Cent jours, jours sans !

Cent jours, jours sans !
National
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Après cent jours du gouvernement Jomaa, il est temps de faire le bilan. Pas le sien, le mien ! Et je dois avouer que contrairement au bilan de notre Premier ministre, le mien n’est pas brillant du tout.Côté santé, je n’arrive pas à équilibrer mon diabète, ni à maîtriser ma tension artérielle. Et c’est la faute à Monsieur Jomaa qui, à travers l’un de ses collaborateurs, m’a donné une peur bleue concernant un salaire qui, peut-être, ne viendra plus en fin de mois. Avec un bilan médical négatif, on ne peut aborder la vie qu’avec morosité, tous les malades le savent. Mais si à cela s’ajoutent mille problèmes que le gouvernement Jomaa n’a pas pu, en cent jours, résoudre, pour le simple citoyen (et de surcroît apolitique) que je suis, il y a vraiment de quoi désespérer! En cent jours, rien n’a changé pour moi: mon quartier est toujours aussi sale (mais ce n’est pas toujours la faute à Jomaa, je dois l’avouer) ; les nids-de-poule n’ont pas diminué, au grand dam des conducteurs ; les métros et les bus arrivent toujours en retard (et là aussi Monsieur Jomaa n’y est pour rien) ; les files devant les guichets de la CNAM sont interminables ; les factures de la STEG ne cessent de grimper alors que mon salaire fait encore du sur-place ; notre télé nationale, qui est censée nous éclairer et nous divertir, continue allègrement à nous abêtir... Donc, et je vous épargne mille autres exemples, les cent jours de Monsieur Jomaa n’ont rien changé pour moi et je me trouve, aujourd’hui, au même point où j’étais lorsque le Premier ministre est devenu Premier ministre. Cependant, et pour être positif (ou objectif du moins), je dois dire également que, avec les cent jours de Monsieur Jomaa, j’ai renoué avec le plaisir de manger les fricassés, malgré les interdictions de mon médecin à propos des pâtes et des fritures. Je dois avouer quand même que mes fricassés ne sont pas aussi volumineux que celui que l’on a vu Monsieur Jomaa apprécier, à Paris, si l’on croit les images télé. C’est peut-être une question de moyens: je ne suis pas Premier ministre, ni ministre tout court. D’ailleurs, je n’ai pas envie de l’être, en ces temps maussades surtout (n’allez pas croire que j’insinue quoi que ce soit en relation avec Israël !). Mais c’est surtout l’appétit montré par notre Premier ministre en mangeant son fricassé qui m’a remonté le moral. A le voir apprécier la chose, avec un large sourire (très très naturel) pour la caméra et, à travers elle, pour tous les Tunisiens, je sens l’appétit me revenir: appétit de la vie, appétit du travail, et, comme par un effet miraculeux (à distance), je reprends espoir. Avec un Premier ministre qui croque à pleines dents dans un fricassé (et avec quelle joie !), on ne peut être que confiant ! Mais ce n’est pas, là, le seul «effet Jomaa». Avec les fricassés (ou sans), j’ai repris également le chemin du métro, laissant ma voiture au garage. Et c’est l’exemple de notre chef de gouvernement, prenant tout naturellement le métro à Paris qui m’y a encouragé. Si un Premier ministre accepte (en toute modestie) de se mêler au peuple (français, je vous l’accorde) dans un moyen de transport aussi bondé que le métro, pourquoi refuserai-je, quant à moi, de partager avec mes concitoyens notre métro national qui, à quelques détails près (surtout la ponctualité mais ce n’est guère important, comme vous le savez), n’a rien à envier au métro parisien. Idem pour la marche à pied. Certes, je ne suis pas aussi sportif que notre jeune Premier ministre, mais je fais ce que je peux en l’imitant, sans gardes du corps bien sûr et sans personne pour me tenir un parapluie quand il pleut. Ce n’est pas grave, puisque l’essentiel est de bouger sa carcasse, et dans la joie, s’il vous plaît, comme Monsieur Jomaa, toujours souriant en arpentant les rues de la Ville-lumière. Finalement, je commence à changer d’avis. Les cent jours du gouvernement Jomaa ne sont pas aussi mal que ça, pour moi bien sûr. Avec le retour au fricassé, au métro et la marche à pied, je peux dire, comme le Candide de Voltaire, que «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes».

Adel LAHMAR




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