Le départ «souhaité» de Zbidi de la défense est-il un prélude à la mise sous influence de l’armée ?

Le départ «souhaité» de Zbidi de la défense est-il un prélude à la mise sous influence de l’armée ?
National
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Le «départ» du ministre de la défense, M. Abdelkrim Zbidi, de son poste, annoncé de manière officieuse sur les ondes de radio Mosaique, laisse les Tunisiens perplexes sur ce nouveau gouvernement que nous promet M. Ali Laareyedh, et qu’il devrait communiquer au plus tard ce vendredi. En effet, il semble que dans une rencontre amicale avec Omar Shabou, le patron du quotidien «Le Maghreb», M. Abdelkrim Zbidi lui a exprimé sa décision de ne pas faire partie du prochain gouvernement en formation, une info relayée et presque confirmée avec l’annonce déjà du nom de son successeur, un retraité de 70 ans, M. Abdelhak Lassoued. Le ministre de la défense a avoué à son interlocuteur son inquiétude quant à la poursuite de la même démarche pour la formation du prochain gouvernement qui répond à une approche politique et idéologique alors qu’il était plutôt favorable à un gouvernement de technocrates au dessus des contingences partisanes, lui prédisant un échec comme celui vécu par le gouvernement de la Troïka, ce qui ne pourrait avoir que des conséquences désastreuses sur la situation du pays. De plus, M. Abdelkrim Zbidi a souligné qu’il n’est plus possible de continuer à avancer dans ce flou total sans feuille de route claire, et sans une date précise pour la rédaction de la nouvelle constitution et pour la tenue des prochaines élections législatives et présidentielles. Ceci est d’autant plus vrai que la situation sécuritaire dans le pays ne peut plus supporter une telle inconsistance. Enfin, il a manifesté sa contrariété quant au manque voire à l’absence de coordination avec les autres institutions de l’Etat, ici avec le président de la République qui aurait changé de position quant à la levée de l’état d’urgence. Celui-ci aurait accepté, conformément aux vœux de l’armée nationale, de lever cet état d’urgence dans une rencontre avec le ministre de la défense avant de se rétracter et de l’annoncer sans se référer de nouveau à ce dernier. La rapidité avec laquelle Ali Laareyedh et Ennahdha semblent avoir accepté ce départ inattendu de M. Abdelkrim Zbidi et le ballon d’essai lâché de l’éventuelle nomination de M. Abdelhak Lassoued, qu’on soupçonne d’être proche des islamistes, ne peuvent que provoquer la suspicion quant à la neutralité future du ministère de la défense nationale et de l’armée nationale, les seules institutions de l’Etat qui bénéficient de l’approbation, du soutien et de crédibilité auprès des citoyens. Car et jusque-là, le ministre, en collaboration avec les premiers responsables de l’armée, avaient réussi à préserver l’armée des conflits politiques et idéologiques, et à la maintenir au dessus de la mêlée. Mais et avec ce scénario, les islamistes vont essayer de faire aussi main basse sur la principale institution qui s’était attaché jusque-là à défendre la République et ses valeurs. Une telle éventualité serait extrêmement dangereuse pour l’avenir du pays et pour ses aspirations démocratiques, et elle va certainement ouvrir la porte à une nouvelle polémique qui risque d’amplifier la déstabilisation du pays et de menacer sa sécurité.



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