Ghriba de Djerba : Un pèlerinage n'est pas un show !

Ghriba de Djerba : Un pèlerinage n'est pas un show !
National
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Par Hatem BOURIAL C'est aujourd'hui que commence le pèlerinage de la Ghriba à Djerba. Selon les sources, il y aurait de trois cents à deux mille participants, en majorité des juifs djerbiens mais aussi des fidèles venus d'ailleurs en Tunisie et également de France. L'effervescence médiatique des derniers jours, l'empressement de plusieurs politiciens ainsi que les exécrables surenchères venues d'ailleurs tendent à entourer ce pèlerinage d'une attention inaccoutumée en d'autres temps. En fait, tout se passe comme si l'on réduisait ce pèlerinage à un show touristique ou qu'on le chargeait d'une dimension politique. Du sommet de l'Etat aux autorités régionales, il est vrai qu'on a fait tous les efforts pour le "succès" (sic) de ce pèlerinage. Ce faisant, c'est la dimension religieuse de cet événement qu'on évacue, en le limitant à ses répercussions potentielles sur la saison touristique. Alors que des fidèles se soucient de célébration, nous semblons n'avoir d'yeux que pour le feed back sur notre tourisme. D'ailleurs, nous faisons la même erreur lorsqu'il s'agit des terribles attentats du Bardo. Au lieu de les considérer dans leur essence, nous avons fini par les réduire à une entrave pour la réussite de la saison touristique en cours. Cette démarche est fautive moralement. Elle en dit long sur notre éthique défaillante et sur notre capacité à endiguer le terrorisme par un véritable sursaut national. Pour le pèlerinage de la Ghriba, la dimension festive est en train de prendre le pas sur le nécessaire respect aux pèlerins alors que l'impact sur le tourisme de la réussite de ce pèlerinage est devenu le seul souci proclamé des pouvoirs publics et de la sphère médiatique. La procession de ce mercredi 6 mai suivra comme chaque année la Menara, ses mousselines et ses foulards qui seront mis ensuite aux enchères. La fête commencera alors dans la cour de l'oukala de la Ghriba, avec probablement quelques discours d'officiels. Dans la foule joyeuse des pèlerins, nombreux toutefois seront celles et ceux venus comme pour un spectacle, leurrés par la dimension touristique qui surcharge ce pèlerinage. A ces derniers est-il utile de rappeler le caractère cultuel de cette "hiloula" qui célèbre Rabbi Meier ba el Hanes et Rabbi Shimon bar Yohai ? Serait-il utile de souligner que cette procession intervient sur fond de lectures du Zohar qui ont ponctué les jours précédents ? Devrions-nous également insister sur l'identité clairement religieuse de l'événement qui commémore le Lag Be Omer, 33ème jour après Pessah, mettant fin à une période de deuil et ouvrant un nouveau cycle ? Cette dimension religieuse et son corollaire, le respect ne doivent en aucun cas être évacués. Qu'il y ait empressement de la part des autorités ne reflète que le sens du devoir, mais que l'on assimile un pèlerinage à un spectacle touristique est troublant. Enfin qu'on affirme que le succès de ce pèlerinage décidera de la saison touristique revient à aller vite en besogne et charger une manifestation religieuse d'enjeux qui ne la concernent pas au premier chef. Bienvenue à tous les pèlerins et puisse le mérite des deux rabbins qui seront célébrés nous assurer fraternité et protection. Bonne hiloula à toutes et à tous et "ziara makboula".



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