Sahbi Atig pousse la députée Ben Toumia à la démission : Entre misogynie et politique des deux poids deux mesures

Sahbi Atig pousse la députée Ben Toumia à la démission : Entre misogynie et politique des deux poids deux mesures
National
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C'est dans un entretien paru sur les colonnes de l'hebdomadaire Assabah Al Ousbouii que le président du groupe parlementaire d’Ennahdha appelle la députée Ben Toumia à se démettre de son mandat au sein de l’ANC et pour cause... ses interventions certes empreints d'une naïve sincérité mais souvent burlesques et frisants parfois le ridicule. Bien que l’argument soit largement justifié sur le fond, il n’en demeure pas moins que ces reproches faits à l'honorable madame Ben Toumia ne donne en aucun cas le droit au président du bloc parlementaire d’Ennahdha de quasiment la révoquer. Cette dernière, élue par le peuple, a parfaitement le droit de ne pas donner suite à cet appel, de continuer à siéger en dehors du groupe nahdhaoui et même de rallier un autre groupe parlementaire si telle est sa volonté. Rien en droit, ni en éthique ne l'oblige à céder sa place, sa décision est plus que souveraine en la matière. Cela étant dit, il y a dans cette affaire un élément particulièrement scandaleux. En effet, outre le fait que la commission d'investiture des candidats d'Ennahdha aurait pu faire preuve de plus de diligence dans le choix de leurs candidats, il y a dans cette volonté de bannir madame de Ben Toumia des bancs de l'ANC un air de deux poids deux mesures. Ainsi, si d'aventure Sahbi Atig, le chef du bloc nahdhaoui au sein de l'ANC voulait faire le ménage et bannir les éléments les plus problématiques, il devrait peut être en faire de même pour un certain Sadok Chourou, l’auteur de l'horrible appel à l'application du châtiment de la «7iraba» sur les auteurs de sit-in et autres manifestants réclamant leurs droits sociaux. Idem pour le député Ali Fares qui, en pleine séance publique, s'en est allé défendre les personnes impliquées dans l'assassinat du défunt Lotfi Nakdh voyant presque dans ce crime odieux quelque chose qui s'apparente à un acte révolutionnaire. Cela sans oublier la députée Jawhra Ettis et sa fameuse envolée lyrique sur les tatars ou encore son intervention refusant tout rôle au leader Bourguiba dans l'instauration des droits de la femme ou encore le député "muet" du groupe Ennahdha, qui toujours calé dans son fauteuil n'a jamais fait d'intervention publique (député dont j'ai oublié le nom). En conclusion, Sahbi Atig dans un mélange de misogynie et d’une évidente partialité, s'est attaqué à la députée la plus fragilisée de son groupe, une représentante du peuple qui s'est peut être retrouvée là par défaut et qui honnêtement n'a pas l'étoffe pour siéger dans cette institution, mais qui est là par la volonté des électeurs et ça personne ne peut lui enlever... ni la démettre de son mandat. Pour résumer le propos, monsieur Atig voulant en apparence bonifier le travail de son groupe, n'a pas trouvé mieux que s'attaquer à la plus vulnérable des députées, celle qui est la risée de la toile et surtout des réseaux sociaux. N'aurait t-il pas été plus judicieux de la recadrer en interne et cela à sa première bourde, avant de la laisser enchainer intervention-gag sur loufoque-envolée. Le rôle premier d'un président de groupe n'est-il pas de coordonner le travail de ce dernier, d'organiser les temps de paroles, de choisir les sujets sur lesquels interviendraient les députés et le choix des éléments de langage pour tout sujet traité. La députée Ben Toumia a souvent fait rire l'hémicycle, mais elle ne fut pas la seule à le faire et la designer aujourd'hui comme le seul élément problématique de par le rendement relève de la logique du bouc émissaire à qui on fera porter seul le chapeau. En effet, si madame Ben Toumia est sans aucun doute tout à fait experte dans l’art de la bourde politique et des perles du langage, alors M. Atig, pourquoi ne pas réclamer la démission d’un Rafik Abdessalem ? Ce dernier, aussi bien sur la longueur de nos côtes, la capitale de la Turquie que les naufragés des bateaux de la mort, le nom de l’ex et de l’actuel ministre des Affaires étrangères de la France etc… n'a t-il pas fait pouffer de rire des millions de Tunisiens. Ah j’oubliais, un détail de taille monsieur Rafik Abdessalem, ne porte t-il pas à son coup un précieux «collier d’immunité», celui délivré par le guide suprême… n homme averti, le Sieur Atig, ne s’attaquera donc naturellement pas aux protégés du roi... Elémentaire mon cher lecteur.



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