Des experts de l’ONU appellent à des mesures urgentes pour arrêter le flux de combattants étrangers de Tunisie

Des experts de l’ONU appellent à des mesures urgentes pour arrêter le flux de combattants étrangers de Tunisie
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Une délégation du groupe de travail composé par des experts des Nations Unies sur l'utilisation des mercenaires s'est rendu en Tunisie du 1er au 8 juillet pour recueillir des informations sur les activités de combattants étrangers dans le pays. Après cette collecte des informations, le groupe a averti aujourd'hui que des réseaux complexes de recrutement et de voyage ont enrôlé des milliers de tunisiens, hommes et femmes ainsi que des familles entières pour participer aux combats en Syrie et en Irak. La plupart des combattants auraient rejoint les groupes "takfiri" et d'autres groupes extrémistes à l'étranger.
4000 Tunisiens en Syrie, entre 1000 et 1500 en Libye
L'experte des droits de l'homme au sein de ce groupe, Mme Elzbieta Karska, a déclaré que "le nombre de combattants étrangers tunisiens est l'un des plus élevés parmi ceux qui voyagent pour rejoindre les conflits à l'étranger tels qu’en Syrie et en Irak", précisant qu'environ 4000 Tunisiens ont rejoint la Syrie depuis 2011 et qu'entre 1000 et 1500 sont en Libye. Il existe également 200 Tunisiens en Irak, 60 au Mali et 50 au Yémen, ajoutant qu'il y a 625 Tunisiens qui sont rentrés d'Irak et qui sont poursuivis en justice. Rafik Chelli, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, en charge de la sûreté, a révélé, lundi 20 avril, lors d’une conférence de presse, que le nombre de Tunisiens ayant rejoint les groupes terroristes en Syrie et en Irak se situe entre 2800 et 3000 personnes rajoutant que les autorités ont réussi à empêcher environ 12.000 jeunes en partance pour la Libye et la Syrie et que  500 djihadistes tunisiens de Daech revenus en Tunisie ont été traduits devant la justice.
Les recruteurs payés entre 3000 et 10.000 $ selon les qualifications de la recrue
Un vaste réseau serait derrière le recrutement des combattants et leur départ vers les zones de conflit à l'instar de la Syrie et de la Libye. La difficulté de contrôler les frontières ainsi que les zones dans lesquelles existent la traite des personnes et la contrebande ont facilité la tâche des recruteurs. Selon Elzbieta Karkska, "les recruteurs dans ces réseaux sont bien payés, un chiffre donné est de l’ordre de US$ 3000 à US$ 10000  par nouvelle recrue, selon les qualifications de la personne". 
L'instabilité en Libye facteur clé au départ des combattants Tunisiens
La situation sécuritaire en Libye et l'instabilité qui règne depuis la chute de Kadhafi en 2011 seraient les facteurs clés de l'augmentation du nombre de combattants tunisiens dont la tranche d'age varie entre 18 et 35 ans et qui sont motivés par les idéologies religieuses, les gains financiers, les conditions économiques et sociales ainsi que le fait d'avoir un but et un sentiment d'appartenance. Des femmes seraient également parties rejoindre leurs maris ou partenaires affirme l'experte du groupe de travail, et que des familles entières se déplacent incessamment vers les zones de conflit.

[quote_box_center]"On nous a raconté à plusieurs reprises que de nombreux combattants étrangers suivent un entrainement en Libye avant d'aller en Syrie et que l'instabilité en Libye a facilité de nombreuses activités de soutien expliquant la croissance du nombre de combattants étrangers, leur entrainement et leur voyage. La résolution du conflit et la solution politique en Libye seraient donc très favorables aux efforts antiterroristes de la Tunisie."[/quote_box_center]

Les auteurs de l'attaque du Bardo en mars dernier ainsi que l'auteur de l'attaque de Sousse le 26 juin dernier se seraient entraînés en Libye avant de commettre leurs crimes. Selon un responsable tunisien, Seifeddine Rezgui, auteur de l'attaque de Sousse, était en contact avec des terroristes en Libye et s’est probablement entraîné dans un camp libyen. Suite à cette attaque le ministère de l'Intérieur tunisien a lancé de nombreux avis de recherche. Deux personnes recherchées sont soupçonnées de s’être entraînées en Libye avec les auteurs de l’attaque du Bardo, en mars, et avec Seifeddine Rezgui, l’auteur de l’attaque de Sousse.
Appel au gouvernement tunisien d'adopter un plan stratégique
Le groupe de travail des Nations Unies qui a passé 8 jours en Tunisie a tenu des réunions à Tunis et à Monastir, visitant également la prison de la Mornaguia et rencontrant de nombreux responsables tunisiens et des familles ayant des membres qui ont rejoint les zones de conflits à l'étranger.

[quote_box_center]"Un plan stratégique national doit donc répondre à la diversité des profils et des méthodes de recrutement et avoir des effets immédiats, à moyen et long terme, tout en veillant à l’équilibre entre les mesures punitives et sociales et s’assurant de l’adoption des standards internationaux des droits de l'homme et de tous ses éléments", a déclaré l’experte Elzbieta Karska.[/quote_box_center]

Intervenant jeudi 9 juillet à l'ARP, le chef du gouvernement Habib Essid a déclaré que le gouvernement attend encore la loi anti-terroriste dont l'assemblée s'est engagée à l'adopter avant le 25 Juillet. Des restrictions de voyage jugées "arbitraires" ont été imposées aux Tunisiens de moins de 35 ans suite à l'attaque terroriste de Sousse. Une décision dénoncée par l’organisation Human Rights Watch. Par ailleurs le gouvernement a annoncé la construction d’un mur à la frontière libyenne pour prévenir une éventuelle infiltration de jihadistes dans son territoire. Un rapport complet sur la visite du groupe de travail sur sa visite en Tunisie sera présenté au Conseil des Droits de l'Homme en 2016. Le premier rapport sur la question des combattants étrangers sera quant à lui présenté plus tard cette année à l'Assemblée générale des Nations Unies.



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