Tunisie: Un terrorisme "spectaculaire" qui se nourrit du dysfonctionnement sécuritaire

Tunisie: Un terrorisme "spectaculaire" qui se nourrit du dysfonctionnement sécuritaire
National
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L’opération terroriste menée contre le domicile du ministre de l’intérieur à la cité Ezzouhour de Kasserine continue de susciter les commentaires les plus divers, des plus sérieux aux plus farfelus !Cela dénote d’une chose, c’est que l’un des objectifs visés par les terroristes islamistes a été atteint, celui de la médiatisation outrancière, par ailleurs justifiée, de cet acte odieux contre les jeunes agents de l’ordre dédiés à la garde de la maison parentale du ministre. Il faut signaler à ce propos que les terroristes utilisent dans la conduite de leurs opérations des méthodes particulières fondées sur les enseignements de la psychologie collective même s’il s’agit en réalité de pratiques fort anciennes nées bien avant ! D’une manière générale, le terrorisme vise essentiellement à mettre la main sur les esprits des gens, à les impressionner pour les soumettre à sa volonté. Sur ce plan, il utilise seulement des techniques d’attaque spectaculaires où se mêlent le « sens sacrificiel, le sensationnel, l’image de celui qui défie les « forces du mal », le côté cinématographique et « héroïque » de combattants audacieux et touchés par la grâce « divine », tout cela dans le but de dompter la population en l’amenant à une acceptation tacite de la domination des terroristes, sa soumission à leur volonté et pour saper le moral et la motivation des forces de sécurité. Cependant, il semble que cette opération n’a pas eu l’effet escompté lors et après son déroulement avec la réaction populaire des habitants du quartier qui avaient tenté de les repousser avec des jets de pierre, puis celle des élites politiques, syndicales et sécuritaires qui ont tous, dans un élan de solidarité nationale, manifesté leur ferme opposition et leur détermination à lutter contre ces semeurs de la mort qui ne laissent derrière eux que des ruines là où ils passent. Maintenant, il s’agit aussi de s’interroger sur sa signification politique. Certains observateurs, et ils n’ont pas tort, ont cru voir qu’il s’agissait d’une frappe attendue après les dernières opérations sécuritaires menées avec succès par les forces de l’ordre et qui avaient abouti à l’arrestation d’un bon nombre de terroristes qui s’apprêtaient à effectuer des opérations visant des personnalités politiques ou des objectifs économiques. C’est possible, et c’est même probable ! Ensuite, il y a l’objectif visé qui n’est autre que le ministre de l’Intérieur lui-même qui serait le symbole de cette lutte menée par l’Etat contre le terrorisme. On veut bien le croire ! Cependant, on peut aussi se permettre quelques interprétations relatives à la lutte intestine qui traverse le ministère de l’intérieur et l’opposition, qui nous semble claire aujourd’hui, entre le ministre, Lotfi Ben Jeddou qui en sort « plus populaire », et son alter ego, Ridha Sfar. Le dysfonctionnement qui s’est produit lors de cette opération terroriste paraît en être la démonstration la plus limpide. Dans tous les cas de figure, le gouvernement et son chef n’ont pas réussi encore à prendre les décisions qui s’imposent notamment en ce qui concerne les nominations partisanes qui avaient considérablement affaibli l’administration. Le manque d’audace et de courage du chef du gouvernement et de ses adjoints sur ce dossier ne peuvent avoir encore qu’un impact négatif sur la bonne marche du pays. Si le peuple est unanime quant au rejet du phénomène terroriste, il est évident que cette unanimité n’est pas partagée sur la scène politique. Car entre les déclarations politiciennes et la volonté réelle de lutter contre ces tueurs de l’ombre, les positions ne sont guère les mêmes !



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