La position de l’UGTT sera-t-elle déterminante ?

La position de l’UGTT sera-t-elle déterminante ?
National
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La contestation attisée par le lâche assassinat du chef du parti d’«Echaab» Feu Mohamed Brahmi et qui a abouti à la revendication de la dissolution de l’Assemblée Nationale Constituante, à la démission du gouvernement et de la «disparition» de la présidence de la République, n’est pas prête de se relâcher. Bien au contraire, elle a tendance à gagner toutes les régions du pays surtout que les contestataires font preuve d’un remarquable civisme politique adoptant un comportement pacifique. Le mot d’ordre qui revient dans tous ces rassemblements est le slogan «dégage» à l’encontre des gouvernants actuels de la Troïka. Il faut dire que le retrait de près de 70 élus de l’Assemblée Nationale Constituante, et non pas leur démission, constitue un grand coup à sa crédibilité et à sa représentativité, remettant en cause sa légitimité. Aujourd’hui, le parti majoritaire et ses appendices de la troïka continuent de développer deux discours différents : certains considèrent que la voie du dialogue demeure ouverte en y mettant une seule condition : «le socle de la légitimité, l’ANC, ne peut être remis en cause». Ce stratagème permet aux Islamistes à la fois de défendre ce qu’elle a toujours défendu, la légitimité électorale, mais d’un autre côté, elle souhaite déplacer le débat et renvoyer la balle dans le camp de l’opposition. L’autre partie reste arcboutée sur ses positions, notamment le CPR comme l’a laissé entendre le ministre Hamidane, ou encore Ettakatol par la bouche du président de l’ANC mais en usant un autre langage et en nuançant ses propos surtout en ce sui concerne les ligues de protection de la révolution, qui défendent bec et ongles dehors les institutions actuelles, et par conséquent le statuquo qui mène au blocage total. En fait, la situation devrait se décanter davantage à partir d'aujourd'hui après la réunion prévue au sein des structures de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens. En effet, la position de la Centrale syndicale pourrait être déterminante sur le destin de ce mouvement de contestation né à la suite du troisième assassinat politique et qui marque un véritable tournant dans l’histoire contemporaine de notre pays. L’aval de l’UGTT à ce mouvement de contestation pourrait faire pencher la balance et constituer un soutien véritable aux forces démocratiques et à la société civile qui continueraient ainsi à observer leurs sit-in avec leur possible extension dans l’ensemble des régions du pays surtout que le ministère de l’intérieur s’est engagé à protéger ces rassemblements des éventuelles agressions de la part des partisans de la majorité. L’UGTT pourrait aussi jouer le rôle de conciliateur entre les différents antagonistes en les invitant autour d’une table à un véritable dialogue national. Or, une telle démarche, qui n’a pas porté ses fruits auparavant, aurait-elle la chance de convaincre les déçus de ce dialogue, les forces de l’opposition qui ne semblent pas prêtes à relâcher leur pression. Il faudra aussi attendre la réaction du gouvernement qui se réunira demain pour analyser la situation dans le pays. Jusque-là, l’intervention du Premier ministre Ali Laarayedh n’a fait qu’irriter, l’homme campant sur ses positions et considérant qu’il n’a guère échoué dans sa mission. En fait, là aussi le choix n’est pas simple pour lui et ses ministres puisqu’on leur demande de se saborder. Mais, démissionner ne constitue pas la fin du monde et ne signifie pas le vide que l’on nous promet et qu’on fait pendre devant nous ; mais constituerait un acte logique si les ministres font un constat d’échec dans l’exercice de leur mission. Cette dernière hypothèse reste, à notre sens, très aléatoire et l’on voit mal le gouvernement accepter de partir.



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