Première opération chirurgicale sous hypnose et sans anesthésie générale en Tunisie

Première opération chirurgicale sous hypnose et sans anesthésie générale en Tunisie
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SANTÉ | C'est une première en Tunisie : une opération chirurgicale sous hypnose et sans anesthésie générale s'est déroulée mercredi 27 août à l'hôpital Kassab de La Manouba. La patient, qui était volontaire, s'est fait retirer une tumeur à l'abdomen  alors qu'il était hypnotisé par le docteur Sabri Zoghlami, praticien en hypnose et en programmation neurolinguistique et fondateur en mars 2013 de l'École canadienne de formation professionnelle en hypnôse, implantée à Tunis. Dans une vidéo postée sur la page Facebook de l'école, le patient explique, alors qu'il vient de se réveiller, qu'il n'a ressenti aucune douleur, tandis que les chirurgiens témoignent n'avoir constaté aucune différence avec une opération classique sous anesthésie générale. "C'est la chef du service d'anesthésie-réanimation de l'hôpital Kassab, Olfa Kaâbachi, qui m'a contacté pour expérimenter cette technique, et nous l'avons réalisée en collaboration avec le service de chirurgie réparatrice du professeur Lamjed Tarhouni", explique le docteur Sabri Zoghlami. La technique de l'hypnose médicale est déjà pratiquée en Europe L'hypnose en remplacement de l'anesthésie générale lors d'une opération chirurgicale, qu'on appelle également "hypnosédation", est de plus en plus pratiquée dans les hôpitaux européens et américains. En France, l'hypnosédation a été introduite en 1992, et est encadrée par des diplômes, des formations et une charte éthique. À titre d'exemple, l'hôpital Saint-Joseph à Paris réalise 150 opérations sous hypnose par an. L'hypnose peut être réalisée pour plusieurs types d'opérations, plus ou moins importantes, et est même expérimentée actuellement pour la chirurgie du cerveau. "Le patient sous hypnose se retrouve dans ce qu'on appelle un état de conscience modifiée, une transe hypnotique, et c'est moi qui gère cet état pendant toute l'opération, explique le docteur Sabri Zoghlami. La technique fonctionne par suggestions : je suggère des choses au subconscient du patient, et c'est ensuite le subconscient qui prend en charge le patient."
"Dans le cas de l'intervention à l'hôpital Kassab, le patient m'avait raconté une journée qu'il avait particulièrement aimé dans sa vie : il venait d'obtenir son diplôme et est allé célébrer ce jour avec un ami à Tozeur. Je lui ai donc parlé en détails de cette journée à Tozeur pendant l'opération : 'Vous êtes à un café... sous les palmiers... vous commandez un capucin... vous allumez une cigarette...' Le corps du patient était sur la table d'opération, et son esprit à Tozeur !", raconte Sabri Zoghlami.
De la musique est également diffusée pendant l'intervention, comme on peut le voir sur la vidéo diffusée sur Facebook. "La douleur est un signal envoyé par les nerfs au cerveau. Le cerveau est donc capable d'anesthésier une partie du corps", résume le docteur Zoghlami. Des précautions sont pourtant prises en cas d'échec de l'hypnose : tout le matériel nécessaire à une anesthésie générale est installé dans la salle d'opération, "si dans le pire des cas le patient se réveille", asssure le docteur. Moins de risque de complications dues à l'anesthésie générale "Le plus important, c'est que cette technique n'occasionne aucune complication, insiste Sabri Zoghlami. L'anesthésie générale peut avoir des effets mortels chez certaines personnes qui ont par exemple de gros problèmes de reins ou de coeur. Certains ne peuvent même pas se faire opérer à cause des risques pour la santé : donc si on peut parfois remplacer l'anesthésie générale par l'hypnose, pourquoi ne pas le faire ?" Le patient opéré sous hypnose à l'hôpital Kassab, réveillé par un claquement de doigts, "était dans sa chambre, en train de prendre tranquillement son petit-déjeuner, 15 minutes après l'opération", assure le docteur. Passionné par sa spécialité, et convaincu que l'hypnose médicale est "un progrès historique", Sabri Zoghlami raconte s'être heurté à l'hostilité de l'Ordre des médecins en Tunisie. "Ils m'ont presque traité de charlatan !", s'emporte-t-il. En Tunisie, rien n'est encore prévu pour encadrer l'hypnose médicale, mais le docteur Sabri Zoghlami est optimiste. "Je suis allé voir le ministère de la Santé [le ministre de la Santé Mohamed Salah Ben Ammar est lui-même médecin spécialiste en anesthésie-réanimation], et le chef de cabinet du ministre m'a assuré qu'ils allaient y réfléchir", raconte-t-il.



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