiété est relative au climat des affaires en Tunisie. Lisez le propos de Lagarde à ce sujet : « D’après les indicateurs « Doing Business » de la Banque mondiale, il faut 94 jours pour obtenir un permis de construire, et 50% des secteurs économiques font face à des restrictions de tout ordre qui freinent les investissements ». Christine Lagarde ajoute que « Cette réglementation asphyxie le secteur privé, brouille la transparence des règles et entrave les investissements et la création d’emplois ». Pourquoi avons-nous choisi ces deux propos alors que la directrice du FMI a été somme toute positive dans ses discours et n’a pas tari d’éloges à l’égard de la Tunisie et de sa capacité à continuer sur la voie des réformes qu’elle a engagées ? Parce que ces deux aspects de la vie économique sont, justement, symptomatiques des difficultés que traverse durablement l’économie tunisienne et de laquelle elle a du mal à s’extirper.
Dépendance chronique
Commençons d’abord par la dépendance chronique qu’entretient l’économie nationale à l’égard de l’Europe. S’il est vrai que cet état de fait résulte de la position géographique de la Tunisie (proximité de l’Europe), et est également facilité par les moyens logistiques (présence de ports commerciaux des deux côtés de la rive de la Méditerranée) et des accords que nous avons signés le 17 juillet 1995, portant sur la création d’une zone de libre échange durant 12 années avec l’Union européenne, cela ne doit pas cacher, pour autant, notre léthargie à prospecter d’autres marchés prometteurs, comme celui de l’Afrique pour ne citer que celui-ci, ou encore le marché arabe. Or, cette dépendance à l’égard de l’Europe n’est pas sans affecter notre capacité de manœuvre, laquelle impacte notre niveau de croissance. Quand on sait que près de la moitié du PIB tunisien est constituée des importations que nous réalisons exclusivement avec l’Europe, et que ‘’plus de 70% des exportations tunisiennes sont à destination de l’Europe’’, comme l’a fait savoir Christine Lagarde, nous comprenons pourquoi l’économie tunisienne demeure l’otage d’un processus de libéralisation que nous n’avons pas les moyens d’assurer de façon pérenne.
Climat agonisant
Pour ce qui est du climat des affaires en Tunisie, le moins que l’on puisse dire est qu’il est agonisant. Rien qu’à entendre de la bouche de la directrice du FMI qu’‘’il faut 94 jours pour obtenir un permis de construire en Tunisie’’, cela montre à quel point il est difficile d’investir dans nos murs. La faute à une forme de bureaucratie qui s’éternise malgré toutes les promesses qui ont été dites, mais jamais concrétisées, quant à l’allègement des procédures visant à encourager les étrangers à s’implanter en Tunisie… Cela est vrai également pour les résidents tunisiens à l’étranger qui rencontrent les mêmes difficultés quand ils envisagent d’investir dans leur pays d’origine. Si le carcan d’une réglementation complexe continue de peser sur nos entreprises et sur les futurs investisseurs en Tunisie, il nous serait difficile de sortir de l’auberge, même si Mme Lagarde nous donnait tout l’argent qu’elle a dans ses caisses !

Chahir CHAKROUN




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