Après S&P's voici Moody's : la Tunisie pas à pas vers la faillite ?

Après S&P's voici Moody's : la Tunisie pas à pas vers la faillite ?
National
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C'était S&P's la semaine dernière, voici Moody's cette fois qui nous envoie ce jeudi au bas de l'échelle. Au total des notations tous barèmes confondus tous les notateurs s'accordent désormais pour livrer la même impression. Nous sommes dans une situation "spéculative" face aux bailleurs de fonds. Ce qui veut dire que nous ne sommes plus "jouables" pour les investisseurs sur le marché obligataire international et que l'augmentation des taux d'intérêt ne pourra pas résoudre le problème. Est-ce les prémisses d'une cessation de paiement ? Pourtant, l'actuel Gouverneur avait pu convaincre Moody's de nous accorder un "investment grade". C'était en automne 2012. Chedly Ayari a pu même décrocher des emprunts publics substantiels auprès du Japon dont l'agence de notation avait bien voulu s'associer à Moody's, pour nous en faciliter l'accès. Mais depuis, tout a basculé. L'attaque de l'ambassade américaine, le trafic des armes, les balles à grenailles à Siliana et pour boucler la boucle, les assassinats politiques dont Chokri Belaïd en est l'emblème, ont dû peser lourdement alors que le FMI passait au peigne fin nos comptes et nos institutions. Ce sont principalement les raisons politiques qui cette fois ont pesé. Technocratie ou Médiocratie, il faut choisir ! C'était juste le temps d'une épopée mal partie qui a fini par basculer de l'aveu même de l'ancien chef de gouvernement. Hamadi Jebali avait beau calfeutrer-enjoliver la situation, il a fini, comme son ancien ministre des Finances d'ailleurs, par jeter à son tour l'éponge, convaincu que seule une équipe apolitique et technocrate serait en mesure de remettre l'économie à flot. Une sorte de reconnaissance implicite (mais ô combien criante) aux choix de son prédécesseur Béji Caid Essebsi. Il avait raison de s'excuser aux yeux des Tunisiens. A en considérer les chiffres annoncés jusque-là par l'INS et relayés par la BCT, il paraitrait que tout va pour le mieux. Chômage réduit, mais demeure à plus de 16% ; export en hausse, mais déficit croissant, import exponentiel, budget dur à combler, investissements étrangers en hausse, mais ne concernant que les opérations sur portefeuille de ventes sur saisies, croissance du PIB molle, mais "ce n'est plus de la récession"... La Tunisie laissait croire qu’elle sort d’une période d’indétermination, la condamnation de la violence est unanime, le peuple a repris la parole, dans une diversité plurielle, pour ne plus la céder, la liberté d’expression y est comme elle ne l’a jamais été auparavant, les jeunes sont là, les femmes en première ligne, la société civile en grande vitalité, etc. Autant de non-clartés qui ont fait se délier la langue des experts en analyses macro-économiques. Quand les experts enfoncent le clou ! D’après le président de l’Association Raid Attac, Fethi Chamkhi, "le solde de la dette tunisienne extérieure s’élève, actuellement à 30 milliards de dinars, contre 24 milliards de dinars, fin 2010, et 4,7 milliards de dinars, en 1987". Il précise même que "le rythme de l’endettement s’est fortement accéléré au cours de ces deux dernières années, y compris l’année 2013, passant à une moyenne annuelle de 4,5 milliards de dinars". Or selon cet expert "cette accélération, bien qu’elle soit exigée par les besoins d’une économie sinistrée, suite aux évènements de la révolution, dépasse de loin nos capacités de remboursement" faisant état "d’un grave dérapage de la Tunisie vers le surendettement". Selon Ezzedine Saidane, "le principal défi pour la Tunisie pour faire face au problème du chômage consiste en la création d’une moyenne de 100.000 emplois par an, ce qui est tributaire de la réalisation d’une croissance annuelle à hauteur de 7 à 8%, et la mobilisation d’investissements, de l’ordre de 28 à 30% du PIB".Or les autorités viennent de reconnaître que les prévisions d'un taux de 4,5% en 2013 ne sont plus d'actualité et compte tenu de la situation, il faudrait revoir et corriger ce taux à la baisse. Chose qui fait dire à d'autres analystes que le taux d'inflation réel aurait atteint les 10% si l'on tenait compte d'une liste de produits hors compensation. Maintenant, il faut voir comment toutes ces forces démocratiques peuvent se rassembler, se mettre en cohérence et s’organiser. Car, on voit mal comment cette démocratie naissante peut être captée par un seul parti, quel que soit ce parti. Il faut faire vite, il y a d'ores et déjà péril en la demeure.



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