Mehdi Jomaa : du triomphalisme d’Ennahdha au dépit de l’opposition…

Mehdi Jomaa : du triomphalisme d’Ennahdha au dépit de l’opposition…
National
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Finalement, le consensus national tant espéré n’a pas eu lieu ! Le quartet des organisations nationales n’a donc pas réussi à réunir l’unanimité autour du nom du successeur d’Ali Laarayedh. Loin de là puisque la désignation de Mehdi Jemaa n’a fait que la joie des Islamistes et de ses acolytes auxquels on peut ajouter l’Alliance Démocratique de Mohamed Hamdi dont les positions ont souvent frisé l’opportunisme. Le quartet a donc échoué dans sa quête d’une personnalité nationale qui aurait pu obtenir le plus de suffrages possible. Il faut dire qu’il s’est mis dans une position difficile à partir du moment où il avait annoncé dix jours auparavant sa détermination à annoncer l’issue du dialogue national, soit par le biais de la désignation du remplaçant d’Ali Laarayedh, soit en désignant les forces qui seraient derrière ce flop. Il s’est donc mis la pression démontrant ses limites quant à une éventuelle position radicale qu’il était incapable de prendre. Consciente de cela, Ennahdha a laissé traîner les choses comptant sur l’effet d’usure et d’éclatement de l’opposition d’autant plus qu’une telle éventualité semblait même acquise depuis quelques jours. Si on revient au déroulement des faits lors de la journée du samedi, on voit que les Islamistes avaient opposé leur véto à Mohamed Ennaceur, qui avait pourtant obtenu l’aval de la majorité des partis présents. Ils menaçaient de tout faire rater par le biais de l’ANC qui constitue un passage obligé pour n’importe quel gouvernement. Puis, ils ont ensuite accepté le verdict des urnes à partir où Mehdi Jemaa a été élu alors que certaines forces de l’opposition avaient quitté le dialogue national ou se sont abstenues de voter. C’est cela qui explique le triomphalisme affiché par Rached Ghannouchi qui a félicité le peuple tunisien de la réussite du dialogue national (pas moins de trois messages sur son compte twitter en moins d’une heure) et insistant sur le rôle de l’ANC dans le processus de désignation du gouvernement soulignant son attachement à « la légitimité électorale » au détriment de la légitimité consensuelle nécessaire dans cette troisième phase transitoire. En revanche, l’opposition, désorientée et dépitée par ce choix forcé, certains parmi elles qualifiant déjà ce gouvernement de celui de la Troïka 3, alors que d’autres considèrent que Mehdi Jemaa ne pourrait être l’homme de la situation puisqu’il provient d’un gouvernement ayant échoué dans sa tâche et surtout d’un premier ministre proche des Nahdhaouis. Maintenant, on attendra la réaction officielle et définitive du Front de Salut National et de toutes ses composantes en ce qui concerne le nouveau premier ministre. Quant à Mehdi Jemaa lui-même, saura-t-il prendre ses distances vis-à-vis des Islamistes ? Va-t-il pouvoir offrir suffisamment de garanties de neutralité et d’indépendance en vue des prochaines échéances électorales ? Sa première tâche, probablement la plus importante, est celle liée aux nominations partisanes au sein de l’administration, qui constitue la condition essentielle pour la tenue d’élections transparentes et réellement démocratiques. Ce sera son premier test sérieux…



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