Que pensent les Tunisiens d’une retraite à 62 ans ?

Que pensent les Tunisiens d’une retraite à 62 ans ?
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TUNIS HEBDO | Face au déficit des caisses sociales, l’Etat a proposé le recul de l’âge de la retraite à 62 ans. Une initiative qui ne laisse pas indifférents nos concitoyens.
Mounir L. (54 ans) : «Très mauvaise idée»
Incontestablement, le recul de l’âge de la retraite est une très mauvaise idée. Je suis à 100% contre. Personnellement, j’ai passé environ une trentaine d’années dans l’administration. Je n’ai fait que mon devoir, certes, mais j’estime qu’il est venu le temps de me reposer. Aujourd’hui, j’ai 54 ans et je voudrais profiter un peu de ma famille, de mes enfants qui sont devenus adultes. Sinon, j’ai déjà déposé une demande pour profiter d’une retraite anticipée. Je ne me vois pas travailler six ans supplémentaires. Que dire alors d’un éventuel recul de l’âge de la retraite ? Sincèrement, je n’ai plus rien à donner.
Lamia Jallouli (29 ans) : «Et les 800.000 chômeurs, alors ?»
Les personnes qui ont avancé cette initiative sont-elles vraiment sérieuses ? Et pourquoi pas une retraite à l’âge de 80 ans pendant qu’on y est ? La Tunisie compte aujourd’hui plus de 800.000 chômeurs. Comment ose-t-on parler d’un recul de l’âge de la retraite dans de telles circonstances ? Est-ce qu’on est conscients qu’une telle décision peut provoquer la colère des centaines de milliers de demandeurs d’emploi ? Est-ce qu’on a vite oublié que l’une des revendications de la Révolution est l’emploi ? Personnellement, je suis encore à la recherche d’un emploi et je ne suis pas prête d’en trouver si les Séniors ne nous cèdent pas leurs places.
Ahmed Badra (79 ans) : «Aucun avis»
Je ne sais pas vraiment quoi dire. Je préfère rester neutre. Je ne peux pas dire si cette décision est positive ou pas. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a des cadres qualifiés au sein de l’administration tunisienne et que ces derniers savent ce qu’ils font. S’ils estiment qu’il faut reculer l’âge de la retraite, alors je leur fait confiance. De toute façon, je n’ai pas d’autres alternatives.
Amina S. (45 ans) : «A-t-on pensé à la productivité ?»
C’est la blague de l’année ! Imaginez un fonctionnaire tunisien âgé de 62 ans ! Quel rendement peut-on attendre de lui ? Déjà que la plupart des cinquantenaires (heureusement pas tous) passent leurs temps à lire les journaux, à remplir les bulletins de Promosport, etc. Pour un soixantenaire, je n’ose pas imaginer. L’autre fois, j’ai entendu à la radio que, selon une étude, le temps de travail des fonctionnaires tunisiens ne dépasse pas 8 minutes par jour… Si on recule l’âge de la retraite à 62 ans, le temps effectif du travail passera à moins de huit minutes.
Sami Dekhili (42 ans) : «Négative pour les chômeurs, mais…»
Je sais très bien que la plupart des jeunes demandeurs d’emploi sont contre cette éventuelle réforme, vu qu’elle réduira davantage leurs chances de trouver un travail. En effet, plus les fonctionnaires resteront en place dans leurs administrations, plus les demandeurs d’emploi attenderont leur tour. Mais, il ne faut pas se focaliser sur ça. Je conseille à ces jeunes de lancer leurs propres projets, aussi petits soient-ils, et ne pas attendre qu’on leur donne de l’emploi. L’Etat a montré ses limites.
Najet M. (37 ans) : «La solution idéale pour résorber le déficit des caisses sociales !»
Je suis absolument en faveur du recul de l’âge de la retraite. Aujourd’hui, la CNSS et la CNRPS sont en crise. Le Chef du gouvernement a fait, lui-même, savoir que le déficit de ces caisses a atteint 400 millions de dinars et qu’il pourrait atteindre 700 millions de dinars fin 2015. De ce fait, je pense que c’est tout à fait légitime que l’Etat fasse une réaction. Le recul de l’âge de la retraite pourrait être la meilleure solution. Figurez-vous qu’en Belgique, par exemple, l’âge légal de la retraite passera à 66 ans en 2025 puis à 67 ans en 2030 !

S.M.




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