Tunisie : Se remettre au travail !

Tunisie : Se remettre au travail !
National
print



Ceux qui s’attendaient à un discours "flamboyant" du Chef du gouvernement à l’occasion des «cent premiers jours» de son investiture ont dû probablement déchanter, Habib Essid s’étant montré plutôt sobre dans son intervention, semblant mieux maîtriser ses dossiers et plus convaincus de ses opinions. Ce discours a été un véritable diagnostic de la situation qui prévaut actuellement dans notre pays. Sur ce plan, le Chef du gouvernement ne l’a pas décrit autrement que les nombreux observateurs de la scène politique, autrement dit, le Chef du gouvernement a relevé essentiellement la délicatesse de la conjoncture sur le plan économique et social notamment, tout en relevant que sur le plan sécuritaire et dans la lutte contre le terrorisme, les pouvoirs publics semblent être sur la bonne voie soulignant que la vigilance doit être toujours de mise. Il n’en demeure pas moins que Habib Essid n’a pas formulé des propositions à même de nous permettre de voir le bout du tunnel. Sur ce plan, le discours a été bien maigre à l’exception, peut-être, de la volonté de l’équipe gouvernementale d’élaborer des réformes qui prennent essentiellement en considération les réalités tunisiennes, et non en adoptant des réformes qui pourraient nous être imposées de l’extérieur, par exemple des principaux bailleurs de fonds. C’est cette idée et cette orientation qui méritent d’être approfondies par toutes les parties prenantes, les institutions étatiques, politiques et administratives, les partis politiques, les syndicats et l’ensemble de la société civile afin de parvenir à cristalliser les contours de la politique de développement. Il nous faut un modèle qui correspond à la conjoncture tunisienne pour pouvoir construire une démocratie ayant une double dimension, politique et sociale, les deux aspects étant intimement liés ! Car les choix "douloureux" que les ultra-libéraux veulent imposer au peuple tunisien risquent d’avoir un impact extrêmement négatif sur la stabilité politique et d’entraîner une explosion sociale du pays. C’est pour cela que l’implication de toutes les forces politiques et sociales dans ces choix constitue un élément mobilisateur pouvant cimenter le front intérieur face aux multiples défis et aux nombreux périls qui nous menacent. Outre cette "unanimité", par ailleurs très difficile à atteindre en raison des grandes différences idéologiques entre les divers camps, mais qui doivent être surmontées par le biais de compromis acceptables, il convient de s’appuyer sur un Etat qui doit retrouver son aura et son prestige. Cela ne signifie point qu’il doit redevenir autoritaire, mais plus simplement soucieux d’appliquer la loi à tous les citoyens, quelles que soient leurs positions sociales ou économiques, d’une manière égale. C’est ainsi que l’Etat peut recouvrer sa place. Mais et sur ce plan, il faut dire que les différents mouvements sociaux traduisent la preuve du refus de certaines forces politiques de participer à cet effort. Ceux qui sont en train de manipuler l’opinion publique, les jeunes, notamment dans le sud du pays ou dans les autres régions défavorisées, semblent avoir déjà voté pour l’anarchie mettant en grand danger l’ensemble du pays alors que les nouvelles provenant de nos frontières du sud ne sont guère rassurantes. Et ces forces « occultes » poursuivent leur œuvre de harcèlement des autorités comme l’attaque du poste de la garde nationale à Kebili qui a été incendié par des "inconnus". Ces actes criminels doivent être traqués par les autorités concernées et leurs auteurs condamnés par la justice, car on ne peut éternellement vivre cette situation anarchique et encourager ce sentiment d’impunité qui semble s’être installé dans certains esprits bornés et échaudés par les zélateurs. Les corporations qui continuent aussi de vouloir obtenir la satisfaction de leurs revendications par tous les moyens, y compris les plus extrêmes, sont aussi concernées. Leurs dirigeants seraient bien inspirés de décréter une sorte de trêve en reportant leurs doléances de quelques mois, le temps de permettre au pays de retrouver une meilleure santé économique et un meilleur équilibre financier. C’est dire que pour voir le bout du tunnel, le gouvernement doit clarifier et baliser le chemin de la reconstruction afin de redonner de l’espoir à tous les Tunisiens pour qu’ils puissent se remettre au travail et édifier leur avenir sur d’autres fondements plus sains et plus justes.

L.L.




André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : Arrestation d’un deuxième terroriste

Suivant