Comme des Nérons fous sur les décombres de notre modernité

Comme des Nérons fous sur les décombres de notre modernité
National
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Les propos récents de Sahbi Attig sont loin de constituer un cas isolé. C'est vrai qu'ils choquent par leur gravité et le fait qu'ils aient été proférés sur la principale avenue de Tunis. Toutefois, devant le manque de réactions fermes de la société civile, ces propos nauséabonds continuent à "fleurir" dans l'impunité quasiment assurée. Monsieur Attig n'est pas le seul à se distinguer de la sorte, loin de là... Toutefois, ses propos relèvent d'une dangereuse escalade. Que je sache, Monsieur Sahbi Attig n'est ni un vulgaire voyou ni un dangereux criminel. Bien au contraire, cet homme est un honorable député, un élu de la Nation. Ceci ne l'a pas empêché de prononcer des propos intolérables au sujet desquels il ne s'est toujours pas excusé, préférant une mensongère fuite en avant. Ces propos féroces qu'il vient de tenir en public lui ont valu l'opprobre générale et il devra prochainement rendre des comptes à la justice pour les incitations graves dont il s'est rendu coupable. Etrangement, se considérant probablement en pays conquis, ni monsieur Attig ni ses camarades (devrais-je plutôt écrire "ses frères") ne font acte de contrition. Aucune déclaration franche n'est venue demander le pardon des Tunisiens que l'honorable député a menacé d'un bain de sang. Au contraire, ce ne serait pas faire un injuste procès d'intention que de dire que, dans le privé, Monsieur Attig ne doit pas manquer de se répandre à propos des laïcs, mécréants et autres rebelles qu'il voue aux gémonies. Tel un Néron fou sur les décombres de notre modernité, il vitupère, fulmine et lance ses anathèmes, rêvant probablement de brûler ce dont l'impureté fondatrice le dérange, ce qui pour lui relève probablement de Sodome et Gomorrhe. Le plus dramatique, c'est que pour la Tunisie d'aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux ces Nérons d'un autre âge qui foulent au pied civilité, contrat social et liberté de conscience. Tout député qu'il soit - et ceci rend ses propos d'autant plus choquants - Attig est loin d'être le seul à se distinguer par des appels à la violence ou des projets qui tordent le cou à la légalité. Malheureusement pour eux, les Tunisiens subissent en silence les graves dérives de ces responsables qui cultivent l'irresponsabilité et l'agressivité. Au fond, personne ne pousse la logique républicaine jusqu'au bout, lorsqu'il s'agit de mettre devant leurs forfaits verbaux, ces tribuns exaltés. Cependant, ces Nérons fous courent toujours ! Pour certains, c'est au sens propre comme c'est le cas de Abou Iyadh, en cavale depuis septembre dernier. Pour d'autres, c'est au sens figuré, comme c'est le cas de plusieurs ténors de l'islamisme vitupérant. La liste est longue et il est inutile de revenir en détail sur les frasques de Adel Almi au nom de ce qu'il pense être la juste orthodoxie ou les propos malheureux de Noureddine Khademi, ministre des Affaires religieuses qui, malgré son titre républicain, vient de se distinguer négativement en ne mettant pas tous les Tunisiens sur un même pied d'égalité. Autre apprenti- Néron qui nargue tout un peuple, Houcine Labidi ne semble pas prêt à s'amender et continue à user de son usurpation de la chaire séculaire de la mosquée Zitouna pour répandre la haine et multiplier les provocations et les propos inacceptables. Récemment, cet imam se distinguait encore par des prêches incendiaires qui souillent chaque jour un peu plus le rayonnement de la vénérable institution. Que veulent ces fous de Dieu à la République tunisienne ? Comment se fait-il qu'aucune institution provisoire, aucun organe de la transition, ne rappelle à l'ordre certains d'entre eux et ne mette un terme légal aux agissements des autres ? Et, dans la foulée, que l'on dénonce aussi les complicités qui rendent possibles ces dérives qui font mal à la Tunisie ! Un député assoifé de sang, un imam fou de Dieu, un ministre qui parle de tourisme concentrationnaire, un salafiste qui prône l'usage de caméras pour traquer les non-jeûneurs et Abou Iyad toujours en cavale : elle est belle la Tunisie d'Ennahdha et de Marzouki ! Ils sont beaux les Nérons incendiaires qui se voient en révolutionnaires légitimes alors qu'ils ne font que détruire notre héritage commun, notre pays et notre liberté reconquise...



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