Que risque l’économie tunisienne en cas de récession ?

Que risque l’économie tunisienne en cas de récession ?
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Tunis-Hebdo | Avec une baisse de 0,7% du PIB au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent, lui-même en repli de 0,2%, l’économie tunisienne est entrée, désormais, en récession technique. La récession technique est la résultante d’une croissance négative pendant deux trimestres de suite. C’est, désormais, la conjoncture dans la laquelle se trouve actuellement l’économie nationale. Trahie par une baisse substantielle de l’activité de phosphate dans le bassin minier, qui était, jadis, un des fleurons de l’industrie tunisienne, l’économie n’a pas réussi à tenir le choc. Quand on connaît, par ailleurs, le gouffre dans lequel s’est glissé le tourisme (secteur qui représentait en 2014, 7% du PIB, 12% de l’emploi et 9% des recettes en devises) depuis l’attentat de Sousse, on comprend pourquoi le danger qui nous guettait, hier, est, devenu, aujourd’hui, bien réel. Amputée de ces deux secteurs clé, l’économie tunisienne s’est installée logiquement dans une phase de récession technique dont les conséquences pourraient être douloureuses, car impactant négativement nos équilibres financiers, notamment le déficit budgétaire ou encore celui de la balance courante. Un creusement du déficit budgétaire (il est actuellement de 5%) n’est pas sans donner, en effet, des frissons à l’Etat. Comment le financer ? Dans quelles sources va-t-il puiser ? Localement, l’alternative n’est pas possible car les ressources fiscales ont pâti de la baisse des activités de tous les secteurs pratiquement, excepté celui de l’agriculture. Recourir au financement extérieur pose le problème de la soutenabilité de la dette qui est actuellement de l’ordre de 54% du PIB. Et même si l’Etat se décide d’actionner cette issue, la voie n’est pas, pour autant, balisée. Quand on connaît la pression négative qui pèse sur la note souveraine « BB- » de la Tunisie, ça ne sera pas facile de se procurer de l’argent sur le marché extérieur. Et si cela devenait inévitable, ça sera fait à des conditions de crédit bien douloureuses, ce qui rendrait encore plus difficiles nos chances de solvabilité… L’autre conséquence qui découlerait d’une phase de récession, c’est l’aggravation du taux de chômage. Etabli actuellement à 15%, le chômage risque de se creuser davantage avec les 90.000 nouveaux postulants qui se présentent en moyenne chaque année sur le marché du travail. Cela sans compter avec le risque de destruction de postes d’emplois déjà établis. Dans une phase de récession, beaucoup d’hommes d’affaires et investisseurs installés dans nos murs seraient, en effet, tentés de mettre les clés sous le paillasson. Avec toutes les conséquences que cela peut entraîner sur la paix sociale. Il y va de même pour les salariés. Le risque extrême que l’Etat soit un jour dans l’incapacité de payer ses employés, même s’il n’est pas imminent, reste toujours réel. Si cela adviendra, alors bonjour les dégâts. L’économie tunisienne est, en effet, plus que jamais dans de beaux draps. Comment sortir de l’auberge ? A notre sens, le secteur privé est le seul dans l’état actuel des choses qui peut nous montrer la voie du salut. Ce n’est pas vrai que l’argent n’existe pas. Au contraire, l’argent existe en abondance mais il est, malheureusement, mal exploité. Soit parce qu’une partie est bloquée, donc elle fuit le circuit économique, soit parce qu’il est "investi" dans l’économie informelle. Et dans les deux cas, il ne sert qu’aux gens qui soutiennent ce statu quo. Or maintenir le statu quo, c’est nous précipiter inéluctablement dans le KO.

C.C.




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