Pour Krichène, Marzouki a failli à sa mission

Pour Krichène, Marzouki a failli à sa mission
National
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Aziz Krichène, ancien conseiller politique du président provisoire de la République, Moncef Marzouki, a donné, ce soir, dans une interview accordée à Telvza TV, les raisons de sa démission de son poste au sein de la présidence de la République, laquelle démission a été officialisée, aujourd’hui, par un arrêté républicain. Krichène a tenu à rappeler, au préalable, les conditions qu’ils avaient posées à Marzouki avant d’accepter de devenir son conseiller. Ces conditions consistent en ce que la présidence de la République demeure au-dessus des batailles politiques et unisse le peuple. Des positions calquées sur celles d'Ennahdha D’après Krichène, les termes de ce «contrat» - dont une partie est écrite - ont été, globalement respectés en 2012. Mise à part la décision relative à la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie, Krichène a estimé que Marzouki a pris des positions politiques opposées à Ennahdha, notamment concernant l’affaire Baghdadi Mahmoudi, la répression à Siliana, et contre les nouvelles nominations au sein de l’Administration, que Marzouki avaient qualifiées de reconduction des anciennes pratiques. En 2012, un autre parti (Nida Tounès) a été créé pouvant équilibrer la scène politique face à Ennahdha, ce qui, d’après Krichène, renforçait la démocratie en Tunisie. Progressivement, ajoute-t-il, la scène politique s’est divisée en deux pôles. «Au lieu de jouer le rôle d’arbitre entre les différentes parties, la présidence de la République est devenue partie prenante dans la bataille politique», a-t-il expliqué, reprochant, à l’institution présidentielle d’avoir suivi, durant cette période, la politique d’Ennahdha. La peur d'être marginalisé Dès lors, Marzouki a commencé à prendre en compte les prochaines élections, dans le cadre d’une probable alliance avec Ennahdha. «Son choix était de consolider sa relation avec Ennahdha. En 2012, la présidence de la République se tenait à équidistance de tous les partis politiques, dont Ennahdha. En 2013, implicitement, il y a eu une alliance avec Ennahdha. […] La présidence a perdu sa crédibilité en tant qu’institution se tenant à l’écart des batailles politiques», a affirmé Krichène. De plus, après l’assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013, la présidence de la République devait accomplir son rôle d’arbitre dans la crise qui a éclaté suite à cet assassinant, sauf que la société civile a joué le rôle que revenait au Palais de Carthage. Aziz Krichène a reproché, en outre, au président Moncef Marzouki de s’intéresser, essentiellement aux prochaines élections. «Plus Ennahdha et Nida se rapprochaient, plus le président avait peur d’être marginalisé en vue des prochaines élections. Donc, objectivement, il fallait perturber ce rapprochement. Et c’est là qu’entrait en jeu le CPR (Le Congrès pour la République)», a-t-il déclaré. «Le contrat était rompu» Pour ce qui est de sa démission, Krichène a assuré qu’il voulait la présenter depuis juin 2013, sauf que plusieurs leaders de partis et des dirigeants d’organisations de la société civile lui avaient demandé de ne pas le faire. «Le contrat qu’on avait passé était rompu», a souligné Krichène. De plus, il a estimé que le président de la République n’a pas encore assimilé les nécessités de cette phase de transition qui exige une légitimité consensuelle. Début avril, un long entretien a eu lieu entre les deux hommes. Aziz Krichène présente sa démission, mais Moncef Marzouki lui demande un délai de réflexion, qui ne donnera aucun résultat, pire encore, a assuré l’ancien conseiller, le président a continué à suivre la même attitude critiquée. «J’aime cette personne, et j’éprouve de la tendresse envers elle, confie Aziz Krichène. Cependant, actuellement, Marzouki a d’autres intérêts».



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