Lettre ouverte à un opportuniste - Monsieur Abbou, taisez-vous !

Lettre ouverte à un opportuniste - Monsieur Abbou, taisez-vous !
National
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Quelle mouche a bien pu piquer Mohamed Abbou pour qu’il s’attaque à la hiérarchie militaire ? Pourquoi un député doublé d’un ex-ministre s’aventure-t-il sur ce terrain quitte à jouer le jeu des terroristes réfugiés dans le Chaâmbi et pour lesquels il importe de voir le consensus national se fendiller ? Fût-il élu de la nation, un civil peut-il s’en prendre à l’institution militaire sur une page Facebook ? Est-ce cela le prestige de l’Etat ou bien monsieur Abbou cherche-t-il à alimenter la cabale contre les institutions sécuritaires ? Et pourquoi demander précisément un changement à la tête des armées ? Est-ce pour reprendre un thème cher à Ghannouchi ou serait-ce au nom d’une prétendue science militaire. Alors que l’armée nationale se débat dans ce guêpier du Chaâmbi, il est irresponsable et coupable de la part d’un homme politique de se lancer dans pareilles conjectures. Fidèle à sa tradition, l’armée n’a pas commenté selon son principe sacro-saint de neutralité. Toutefois, plusieurs hommes politiques - Hamadi Jebali, Mohsen Marzouk pour ne citer qu’eux - ont rappelé Mohamed Abbou à l’ordre républicain en énumérant ses graves manquements et en condamnant son appel au limogeage du général Rachid Ammar. Mohamed Abbou aurait mieux fait de se taire. Surtout qu’il s’attaque à l’armée alors qu’elle est engagée dans une tâche épuisante. Tout de même, ce n’est pas aux politiciens de second plan de dicter son ordre du jour à l’armée ni aux médias de commenter en direct des opérations militaires en cours ! Monsieur Abbou a foulé au pied par ses déclarations une certaine idée du devoir de réserve et de l’ordre républicain. Le simple citoyen que je suis lui demande de manière solennelle de présenter des excuses à l’armée et de cesser ses démarches opportunistes qui consistent à se faire de la publicité via des déclarations fracassantes et un comportement de précieuse ridicule. Oui, taisez-vous, monsieur Abbou ! Ce ne sont pas ces inepties qui feront avancer notre pays. Contrairement à vous, le général Ammar a mérité de la révolution alors que vous (et votre épouse) avez été parachutés dans les bagages de Marzouki. Le général Ammar a bravé Ben Ali en refusant de tirer sur le peuple alors que vous, dans une incroyable absence de lucidité, vous tirez sur l’armée nationale. Monsieur Abbou, vous devriez réfléchir à votre parcours, fait de hasards et d’infidélités. Vous devriez mesurer ce que vous apportez réellement à la nation. Vous devriez assumer votre statut de minus bruyant, prêt aux alliances les plus perverses pour la gloire de votre nombril. Cessez d’insulter la Tunisie par vos propos opportunistes, scandaleux et dangereux pour l’équilibre de ce qui reste de nos institutions. Et si, en vous attaquant à l’armée nationale, vous servez de lièvre à d’autres Machiavel, sachez que le peuple tunisien rejette en bloc cet aventurisme de mauvais aloi. Nombreux parmi nous ont oublié que Mohamed Abbou devait sa présente notoriété à un emprisonnement du temps de Ben Ali. A l’époque, il avait comparé ce dernier à Ariel Sharon, ce qui lui vaudra un procès expéditif puis une grâce présidentielle. Activiste politique, membre du CPR, Abbou avait alors été soutenu par beaucoup de militants des droits de l’homme ainsi que par Reporters sans Frontières. Relâché en 2007, il a poursuivi son combat aux côtés de Marzouki, ce qui lui vaudra de devenir le secrétaire général du CPR puis, après octobre 2011, ministre dans le gouvernement Jebali. Cette promotion, qui, soit dit en passant, permettra à sa femme de conquérir un siège de constituant, n’allait pas suffire à Mohamed Abbou. De jérémiade en compromission, il jouera avec son maroquin en faisant mine de démissionner, puis en se dédisant avant de finalement abandonner son ministère car il jugeait que ses compétences étaient rognées voire trompeuses. Dans une logique de soliste, mais toujours flanqué de sa vitupérante épouse et d’une poignée de fidèles, il quittera le CPR qui l’avait pourtant mis sur orbite, après une démission qui ressemblait encore une fois à une valse-hésitation. Désormais libre de voler de ses propres ailes, il crée le Courant démocratique, un parti en trompe l’œil qui ne compte que quelques militants. Tout en guignant sur le fonds de commerce du duo Marzouki-Daimi, il reprend les grands thèmes du CPR et affirme pour sa poussière de parti une vocation panarabe et panislamiste. Que pesez-vous vraiment, monsieur Abbou ? Que pèse votre Courant démocratique ? Et que pèse véritablement ce CPR dont vous avez claqué la porte ? Probablement, le poids de beaucoup de compromissions qui vous mènent aujourd’hui à porter un bonnet d’âne devant un pays entier, devant une Tunisie qui saura, par la voix des urnes, mettre fin à toutes les pseudo-carrières politiques qui polluent, délitent et falsifient notre révolution.



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