L’assassinat de Farhat Hached, un crime d’Etat commis avec la «bénédiction» de Slaheddine Baccouche ?

L’assassinat de Farhat Hached, un crime d’Etat commis avec la «bénédiction» de Slaheddine Baccouche ?
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Les deux télégrammes remis par François Hollande à Noureddine Hached n’ont pas révélé grand-chose sur les circonstances exactes de l’assassinat du leader syndicaliste et du mouvement national Farhat Hached, mais ont permis de confirmer qu’il s’agissait d’un crime d’Etat français qui en assume l’entière responsabilité juridique et historique. Selon les documents fournis, le résident général Jean De Hauteclocque avait adressé un télégramme au ministre des Affaires étrangères le 16 mai 1952, soit sept mois avant l’assassinat qui s’est produit le 5 décembre 1952 (voir La Presse dans son édition du 16-07-2013). Dans ce télégramme on peut lire que De Hauteclocque appréhendant l’action de Farhat Hached, qui comptait d’importants appuis dans les milieux syndicaux américains, avait recommandé son «annihilation» c'est-à-dire son extermination. Depuis, le scénario avait commencé à se mettre en place. Une équipe des services secrets français a été dépêchée à Tunis pour prendre en filature le leader et préparer le coup. Entre temps, il a été refusé à Farhat Hached la délivrance d’un visa de sortie aux USA où il devait se rendre pour participer à une mission aux Nations unies, prévue le 6 décembre 1952. Les documents ne prouvent aucune connivence avérée de parties tunisiennes sauf de la part de Slaheddine Baccouche, chef du Gouvernement nommé en mars 1952 en remplacement du nationaliste Mohamed Chenik. Slaheddine Baccouche avait adressé en juin 1952 un télégramme à De Hauteclocque lui demandant d’intervenir pour mettre un terme aux agissements du leader et son influence sur les prises de position du Bey. Sans aller jusqu’à inciter à son exécution, il recommanda une mesure d’éloignement à son encontre. Selon des analystes, ce dernier aurait pressenti un putsch qui se tramait à la veille de la cérémonie du sceau, tendant à renverser l’autorité beylicale. Ces documents n’apportent aucune précision ni détail sur les circonstances de l’assassinat où seuls quelques témoignages oculaires peuvent nous en édifier. D’après ces témoignages, un homme armé à bord d’un véhicule lui a tiré dessus lui causant des blessures à l’épaule et à la jambe. Des militaires l’ont transporté dans leur véhicule, lui faisant croire qu’ils allaient le conduire à l’hôpital, puis ils l’ont achevé avant de l’abandonner du côté de Bir El Kassâa. Au niveau de l’enquête, le représentant du ministère public a retiré le dossier de l’affaire du juge tunisien, Ibrahim Abdelabki, et le confie à un juge d’instruction français, Régi Soulé. Ces révélations démontrent clairement et ouvertement que la main rouge accusée d’avoir été à l’origine de l’assassinat n’était pour rien dans l’assassinat malgré les lettres de menace qu’elle adressait régulièrement au leader pour le dissuader et l’obliger à se rétracter. Ils démontrent aussi que l’assassinat n’était pas un complot neo-destourien pour préserver le leadership de Bourguiba. Il s’agissait d’un crime de l’Etat français qui a donné son feu vert pour le commettre.



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