A Tunis, les cafés, restaurants et bars à plein régime malgré la grève

A Tunis, les cafés, restaurants et bars à plein régime malgré la grève
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Les « accrocs » à la caféine, à la bouffe ou à la bière se préparaient à la diète, ce mercredi 25 février en raison de la grève des garçons de cafés et serveurs à travers toute la Tunisie et ce, suite à l’appel de l’UGTT. Cette grève devait avoir lieu aujourd'hui pour revendiquer une augmentation salariale de 6% en faveur des employés du secteur. Cependant, les amateurs de cafés ont constaté ce matin que tous les établissements du centre-ville de Tunis sont ouverts, et travaillent comme à leur habitude. Les cafés sont toujours aussi bondés et toujours aussi enfumés, au passage. « De quelle grève parlez-vous ? Je ne suis pas au courant et même si je l’étais je ne pourrais me le permettre », nous lance Mehdi Jendoubi, 35 ans, serveur depuis 15 ans à Tunis. « Si cette grève concerne une éventuelle augmentation de nos salaires, je n’y crois pas trop. Je suis augmenté quand mon patron le décide », poursuit-il. Même son de cloche chez Noureddine Abbes, 22 ans, garçon de café qui touche 420 dinars par mois, dans un café prestigieux de l’avenue Bourguiba, qui affirme être au courant de cette grève mais ne pas avoir le courage de la suivre sous peine de licenciement. [quote_box_center] Mes collègues ont décidé de travailler, alors je ne peux pas aller à l’encontre de cette décision, donc je travaille… Sinon c’est la porte[/quote_box_center] Jamel Essefi affirme, lui aussi, être au courant de cette grève qu’il ne suit pas ! « On veut la régularisation de notre situation ».
Grève = 1 journée de salaire perdue
Dalila Kefi, 32 ans, ne croit pas à cette grève. Elle travaille tous les jours de 06h00 à 19h00 avec trois heures de pause en milieu de journée. [quote_box_center]Ce genre de grève ne me concerne pas. S’il doit y avoir une augmentation, c’est tant mieux, mais pour l’heure, je ne peux pas me permettre de m’arrêter de travailler. Faire grève c’est une journée de salaire perdue et les pourboires en plus… Et ça je ne peux pas me le permettre avec un salaire de 390 dinars.[/quote_box_center]Son collègue Ridha Sassi, père de deux enfants, est sur la même longueur d’ondes qu’elle. Il affirme être au courant de cette grève qui est en rapport avec une augmentation de salaires. « Je ne peux pas faire grève, mon patron ne l’accepterait pas et sauterait sur l’occasion pour me virer ». Sofiene Ben Zeineb est, quant à lui, plus nuancé. « Je ne fais pas grève parce que mon patron a toujours réévalué mon salaire quand l’augmentation devient officielle. Il nous a déjà versé la moitié des augmentations de 6% prévues et nous a promis de nous verser l’autre moitié lorsque la décision sera publiée dans le Journal Officiel (JORT).
Blocage
Un accord a été conclu entre l’UTICA et l’UGTT pour une augmentation de 6% des salaires et 10 dinars de prime de transport des employés des cafés, restaurants et bars tunisiens. Or, la Chambre syndicale nationale des cafés de catégorie 1, 2 et 3 relevant de l’UTICA, n’a pas appliqué cet accord parce qu’elle refuse de signer le contrat d’amendement de la convention collective sur la nouvelle grille des salaires des travailleurs exerçant dans ce secteur. Selon  Habib Rejeb, secrétaire général de la Fédération générale des industries alimentaires, du tourisme, du commerce et de l’artisanat, ce genre d’accord existe depuis 1975, nous a-t-il affirmé mais que depuis 2011 la Chambre syndicale nationale des cafés de catégorie 1, 2 et 3 tente de bloquer l'accord. [quote_box_center]Nous nous sommes réunis à de nombreuses reprises avec la Chambre syndicale nationale des cafés de catégorie 1, 2 et 3, mais ils refusent toujours de signer alors que les employés de cafés n’ont pas eu leur augmentation de 6% depuis 2011. Cette réévaluation des salaires est gelée pour les années 2011, 2012 et 2014, 2013 étant une année blanche en ce qui concerne les augmentations.[/quote_box_center] Habib Rejeb signale que c’est une grève de principe et que la Fédération générale des industries alimentaires, du tourisme, du commerce et de l’artisanat à d’autres moyens pour exprimer les revendications des employés du secteur comme les manifestations, à titre d’exemple. Pourquoi une majorité d’employés n’ont donc pas suivi la grève ? Pour M. Rejeb cela est du aux conditions de travail des salariés. [pull_quote_center]« Beaucoup d’employés ne sont pas en règle, n’ont pas de contrat ni de fiche de paie, travaille à la journée, etc. Il y a également des cafés "familiaux" où tous les membres d’une même famille sont employés »[/pull_quote_center]



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