Dissolution des LPR : le dossier n’est pas encore clos ! - par Lotfi Larguet

Dissolution des LPR : le dossier n’est pas encore clos ! - par Lotfi Larguet
Tunis-Hebdo
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TRIBUNE - Le tribunal de première instance de Tunis a pris, lundi dernier, une décision importante consistant à dissoudre les «Ligues de Protection de la Révolution» avec effet immédiat. Autrement dit, et malgré l’appel qui serait introduit par les défenseurs de ces ligues, la décision est exécutoire immédiatement, le tribunal ayant, aussi, décidé dans la foulée de désigner un magistrat pour procéder à la liquidation des biens mobiliers et immobiliers de ces ligues. Cette décision, qui a respecté les procédures juridiques prévues par le décret-loi relatif aux associations, a une dimension politique incontestable. A ce propos, il convient de dire que ceci ne signifie pas, pour autant, l’inféodation du pouvoir judicaire aux désidératas du pouvoir exécutif. Car, la décision, en elle-même, s’est appuyée sur les multiples dépassements et infractions à la loi commis par ces ligues. Cette décision judiciaire a une signification politique en ce sens qu’elle met un terme, du moins provisoirement, en attendant la suite des recours et la fin des procédures juridictionnelles prévues par les textes, aux activités d’une association qui s’est trouvée sur le banc des accusés avec la participation avérée de ses membres dans plusieurs incidents violents à l’encontre de la société civile. Leur action punitive contre les manifestants, le 9 avril 2012, et leur attaque odieuse contre le siège de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens, le 4 décembre de la même année, ont été prouvées et démontrées par les enquêtes qui ont été menées dans ce sens, même si la première a été noyée par la commission d’enquête formée par l’ANC à l’époque. Cette décision répond, aussi, à une revendication, non seulement des partis de l’opposition qui accusaient ces ligues d’être le bras armé des Islamistes et plus particulièrement d’Ennahdha au pouvoir à l’époque, mais aussi du quartet du dialogue national qui avait fait de leur dissolution une condition indispensable pour l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques. Car, ces ligues, par ailleurs incriminées directement dans l’assassinat de Lotfi Nagdh, constituaient une véritable menace pour la paix civile en voulant s’ériger comme les défenseurs de «l’orthodoxie révolutionnaire» dont ils se sont drapés pour se réserver l’exclusivité de la défense des «idéaux» de la Révolution, un peu à la manière iranienne. En fait, le danger était donc double. D’abord, ces fameuses ligues pouvaient mettre en péril tout le processus transitionnel en instaurant une forme de terrorisme à l’encontre des partis politiques dont elles attaquaient les membres et les symboles. L’usage de la violence était leur seule arme ! De plus, elles pouvaient supplanter les forces de sécurité de l’Etat qui possède normalement le monopole de la violence, en instaurant une force qui prendrait petit à petit la place de la Police et se substituerait à elle. Autrement dit, elles se préparaient à fonder une véritable police parallèle, par ailleurs favorisée, à l’époque, par la permissivité des autorités chargées de la sécurité. Maintenant, il s’agit aussi de mettre un terme définitif aux activités illégales de ces ligues. Si le Chef du gouvernement a clairement affirmé lors de l’une de ses interventions médiatiques que la Révolution a un Etat et des institutions qui la protègent, il n’en reste pas moins qu’il faut prévoir les moyens adéquats, légaux et concrets pour annihiler toute forme de nuisance sur la vie publique et politique du pays que pourrait encore produire ces ligues et leurs membres. Quelle sera, désormais, l’attitude des Islamistes à la suite de cette décision de dissolution ? Là, on n’en sait rien encore dans la mesure où les seules réactions sont venues des partis démocratiques ou de la Centrale syndicale ! Dans le cas où Ennahdha approuve cette dissolution, cela signifierait qu’elle a lâché, du moins dans la période actuelle, ces ligues, mais dans le cas contraire, cela pourrait annoncer d’autres crises politiques qui pourraient avoir de graves répercussions sur la situation générale du pays dans un contexte marqué par la recrudescence du terrorisme. Le dossier de ces ligues ne nous semble pas encore définitivement enterré avec cette décision de justice…

LOTFI LARGUET




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