Drôle de 1er Mai

Drôle de 1er Mai
National
print



C’est sous un ciel orageux et une fine pluie, que l’avenue Habib Bourguiba a vu défiler les différents cortèges fêtant le 1er Mai. Toujours sous le signe de la division, l’avenue était, comme à l’accoutumée, scindée en deux, une partie réservée aux manifestants pro-gouvernementaux et une réservée à l’opposition et la société civile.

Le Mouvement du Peuple, récent alliés du Front Populaire, a défilé avec une centaine de ces militants, scandant des slogans appelant à la criminalisation de la normalisation avec Israël et affirmant que le djihad réel est en Palestine et non ailleurs.

Venaient ensuite, les militants du Watad, qui avec une touche d’humour et d’ironie, ont dénoncé l’emprise du Capital sur le Travail, et dépeigné Moncef Marzouki en président trop petit pour le fauteuil de la présidence, et un Rached Ghannouchi tenant en laisse l’ANC «qui singe». Tout cela avec des caricatures qui en ont amusées plus d’un. Le cortège final était celui de l’UGTT. Les principaux dirigeants de la centrale syndicale, ont défilé sur l’avenue Bourguiba, avec à leurs têtes, le secrétaire général Houcine Abassi. Les slogans et pancartes de l’UGTT étaient les plus politiques, avec des revendications qui dégagent une certaine déception vis-à-vis du draft de la Constitution. Les militants de l’UGTT estiment que le droit au Travail et le droit à la grève et les droits sociaux ne sont pas assez protégés et appellent à la constitutionnalisation de ces droits. Le passage de l’UGTT a eu le don d’irriter la dizaine de militants du Front de réforme du travail syndical, venus de Metlaoui dénoncer la politisation de l’UGTT. Bien que séparés par les passages piétons et par un cordon sécuritaire, ça ne les a pas empêchés de lancer des slogans hostiles à l’UGTT, tels que « Hached ô Hached, l’UGTT a incendié le pays» ; «On les connait un par un ces crapules, ils ont tous les mains sales», a lancé l’un d’entre eux. A ces slogans, les militants de l’UGTT répliquèrent par des «Ô Belaid ô Hached, Ennahdha a vendu le pays».

Sur le même chemin, on remarquera une tente, installée par l’IRVA (instance pour la vérité et contre l’oubli), avec la présence de Basma Khalfaoui et d’Om Zyed. Les citoyens y signent une pétition ainsi que des cartes à l’effigie de Chokri Belaid, à envoyer au siège du gouvernement, place de la Kasbah, afin d’avoir des réponses a sur l’assassinat. L’image la plus désolante se trouvait de l’autre côté de l’avenue, en face de l’hôtel Africa. L’image d’un CPR en mal de popularité, venu se refaire une santé sur le dos de l’opposition. Une estrade était montée en face de l’hôtel, avec des speakers et en présence des principaux leaders du parti, Sihem Badi, Slim Ben Hmidane, Tarek Kahlaoui, Hedi Ben Abbes, et le tout nouveau secrétaire général Imed Daimi. La fête du travail, n’était pas à l’honneur pour le CPR, les slogans et les discours étaient purement politiques et s’adressaient à des partisans, une centaine tout au plus, venus écouter leurs leaders prononcer un discours appelant à l’union et à une opposition constructive. Venant de l’estrade et à l’aide d’un micro, on entendait des slogans tels que «fidèles, fidèles, ni RCD, ni Nidaa» ou encore, «ils ont eu 0% et se veulent présidents» ou «Badi et Mehrezia, la femme tunisienne»… Drôles de méthodes pour un parti qui appelle à l’union en dénigrant ses adversaires politiques. Drapée dans le drapeau tunisien, Sihem Badi a prononcé un discours au cours duquel elle a expliqué les raisons qui font que le CPR est si décrié. Selon elle, c’est parce que le parti regroupe toutes les tendances et s’attelle à l’union qu’il est si souvent critiqué. Elle demande à tous les politiques du pays d’arrêter le travail politique et les questions politiciennes, le moment ne s’y prête pas d’après elle. Elle oublie cependant, que la présence de son parti à la fête du Travail, en ce 1er Mai est avant toute chose… politique.  




Commentaires

André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : Gel des commissions bancaires jusqu’à fin 2024

Suivant