Amnesty appelle à juger les bourreaux de Fayçal Baraket, cet étudiant mort sous la torture en 1991

Amnesty appelle à juger les bourreaux de Fayçal Baraket, cet étudiant mort sous la torture en 1991
National
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Il y a 22 ans, Fayçal Baraket, étudiant tunisien est mort en garde à vue sous la torture. Mais il aura fallu attendre mars 2013 et l’exhumation du corps de la victime pour le prouver et réfuter ainsi la thèse des autorités tunisiennes de l’époque qui ont étouffé l’affaire et se sont efforcées d’occulter les véritables causes de son décès. «Après des années d’incertitude, la lumière est en train d’être faite sur le cas emblématique de Fayçal Baraket, étudiant tunisien mort en garde à vue en 1991, mettant ainsi fin à des années de dénégations et de mensonges de la part des autorités tunisiennes», a déclaré Amnesty International. En effet, selon l’organisation, de nouveaux éléments médicolégaux contenus dans un rapport rendu public à l’occasion du 22e anniversaire du décès de Fayçal Baraket réfutent la thèse selon laquelle le jeune homme de 25 ans a été tué dans un accident de voiture plutôt que des suites de la torture comme l’avait soupçonné Amnesty International dès 1992. Dès janvier de cette année, l’organisation affirme «avoir recueilli des informations auprès de témoins disant avoir entendu Fayçal Baraket hurler lorsqu’il a été frappé et torturé pendant des heures au poste de police de Nabeul. Ils l’ont ensuite vu effondré dans un couloir, sans connaissance. Son corps était contorsionné dans la position dite du «poulet rôti». Son visage portait des hématomes et il avait des entailles autour des yeux». Amnesty International avait même demandé à Derrick Pounder, médecin légiste britannique, d’examiner le rapport d’autopsie de Fayçal Baraket en février 1992. «Le médecin avait conclu que la mort du jeune homme n’avait pas pu être causée par un accident de la circulation. Il a par contre relevé des éléments indiquant que Fayçal Baraket avait été sodomisé et a déterminé que ses blessures avaient résulté d’agressions physiques répétées. Le rapport signalait en outre qu’il avait reçu de nombreux coups sur les pieds et le bas du dos», ajoute l’organisation. Suite à ces nouveaux éléments, la famille de Fayçal Baraket et Amnesty International réclament désormais que les responsables présumés de sa mort soient traduits en justice. Le cas de Fayçal Baraket n’étant pas le seul à avoir été confronté à la torture d’un pouvoir qui a étouffé ces affaires, pendant des années, comme le rappelle Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, il marque, cependant, un tournant symbolique pour les centaines d'autres victimes de la torture sous le régime de Ben Ali. Amnesty appelle donc à ce que tous les responsables présumés d’actes de torture, doivent être déférés à la justice sans plus de délai. Fayçal Baraket, était membre d’Ennahda qui était à l’époque interdite. Il avait été arrêté le 8 octobre 1991 après avoir critiqué les autorités tunisiennes lors d’un entretien télévisé. Son frère, Jamal, avait été appréhendé plusieurs jours auparavant et torturé à de nombreuses reprises en détention. Pour Hassiba Hadj Sahraoui, «aucune des personnes soupçonnées d’avoir joué un rôle dans sa mort n’a encore eu à rendre de comptes. Les autorités tunisiennes doivent mettre fin à cette impunité».



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