L’éducateur et la révolution pédagogique

L’éducateur et la révolution pédagogique
National
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Tunis Hebdo | Près du quart de la population tunisienne reprend ce matin le chemin de l’école dans une atmosphère plutôt bon enfant, malgré plusieurs mois d’angoisse et de menaces qui ont failli compromettre cette rentrée comme elles ont compromis la clôture de l’année scolaire précédente. Le syndicat général de l’enseignement primaire est parvenu à «faire plier» le pouvoir et à obtenir, sans faire de concession, l’ensemble de ses revendications, négociées, comme un calcul d’épicier, presque au gramme près ! Loin de nous l’idée de mettre en doute le caractère légitime de ces revendications. Les éducateurs ne sont pas des prophètes, et ils ont droit à une vie matérielle et morale décente, leur permettant d’exercer convenablement leur mission. Ce qu’on leur conteste, c’est la manière forte choisie pour faire plier l’interlocuteur : la grève pure et dure ! Une mesure assimilée dans les pays évolués à un véritable crime, dont la principale victime est des milliers d’enfants à qui on a fait perdre autant d’heures d’apprentissage. Dans ces pays, le temps est le capital le plus précieux. IL ne se mesure plus en termes d’années, de mois ou de semaines, mais en termes d’heures, de minutes et de secondes. Chaque minute perdue retarde d’autant la marche de la nation. Les éducateurs sont les premiers censés le savoir. Et l’inculquer à leurs jeunes élèves. Hélas, il n’en est rien chez nous ! L’enseignement tunisien qui a vertigineusement dégringolé, ces dernières années, n’était pourtant pas si mal parti. Pour épouser son époque et être en mesure de répondre aux exigences de l’âge moderne, la Tunisie a fait de l’enseignement la pierre angulaire de sa politique de développement. Un choix stratégique majeur dont le coût est forcément élevé comme l’atteste très clairement l’effort de financement consenti par la communauté nationale. La rapidité des mutations qui se produisent dans le monde à un rythme vertigineux, la prodigieuse révolution technologique qui a comprimé, dans des proportions inégalées, le Temps et l’Espace, la mutation de la planète Terre en un village global ont placé l’école au premier rang des préoccupations et des enjeux, et l’ont investie de nouvelles missions spécifiques. Le rôle classique, dans lequel elle s’est longtemps confinée, perd, chaque jour, du terrain et se voit acculé à se recycler constamment, selon les exigences de l’époque. L’institution éducative est, désormais, tenue, plus qu’à aucun autre moment auparavant, de promouvoir en l’homme tunisien l’esprit du temps, suivant les mutations mondiales auxquelles nous sommes condamnées à adhérer. Ainsi conçu, l’enseignement devient un outil performant et un instrument de lutte pour la survie. Au bourrage de crâne d’antan, à la culture de mémorisation, à tous les systèmes surannés doit succéder une autre culture : celle de l’esprit scientifique, critique et vivace. L’explosion vertigineuse de la connaissance et du savoir dans tous les domaines impose, aujourd’hui, la concentration des efforts sur l’essentiel plutôt que de continuer à verser dans les méthodes didactiques dont la portée fonctionnelle et pratique se rétrécit, de plus en plus, comme peau de chagrin. Cela exige une réforme en profondeur du secteur, qui soit au diapason de ces mutations. Encore faudra-t-il que tout le monde s’y mette et synchronise ses efforts pour vaincre certaines pesanteurs qui entravent l’élan de notre enseignement. Celles-ci résident surtout au niveau de la formation des formateurs, c’est-à-dire des éducateurs, eux-mêmes, lesquels semblent éprouver de grandes difficultés à suivre le rythme. La formation continue est le maître-mot de cette révolution pédagogique qui mène et bouleverse le monde. Elle représente la condition sine qua non de toute réussite. Dans un monde en perpétuel changement, où les innovations techniques enregistrent, à chaque instant, de remarquables conquêtes, les formateurs sont les plus concernés à suivre le mouvement, à vivre à l’heure réelle la mutation planétaire. Le dicton qui dit «Qui n’avance pas recule» souligne cette exigence de lucidité. Doit-on le rappeler aux éducateurs ?

T.S.




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