Tunisie : Rétablir la confiance !

Tunisie : Rétablir la confiance !
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Tunis-Hebdo | La réunion d’aujourd’hui, convoquée par le Président de la République et à laquelle assistent les premiers responsables des institutions constitutionnelles, le Parlement et le Gouvernement, outre les deux syndicats nationaux, celui des travailleurs et des patrons, pourrait être déterminante quant à la nature de la rentrée politique et sociale. Certes, d’autres acteurs de la scène politique seront absents, notamment les partis politiques, ce qui pourrait réduire son efficience, mais elle pourrait avoir un formidable retentissement moral sur l’ensemble de l’opinion publique. Elle pourrait, en cas de consensus entre les différentes parties, engendrer une forme d’apaisement et drainer un vent d’optimisme à même de rendre quelque peu le sourire à des citoyens confrontés à une succession « d’obligations » qui grèvent sérieusement, pour la plupart d’entre eux, leurs minces budgets. Mais, et comme nous venons de le souligner, cette réunion ne pourrait avoir qu’un impact limité dans la mesure où certains partis politiques, aujourd’hui dans l’opposition parlementaire ou en dehors, semblent vouloir faire monter les enchères le plus haut et le plus loin possible pour empêcher l’adoption du fameux projet de loi sur la réconciliation économique et financière proposée par la Présidence de la République. Il faut dire que certains partis politiques, notamment ceux qui se sont désintégrés après leur terrible échec électoral, tentent de reprendre la main et de refaire surface en menant cette campagne. Ils jouent, en quelque sorte, leur va-tout s’agissant de leur dernière chance d’espérer revenir sur la scène quoique ce jusqu’au-boutisme ne leur sied plus et risque, au contraire, de les enterrer de manière définitive. Il convient de revenir sur la signification et l’objectif de ce projet. Tout d’abord, il faut s’entendre sur les manières de manifester son opposition à un quelconque phénomène dans un régime qui se veut démocratique. En premier lieu, cette opposition doit être pacifique et respectueuse de la légalité. Autrement dit, les manifestations de rue ou les réunions doivent obéir aux règles qui les organisent. Ensuite, et en second lieu, leur traitement doit aussi être soumis aux règles légales pour éviter les comportements violents de la part surtout des forces de l’ordre qui doivent faire preuve de retenue même si nous vivons actuellement sous le régime de l’état d’urgence. Il s’agit, donc, pour toutes les parties, de demeurer lucides et vigilantes pour éviter tout pourrissement de la situation qui ne peut faire l’affaire que des extrémistes. La contestation d’un tel projet de loi peut être tout autant importante et décisive d’abord au sein de l’enceinte parlementaire où les groupes de l’opposition pourraient profiter de cette tribune pour exprimer leur opinion et faire des propositions de nature à apporter une sensible amélioration à un texte, par ailleurs, renfermant plusieurs limites et incohérences. Ensuite, il est possible d’exercer une forte pression sur les députés de la nation afin qu’ils rendent ce texte conforme aux espérances et de nature à assurer la justice tant souhaitée afin de tourner cette page noire de l’histoire de la Tunisie sans violence, sans haine, sans esprit de vengeance, et en toute sérénité et lucidité. Il faut absolument éviter que ce projet empoisonne la vie politique dans le pays. Le principe de la réconciliation économique et financière est probablement bon et positif, mais sa concrétisation doit être peaufinée pour répondre aux normes de la réalisation d’une véritable justice. Reste que d’autres nuages menacent sérieusement le ciel tunisien avec ces déclarations « explosives » des différents corps d’enseignement qui inquiètent au plus haut point de voir la rentrée scolaire boudée par les enseignants du primaire et du secondaire. Si le syndicat des enseignants du primaire ont annoncé depuis longtemps leur ferme détermination de boycotter la rentrée, le syndicat du secondaire avertit qu’il allait assurer la rentrée le 14 septembre mais qu’il allait se mettre en grève dès le lendemain. La commission administrative des enseignants du secondaire justifie sa position par le non-respect par le ministère de ses engagements antérieurs avec le syndicat. Autrement dit, les accords signés entre les deux parties n’ont pas été encore exécutés. Il nous semble que les deux parties peuvent se réunir autour d’une table pour connaître les raisons de cette carence. S’agit-il d’une volte-face du gouvernement ou, comme l’a souligné le ministre de l’Education, Néji Jelloul, d’une simple question technique liée à la non-parution desdits accords au Journal Officiel ? Il faut savoir que l’exécution de ce genre d’accord dépend de leur publication au JORT. En fait, cet avertissement du syndicat montre que la confiance ne règne pas entre les différents acteurs sociaux et politiques alors qu’il s’agit d’une condition fondamentale, nécessaire et obligatoire pour mettre les jalons d’une nouvelle plate-forme pour la réussite d’un dialogue social serein et dénué d’antagonismes et de tensions. C’est justement de cette confiance que toutes les composantes du peuple a le plus besoin aujourd’hui. Actuellement, le peuple tunisien a perdu, en quelque sorte, la foi parce qu’il n’arrive plus à (re)trouver cette fiabilité et cette sûreté dans les institutions, dans la classe politique, dans les partis politiques ou dans les syndicats. Rétablir cette confiance, c’est rétablir l’espoir de voir les difficultés surmontées, et mettre les bases et les fondements d’un nouveau départ pour un pays en panne depuis plusieurs années !

L.L.




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