Ghannouchi ratisse large en «neutralisant» les ministères de souveraineté mais quid de la Constitution ?

Ghannouchi ratisse large en «neutralisant» les ministères de souveraineté mais quid de la Constitution ?
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Rached Ghannouchi ne s’est pas départi de son discours habituel, notamment en ce qui concerne certaines questions ayant trait aux salafistes ou à l’assassinat de Chokri Belaid, aujourd’hui dans une interview matinale à Radio Kalima. La principale révélation qui a été faite par le leader islamiste a trait à sa décision de nommer des personnalités indépendantes à la tête des quatre ministères de souveraineté, le ministère de la défense qui restera aux mains de M. Abdelkrim Zbidi, le ministère des affaires étrangères, le ministère de la justice et bien sûr le ministère de l’intérieur sur lequel il demeurait jusque-là inflexible. Qu’est-ce qui motive ce changement d’attitude ? Est-ce une prise de conscience subite de l’intérêt supérieur du pays ou bien tout simplement une concession consentie à une revendication de l’ensemble des forces politiques du pays ? A travers cette concession, Rached Ghannouchi conforte la coalition qui devrait participer au prochain gouvernement qui sera formé par Ali Laarayedh. Autrement dit, on passera d’une troïka à une coalition de cinq ou six partis qui étaient disposés à y prendre part à condition de neutraliser ces ministères. De même, Ennahdha demeure fidèle à sa ligne directrice initiale en maintenant dans son giron un parti comme Ettakatol qui avait conditionné clairement sa participation au nouveau gouvernement à la nomination de personnalités indépendantes à la tête des ministères régaliens. Enfin, Ennahdha met dans une situation inconfortable quelques formations de l’opposition qui avaient fait de cette revendication leur seul cheval de bataille. Désormais, elle aura du mal à repousser une invitation à prendre part à ce gouvernement. Il est probable que seul «El Massar» et probablement Nidaa Tounès feront défaut, eux qui réclament un gouvernement de technocrates. Mais et indépendamment de ce changement d’orientation auquel nous a habitué Ennahdha depuis sa prise du pouvoir, il est clair que le véritable enjeu sur lequel table les Islamistes demeure le contenu de la constitution. C’est celle-ci le véritable enjeu de la prochaine période. Bien sûr et outre une meilleure gestion souhaitée et souhaitable des affaires de l’Etat pour tenter de répondre aux préoccupations des citoyens, et outre l’éventuelle «trêve» politico-sociale dont pourrait bénéficier ce nouveau gouvernement, Ennahdha vise surtout l’adoption de deux grands projets : la Constitution elle-même où il sera difficile aux nouveaux alliés de ne pas se conformer aux désidératas des Islamistes sur cette question et la loi d’exclusion pour laquelle elle a déjà de solides alliés comme le CPR et son «annexe» Wafa. C’est cela le véritable examen pour Ennahdha. Ses concessions d’aujourd’hui, qui peuvent servir de base pour un consensus national global, ne seraient sincères que si la Constitution réponde aux ambitions des Tunisiens de mettre en place les fondements d’une véritable démocratie pluraliste et civile qui garantisse réellement l’exercice des libertés publiques et l’alternance pacifique au pouvoir.



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