De la dignité…- par M'hamed Ben Youssef

De la dignité…- par M'hamed Ben Youssef
Tunis-Hebdo
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Durant les cent premiers jours de son exercice de pouvoir depuis la Kasbah, notre Premier ministre, Mehdi Jomaâ, a effectué cinq visites à l’étranger dont deux d’importance.L’une aux Etats-Unis où il a rencontré en tête-à-tête le Président Obama qu’il a convaincu du sérieux de la nouvelle équipe gouvernementale. Il a, surtout, tout fait pour effacer, un tant soit peu, la désolante impression laissée chez l’Oncle SAM suite à l’invasion, en septembre 2012, de l’ambassade US au Lac de Tunis et les délits perpétrés par les Salafistes, les protégés, à l’époque, des Nahdhaouis qui dirigeaient la «Troïka». N’oublions pas que cette agression survenue, aux lendemains de l’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi, a été pour beaucoup dans le changement de cap de l’Amérique et son désenchantement vis-à-vis des Frères Musulmans partout où ils se sont implantés dans le monde arabe, y compris à l’encontre d’Ennahdha en Tunisie. D’où l’émergence, après d’épuisantes négociations entre les diverses formations politiques dans le pays, d’un gouvernement de concorde nationale, celui de Mehdi Jomaâ qui, à notre avis, inspire confiance et respect aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Du reste, c’est l’impression générale laissée aussi bien dans les milieux politiques que financiers ou médiatiques américains et français. Pour ceux qui ont suivi, sur le petit écran, la conférence de presse commune donnée par Hollande et Jomaâ, on ne peut qu’être fier de la prestation de notre représentant et de son bon maintien, digne d’un homme d’Etat d’envergure. Et ça compte beaucoup, aux yeux de ses vis-à-vis, croyez-moi ! Hollande et Jomaâ avaient de fières allures. Le premier issu d’une grande démocratie séculaire et rayonnante sur le monde, le second d’une démocratie, certes naissante, mais ô combien prometteuse et digne d’être prise, ailleurs, en exemple ! On est bien loin, voire à mille lieues, du mauvais maintien du farfelu Marzouki, toujours mal fagoté, sans cravate, arpentant, entre autres, le perron de l’Elysée… Quant aux résultats de la visite de Jomaâ à Paris, ils ne sont pas négligeables. Le plus important c’est l’engagement de la France à l’établissement de relations stratégiques avec la Tunisie en butte avec le terrorisme et de compter sur l’apport logistique de cette grande puissance pour venir à bout de ce cancer qui risque, si on n’y prend pas garde, de débarquer, un jour, sur l’autre rive de la Méditerranée. Dans la sécurité zéro terrorisme de la Tunisie, il y a la sécurité de l’Europe et particulièrement celle de la France dont la zone d’influence s’étend à la Tunisie et au-delà. Si l’appui multiforme de l’Hexagone est acquis pour de bon, il reste à convaincre ses partenaires européens de se montrer coopérants envers un pays qui a réussi à adopter une constitution libérale et essentiellement démocratique, denrée si rare dans les pays arabes et africains. Aider la Tunisie à réussir sa mutation post-révolution peut s’avérer productif sur plus d’un plan, particulièrement celui de constituer un élément fondamental dans le renforcement des relations entre l’Europe et le Maghreb. D’où l’idée prometteuse de Hollande de réunir à Tunis, au début de l’automne prochain, une conférence des «Amis de la Tunisie». Son objectif principal est de venir en aide économiquement à notre pays, qui connaît, actuellement, une crise financière particulièrement asphyxiante… La bonne réputation et la sympathie gagnée dans les instances internationales par la petite Tunisie –entrée par la grande porte dans le club fermé des démocraties– est un «fonds de commerce» inestimable qu’il nous faut savoir gérer et fructifier à court et long termes.

M'hamed Ben Youssef




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