Les «technocrates» enterrés, place aux compétences «politiques» !

Les «technocrates» enterrés, place aux compétences «politiques» !
National
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L’initiative de Hamadi Jebali a été tuée dans l’œuf ! C’est le constat qui a été fait par le Premier ministre lui-même qui l’a annoncé ce soir à la presse. Hamadi Jebali a donc reconnu son impuissance à former un gouvernement composé de technocrates selon ses vœux comme il l’avait souligné le jour même de l’odieux assassinat de Chokri Belaid. Il faut simplement rappeler que son initiative n’était pas fortuite dans la mesure où elle était intervenue dans un contexte très particulier, l’exécution du leader des Patriotes démocrates ayant suscité une réaction de colère de l’ensemble du peuple tunisien, ce qui a pris de court et surpris les caciques d’Ennahdha et les gouvernants actuels. Cela revient-il à dire que Hamadi Jebali a buté, en apparence, sur le refus catégorique de son propre parti et de son chef, Rached Ghannouchi, pour clamer son incapacité et son échec à aller jusqu’au bout de son idée, une idée défendue après les élections du 23 octobre dernier par quelques partis de gauche ? En réalité, et comme nous l’avions affirmé dès l’annonce faite par Hamadi Jebali de pouvoir former un gouvernement de technocrates, cette initiative n’avait pas pour autre but que de désamorcer la grave crise dans laquelle risquait de sombrer le pays après le second assassinat politique après la révolution. Elle versait directement dans l’intérêt d’Ennahdha qui était à l’époque aux abois alors qu’elle était accusée d’être directement ou indirectement derrière l’exécution de Chokri Belaid, et d’avoir complètement échoué dans la gestion des affaires gouvernementales. Une manœuvre intelligente pour détourner l’opinion publique et la focaliser sur une question qui était déjà sur la table depuis plusieurs mois. Le Premier ministre va donc s’orienter vers le président de la République pour voir quelle solution adopter pour l’avenir tout en se «félicitant» que les points de vue des différents partis sondés se seraient rapprochés. Autrement dit, Moncef Marzouki va confirmer Hamadi Jebali à son poste, Ennahdha placera les ministres qu’elle souhaite notamment aux ministères de souveraineté principalement l’Intérieur et la Justice, alors que les partis qui accepteront de se «mouiller» avec les islamistes n’auront que quelques portefeuilles techniques à se mettre sous la dent ! C’est là, le but avoué de Rached Gahnnouchi et d’Ennahdha qui souhaitent un gouvernement de compétences, mais politiques, de façon à garder la mainmise sur ce qu’ils considèrent comme essentiels dans une perspective d’avenir. Et le plus important, c’est-à-dire un véritable consensus national sur les questions cruciales se rapportant à l’avenir du pays, comme une constitution qui consacre un Etat civil respectueux des droits de l’homme dans leur universalité, un code électoral démocratique, des instances réellement indépendantes pour la tenue des élections, les médias et la justice, seront, une nouvelle fois, laissés de côté voire complètement noyés dans cette hantise de la recherche des postes de responsabilités par la plupart des membres de la classe politique.



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