Tribune - El Kantaoui, cette cité touristique à l’urbanisme bien étudié et qui faisait la fierté des Sahéliens est, aujourd’hui, en perdition. A son tour, ce site a été victime des multiples dépassements nés dès l’aube de la concrétisation de la révolution et la chute du dictateur Ben Ali.
C’est-à-dire que la contagion des méfaits urbanistiques constatés ailleurs ne l’a pas épargnée elle non plus. Et si cela continue, à la même allure, cela finira par attribuer à cette grande cité le qualificatif terrible de «Mellasine II». Car, certains des habitants de cette contrée font fi de la réglementation en vigueur d’autant plus que la Municipalité de Hammam-Sousse semble bel et bien dépassée par les événements.
Du reste, les agents municipaux rechignent à intervenir directement pour endiguer le mal qui sévit dans cette cité naguère fleuron de notre tourisme et objet de l’admiration et du respect de tous. En effet, dans un passé récent, on ne pouvait construire que sur autorisation légale des autorités municipales. De surcroît, les agents municipaux veillaient au grain. Ils rappelaient à l’ordre tout contrevenant dans le domaine de toute construction.
Cela a fini par faire d’El Kantaoui un vrai bijou admiré par tous. Lors de sa visite officielle en Tunisie, en 1989, le président François Mitterrand n’a pas manqué d’exprimer son plaisir d’avoir parcouru ces lieux. Plus encore, il trouvait cette admirable cité touristique si magnifique qu’il la qualifia d’être «une enclave d’une grande beauté alliant la rigueur des constructions neuves à la sobriété et aux qualités de l’ancien»…
Eh bien, ce bijou est en train, aujourd’hui, de perdre son âme, voire de devenir un grand village de bric à brac. Alors que la rive gauche, en direction de Chott Meriem, est généralement réservée pour les bâtisses commerçantes et tout ce qui s’ensuit, la rive droite a été, quant à elle, depuis toujours, absolument réservée aux villas, des rez-de-chaussée plus un ou deux étages seulement.
Or, aujourd’hui, on y construit des commerces même sur la rive droite de la route touristique d’El Kantaoui sans se conformer à la réglementation en vigueur et sans que les autorités ne mettent leur nez dans ces affaires de crainte de voir les agents municipaux subir la foudre de certains malveillants propriétaires. Il y en a même qui ont osé édifier des buildings au bord du rivage (!) et sans nullement respecter la loi et cela aux dépens de leurs voisins immédiats.
Nous citons, ici, le cas de ce café, le énième, construit clandestinement dans cette contrée, les dimanches et jours fériés, y compris de nuit, et cela depuis plusieurs mois. Dès lors, rien d’étonnant que «la propriétaire» s’apprête à ouvrir prochainement les portes de cet établissement malvenu pour les nombreux voisins. Et cela malgré l’opposition farouche des habitants qui se croyaient, lors de l’acquisition de leur lopin de terre, vivre dans un havre de paix.
Un café, voire une usine de chocolat, au milieu des villas pourquoi pas ? Messieurs le gouverneur et le maire de Hammam-Sousse ?
Pourtant, depuis plusieurs mois, les différentes autorités locales ont été averties de cette aberration alors qu’elle en était à son ébauche, plutôt cette grosse villa en transformation illégalement de nuit en café spécialisé, paraît-il, dans la fourniture de chocolat chaud et la vente, parallèlement, de ce produit dans le magasin adjacent.
C’est ainsi que les habitants de cette contrée touristique ont avisé à propos de ce grave dépassement, un vrai casse-tête, aussi bien le maire de la ville de Hammam-Sousse que les autorités régionales dont la Protection civile ainsi que le gouverneur de ce qui était (ou s’appelait) la «Perle du Sahel». Une plainte a été déposée en date du 31 août 2011 à la Mairie de Hammam-Sousse et en date du 6 août 2012 auprès du directeur de la Protection civile de la ville.
Or, jusqu’à présent les autorités légales semblent faire la sourde oreille concernant la transformation de cette villa en café adossé directement à des maisons familiales. Pis, le gouverneur de Sousse, M. Mokhlas Jamel, est toujours aux abonnés absents. Il n’a daigné répondre à un des plaignants à ce sujet qu’une seule fois pour réclamer la copie de la plainte expédiée, depuis longtemps, à son prédécesseur, alors qu’elle devait, normalement, se trouver dans les archives administratives de son gouvernorat.
Le plus surprenant dans cette affaire, c’est que le gouverneur de la région de Sousse est toujours aux abonnés absents alors que le directeur d’un journal a tenté moult fois de reprendre contact avec lui pour l’informer des avancées des travaux de ce café illégal, mais également de la publication d’une requête de l’opposition des citoyens à voir leur rue gravement perturbée par des consommateurs véhiculés.
Ne parlons pas du danger permanent que causera la circulation automobile et aux enfants et aux personnes âgées aussi.
Que Si Jamel ne daigne pas, des jours durant, répondre à un journaliste, de surcroît directeur de deux médias et doyen des directeurs des journaux tunisiens, est en soi «un comportement bizarre» qui laisse supposer que la propriétaire de ce futur café est puissante, voire ayant ses entrées dans les hautes sphères locales.
Ici je tiens à rappeler au représentant du chef de l’Etat à Sousse que Omar Ibn El Khattab a bien conseillé à ses gouverneurs, qu’une fois installés dans les territoires conquis, de ne pas omettre «d’ouvrir les portes de leur résidence et de faciliter la tâche à leurs différents sujets». Or, le gouverneur de Sousse est toujours absent, «excusez-moi» nous lance sa secrétaire «il est en réunion» continuellement, voire en «inspection avec un secrétaire d’Etat» débarqué en ville.
Comme si ce dernier est plus important que le Doyen des Directeurs de journaux tunisiens. Chercher des noises aux directeurs des médias, puis aller se plaindre autour de soi de «leur rébellion» vis-à-vis du régime.
Affaire à suivre…
M’hamed Ben Youssef