Réactions virulentes à l’annonce de la publication du «livre noir» de la présidence de la République

Réactions virulentes à l’annonce de la publication du «livre noir» de la présidence de la République
National
print



Le «livre noir» revient sur le devant de la scène. Ce livre dans lequel figure une liste qui contient les noms de journalistes ayant «mangé dans la main» de Ben Ali revient sur ces 23 années durant lesquelles des journalistes ont été manipulés par le régime de Ben Ali et composé avec lui. Concocté par la présidence de la République et sur le point d’être publié, ce «livre noir» a provoqué des réactions virulentes notamment de la part d’Ayoub Messaoudi, ex-conseiller du président de la République Moncef Marzouki. Des propos durs d’Ayoub Messaoudi qui se révolte contre l’utilisation d’archives importantes à des desseins pas toujours très clairs. Ayoub Messaoudi affirme dans son blog, «avoir alerté, il y a quelques mois, la société civile et plus particulièrement le syndicat national des journalistes tunisiens, sur la tentative de la présidence de la république d'opérer une grande manipulation des archives de Abdelwahab Abdallah, cette fameuse "archive noire" en vue de soudoyer, faire taire, ou diffamer des médias ou des journalistes !» Un témoignage qui révèle de nouvelles facettes de ce qui se passe au Palais de Carthage. «Quand j'ai commencé à découvrir cette archive lors de mon court séjour à Carthage, j'ai très vite compris qu'il s'agit là d'une importante partie de l'histoire de la patrie dont j'étais, avec le cabinet présidentiel dont je faisais partie, un des gardiens et qu'il nous incombait d'en faire le bon usage. Conscient de cette lourde responsabilité, j'ai alors contacté Mme Najiba Hamrouni, sans revenir au directeur de cabinet, pour partager avec elle une part du fardeau en quelque sorte. Je lui ai expliqué que la question doit être ouvertement débattue, avec tous les corps de métier concernés (magistrature, syndicats, historiens, documentalistes....), et que la présidence de la république pourrait offrir le cadre à ce débat sans essayer de l'orienter ou l'influencer. Je lui ai exposé mon point de vue, le même que j'ai défendu lors d'une réunion avec le président de la république, des représentants du SNJT et de l'association des magistrats tunisiens (Mme Kannou était présente): "L'archive doit être donnée à une partie apolitique, une sorte de commission mixte formée de journalistes syndicalistes, magistrats et académiques. Quand le directeur de cabinet a su la teneur de mes discussions avec le syndicat des journalistes, il a transféré l'archive noire à un autre membre "plus proche" au sein du cabinet, afin d'en faire le "bon usage". J'ai alors découvert entre autre qu'on a permis à des médias étrangers comme Aljazeera d'utiliser certains documents, les filmer... On découvre aujourd'hui un "livre noir" produit par la présidence de la République qui bafoue encore une fois les règles de la déontologie et nuit gravement à l'image de cette institution. Cette affaire est symptomatique d'une mentalité opportuniste et machiavélique, les personnes qui se sont accaparées d'une part de l'histoire, en y voyant une carte politique à jouer, un moyen de pression pour acheter ou soudoyer des journalistes, voyaient en mon approche institutionnaliste de la pure naïveté politique. Encore une fois, Moncef Marzouki prouve qu'il a vendu son âme au diable. Cet intellectuel qui s'est fait du slogan "la cohabitation entre islamistes modérés et laïques modérés" son cheval de bataille, se voit aujourd'hui en perte de crédit. Les islamistes sont au pouvoir, le CPR étant, avec Ettakattol, les façades laïques de cette troïka en crise de légitimité, tous les moyens sont bons pour bien asseoir son pouvoir et assurer l'allégeance d'une partie des média et des journalistes qui ont peur d'être dévoilés... Ce ne sont pas les informations dévoilées au grand public qui sont importantes, mais bel et bien ce que cache ce livre noir en vue d'être utilisé comme des cartes d'atout au bon moment. Marzouki a trahi la révolution (…) !» Autre réaction, celle du journaliste Elyes Gharbi qui voit en ce livre une tentative de mettre à genoux certains journalistes qui n’ont rien à se reprocher comme Sofiene Ben Hamida, Aymen Rezgui, Sghaier Wled Hmed, Neji Bghouri... Au passage, il égratigne le président de la République «d’alimenter la haine, la discorde et les amalgames stupides, dans un moment ou notre patrie cherche, avec désarroi, le consensus et le rassemblement…» La réaction de Najiba Hamrouni est sur la même lancée. Elle s’est exprimée à ce sujet de cette «liste noire» sur sa page Facebook et selon elle, ce livre concocté par la présidence de la République hors du cadre de la Justice transitionnelle, insiste-t-elle, révèle la bassesse d’un tel acte. En définitive, si la Présidence de la République compte bien publier ce «livre noir», est-ce pour atteindre des objectifs bien précis, ceux de faire plier des journalistes gênants pour une troïka en panne. les trois réactions se rejoignent et nous rappellent que sous Ben Ali, les mêmes méthodes étaient utilisées.



Commentaires

André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Accès au marché du travail suisse pour les Tunisiens : Opportunités et perspectives

Suivant