Et s’ils étaient morts ?

Et s’ils étaient morts ?
National
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Les dix employés du consulat tunisien à Tripoli sont rentrés sains et saufs au pays. Je trouve ça beau. Beaucoup pensent que ce n’était pas bien de céder au chantage, qu’on allait encourager les kidnappings (c’est vrai qu’ils se gênaient !) et qu’il aurait fallu gérer les choses autrement. A ceux-là, je pose une question, une seule. Et s’ils étaient morts ? Et si ces dix Tunisiens avaient été exécutés ? On aurait fait quoi ? On aurait décrété une journée nationale de deuil. On aurait traité l’Etat d’incapable parce qu’il aurait laissé mourir ses citoyens. On se serait indigné, un peu. Puis on serait passé à autre chose. Parce que la vie continue. Sauf qu’elle n’aurait pas continué pour leurs familles. Elle se serait brutalement arrêtée comme elle s’est arrêtée pour les familles de Sofien Chourabi et Nadhir Ketari. Si quelqu’un que j’aime était kidnappé, je n’en aurais rien à faire de céder au chantage. Je n’en aurai rien à faire de la politique, des enjeux économiques et de faire le jeu des terroristes. Si quelqu’un que j’aime avait une arme pointée sur lui juste parce qu’il est tunisien, je voudrais qu’il rentre sain et sauf parmi les siens. Je ne comprends rien à la politique, c’est sûr. Mais je comprends la douleur, la peur, l’espoir et la mort. Je comprends la douleur qui te déchire le ventre quand quelqu’un que tu aimes meurt par la volonté d’un autre être humain, simplement parce qu’il l’a décidé. Et si pour ramener chaque tunisien menacé il fallait céder au chantage, je céderais encore et encore. Pour ne plus jamais entendre une mère hurler le nom de son fils devant les marches du théâtre municipal. Son fils, ce tunisien tué en Libye à cause d’enjeux politiques.



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