Ansar Achariaa Tunisie s’est muée en une nouvelle organisation, d’après Aaron Zelin, chercheur au sein du think tank américain, The Washington Institue For Near East Policy (WINEP).
Dans un article publié sur le site de WINEP, l’auteur a donné sa lecture de l’activité des djihadistes sur les réseaux sociaux et a conclu qu’Ansar Achariaa, classée organisation terroriste par l’Etat tunisien, en août dernier, s’est transformée en Shabab Al Tawhid, «un changement qui aura d’importantes conséquences sur les efforts pour combattre les djihadistes tunisiens et leurs associés en Libye», a-t-il souligné.
Ainsi, le 4 mars 2014, un nouveau média en ligne est apparu sous le nom de Shabab Al Tawhid Media, reprenant pour l’essentiel les posts publiés par Ansar Achariaa et l’Etat islamique en Irak et au Levant, ainsi que des informations au sujet des combattants tunisiens en Syrie.
Shabab Al Tawhid Media a aussi publié un message du Cheikh Abu Saad Al Amili, un fervent supporter et conseiller d’Ansar Achariaa, ainsi qu’un message de Seïfeddine Raïs, ancien porte-parole d’Ansar Achariaa. A partir de là, Zelin suggère que Shabab Al Tawhid Media a des liens avec Ansar Achariaa et les combattants tunisiens en Syrie. La création d’un nouveau média est une manière douce pour Ansar Achariaa de réapparaître, ajoute-t-il.
Ce média, explique Zelin, est devenu connu du grand public le 19 avril dernier lorsqu’a été postée une vidéo de Mohamed Bechikh, l’employé de l’ambassade de Tunisie à Tripoli, enlevé le 21 mars dernier.
Les membres tunisiens de Shabab Al Tawhid assument un rôle de «reconstruction/maintien», et la nouvelle organisation dispose, à la manière d’Ansar Achariaa, de plusieurs degrés de représentation dans les villes, les établissements universitaires, et les mosquées tunisiennes, assure Zelin.
Par ailleurs, les publications sur la page Facebook de Shabab Al Tawhid sont identiques à celles de la page de Shabab Al Tawhid Media - supprimée après la publication de la vidéo de Bechikh - avec des messages soutenant Ansar Achariaa et l’Etat islamique en Irak et au Levant.
D’après Zelin, ce changement constitue un grand effort coordonné pour maintenir le réseau tunisien d’Ansar Achariaa, et son objectif principal est de préserver la solidarité entre les adhérents et leurs capacités à s’organiser et continuer leur daâwa sur une petite échelle leur permettant de toucher la population locale tout en s’assurant un contrôle moindre de la part de l’Etat tunisien.
«Ce plan rappelle l’approche suivie par des réseaux de djihadistes bannis dans d’autres pays tels que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis», soutient Zelin, ajoutant qu’Ansar Achariaa «semble avoir trouvé une alternative pour continuer son expansion malgré son interdiction».
«Une approche purement sécuritaire n’éradiquera pas Ansar Achariaa dès lors que ses adhérents sont de véritables croyants, ayant de la patience pour attendre les évolutions de la situation et pour s’organiser sur une plus petite échelle», conclu Aaron Zelin.
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