Quid de l’ANC - Acquis de la révolution ou bouée de sauvetage pour la classe politique ?

Quid de l’ANC - Acquis de la révolution ou bouée de sauvetage pour la classe politique ?
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Prévue pour être célébrée le 14 janvier 2014, à l’occasion du troisième anniversaire de la révolution, l’adoption de la nouvelle Constitution pourra traîner quelques jours encore à cause de la densité de la matière et surtout des dissensions politiques entre les députés, de certains préjugés et de certaines réactions agressives et orgueilleuses. Les séances ont dû être suspendues à plusieurs reprises suite à des incidents et des déclarations dont celle de Habib Ellouze qui a déclaré à la radio que Mongi Rahoui est connu pour son adversité à l’Islam. La journée de samedi dernier a été marquée par une agression physique du député Mouldi Zidi contre son collègue Jalel Bouzid et l’agression verbale de Mme Samia Abbou contre les députés d’Ennahdha qu’elle a traitées de traitres pour avoir voté l’article relatif à la candidature à la Présidence de la République dans sa version qui ne prévoit pas de limite d’âge. A côté de ces scènes désolantes transmises en direct à la télévision et faisant la une des médias, s’ajoutent le retrait des députés qui s’étaient vu refuser la parole ou dont l’opinion n’a pas été prise en considération comme le cas des députés représentant le Courant de l’Amour (Tayar El Mahabba) parce qu’aucune de leurs propositions n’a été retenue. Il s’agit en gros de l’insertion de la Chariâa dans la Constitution en tant que source de Droit, de l’incrimination des atteintes au sacré, de l’inscription du 17 décembre comme date de la révolution et de l’interdiction ce qu’il est convenu d’appeler le tourisme des partis. Règlements de comptes et aspects folkloriques Ces attitudes se sont manifestées dès les premiers mois qui ont suivi les élections du 23 octobre 2011. Certains députés se donnent en spectacle en s’attaquant « hystériquement » à tous ceux qui ne sont pas dans leur camp et en manquant de respect aux structures officielles. Les travaux de l’ANC sont ainsi devenus un « show » pour les journalistes, les observateurs et les Tunisiens qui ont découvert la classe politique et les véritables intentions. Elus pour élaborer une constitution, ils se sont accaparés tous les pouvoirs de l’Etat au motif que l’ANC est souveraine et que leur mission n’a pas de limites. Pour un « oui », pour un « non », les débats sont souvent électriques ainsi que le montre la question de savoir s’il faudrait inscrire la date du 17 décembre ou celle du 14 janvier comme date de la révolution. Les interventions sont empreintes de populisme comme si leurs auteurs étaient en campagne électorale. Dans certaines interventions, non moins spectaculaires, les députés réclament avec force les avantages et les faveurs qu’on leur avait promis. D’autres interventions sont carrément folkloriques. Echec sur tous les plans Voulant tout accaparer, ils ont pratiquement échoué dans toutes les missions qu’ils se sont assignées. Côté législatif, les textes proposés par la majorité à l’instar de l’immunisation de la révolution, les Soukouks Islamia, le rétablissement des Habous et l’institution d’un fonds d’indemnisation des détenus politiques, ont été soit rejetés par la société soit négligés dans la pratique. Côté institutionnel, les dispositions adoptées ne font pas l’unanimité en Tunisie et à l’étranger, elles font l’objet de certaines critiques dont la lettre récemment adressée à Mustpha Ben Jaafar, président de l’ANC, par le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay. Côté économique et social, la situation n’a fait qu’empirer alors que les vrais objectifs de la révolution concernent l’employabilité, l’amélioration des conditions de vie et le respect de la dignité humaine. Malgré tout, elle a permis aux Tunisiens de découvrir la classe politique En effet, le soulèvement des jeunes, depuis les événements du bassin minier en 2008 jusqu’au jour ou Ben Ali a pris la fuite 3 ans après, n’a rien à voir avec la refonte de la Constitution de 1959. Leurs principales revendications étant axées sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté, les politiques et les militants sous Ben Ali, dont la participation à leurs mouvements n’a été que furtive, ont laissé tout de côté pour régler leurs comptes des années 80 et en profiter pour se positionner sur l’échiquier national. Pour ce faire, l’ANC qui a été imposée lors du sit-in de Kasbah II a été le cadre idéal pour réaliser leurs ambitions politiques. Si bien que l’on se demande si le processus institutionnel représente un acquis en vertu des attentes des jeunes et de la révolution ou s’il constitue une bouée de sauvetage pour l’opposition sous Ben Ali qui, jusqu’à la dernière minute, tablait sur la réforme du régime de la dictature ?



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