Il faut sauver Tunisair d’un crash imminent

Il faut sauver Tunisair d’un crash imminent
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Journée surréelle, hier, au siège de la compagnie aérienne Tunisair. Journée au cours de laquelle le PDG de l'entreprise, Rabeh Jrad, a été emmené de force hors de son bureau, par des agents en colère. Pour comprendre comment l'ambiance s'est rapidement dégradée, il faut remonter à 24H plutôt.

Les membres du syndicat de base des agents de Tunisair (affilié à l’Union générale tunisienne du Travail / UGTT) ont demandé, en effet, mardi dernier, une audience avec la secrétaire générale de Tunisair. Toutefois, cette dernière n’a pas pu les accueillir, faute de temps.

En effet une réunion avait lieu entre le PDG, la SG et d'autres responsables de la direction générale, pour discuter des revendications des syndicalistes. A la fin de cette réunion, le PDG et la SG avaient décidé de rencontrer des membres du syndicat de base, sauf qu'ils n'ont trouvé personne.

Vexés, les syndicalistes ont déversé leur colère, le lendemain, en compagnie d’autres agents de Tunisair, sur le PDG, Rabeh Jrad, ainsi que toute la direction générale, dont ils réclament, désormais, le départ. Le syndicat de base, fraîchement élu, réclamait l’exécution des avancements et des augmentations de salaires en vertu de l’accord signé avec la direction générale en juillet 2013. Le problème est que la direction générale de Tunisair n’a pas mis en exécution l’entièreté de l’accord à cause du déficit dont souffre la compagnie. En effet, une partie seulement du personnel a profité de ces avantages, alors que le bureau exécutif nouvellement élu demandait que tous les employés en profitent d’un coup, ce qui est impossible vu la situation financière de Tunisair. Le tort de la direction générale est d’avoir accordé à une partie seulement du personnel les avancements, et autres augmentations demandés, sans le reste des employés. Le contribuable paie les pots cassés Or, c’est grâce aux subventions de l’Etat – et donc de l’argent du contribuable – qu’elle est encore sur pied, et qu’elle parvienne, encore, à payer ses agents. Il est, ainsi, inconcevable que face à une entreprise déficitaire, des employés viennent réclamer des avancements, des promotions et des augmentations, alors que cela, actuellement, ne peut être fait que sur le dos du contribuable vu la situation financière de Tunisair. De plus, les principaux fournisseurs de Tunisair n’ont pas été payés depuis plus de deux ans, à l’instar de la Société nationale de distribution du pétrole (SNDP / Agil) qui continue à livrer du kérosène sans être payée, cependant que la facture s’élève à quelques millions de dinars. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que Tunisair tourne avec un surplus de 2.000 travailleurs, et que son image de marque est ternie par le vol des bagages des voyageurs, commis par ses agents. Par ailleurs, la flotte de cette compagnie est vieillissante, et doit être, absolument, renouvelée. Tout cela nécessite des moyens qui, malheureusement, manquent à Tunisair. Certes, cette compagnie aérienne traverse une période difficile, vu la crise du secteur du tourisme, causée notamment, par la décision des tours opérateurs de changer de cap, suite aux événements terroristes en Tunisie.

L'exemple portugais à méditer

C’est un appel à la raison qui est lancé à la centrale syndicale pour qu’elle œuvre à ce que ses syndicats de base dans les sociétés déficitaires réfléchissent doublement avant de présenter leurs doléances, car, en fin de compte, c’est leurs salaires qui sont menacés. L’UGTT se doit de calmer ses troupes. Au Portugal, suite à la crise économique qui a frappé une partie de l’Europe, par exemple, la population active a consenti une baisse de salaire de 10% en 2013 et en 2014. C’était une décision courageuse de l’Etat portugais, accueillie sans trop de remous par les Portugais, conscients de la difficulté de la situation. En outre, la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), est passée de 19,6%, à 21% en 2013, et à 23% en 2014. L’Etat portugais a, aussi, procédé à une augmentation de 1,2% de l’impôt sur le revenu, ainsi qu’à l’avancement de l’âge du départ à la retraite, qui est passé de 62 à 65 ans. De plus, pour tout départ à la retraite, un fonctionnaire retraité sur deux est remplacé. Une leçon à méditer pour le gouvernement provisoire de Mehdi Jomaa, qui doit prendre le taureau par les cornes.

A. Allouche




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