Avec son initiative pour "sauver la Tunisie", Jebali en voie de confirmer sa stature d'homme d'Etat

Avec son initiative pour "sauver la Tunisie", Jebali en voie de confirmer sa stature d'homme d'Etat
National
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Lotfi Ben Sassi, éditorialiste à La Presse, a tout dit dans son dessin quotidien. Avec l'humour en prime! Le personnage de Ben Sassi, croqué dans la grande tradition de Reiser, intervient après l'annonce de Jebali de former un gouvernement de technocrates et les divisions apparues parmi les ministres de la Troika. Cinglant, le quidam au nez rose et à l'allure d'un volatile lance un terrible : " Il y a ceux qui veulent sauver la Tunisie et ceux qui veulent sauver leur salaire"! On ne peut mieux dire devant la levée de boucliers à Ennahdha et au CPR face à l'initiative de Hamadi Jebali. Le courage et le sens des responsabilités de Hamadi Jebali sont à saluer et démontrent également la clairvoyance de ses principaux conseillers. Il semble en effet désormais acquis, même si son initiative en faveur d'un gouvernement de technocrates n'aboutissait pas, que Jebali a convaincu les Tunisiens de sa sincérité, en écoutant toutes les voix y compris celles qui ne provenaient pas de son propre camp. Cette attitude gaullienne de Jebali, son souci du respect des règles juridiques dans sa démarche, le fait qu'il ait mis son destin politique en jeu si sa tentative échouait lui taille un costume d'homme d'État, lui donne un statut de rassembleur. La réaction du public est également remarquable : elle démontre que les Tunisiens ne rejettent aucun courant politique par principe et qu'ils attendent les femmes et hommes providentiels quelque soient leurs partis. Secrétaire général d'Ennahdha, Hamadi Jebali a su parler à tous les Tunisiens au-delà de son parti et, en toute hypothèse, malgré les caciques du mouvement auquel il appartient. Dans un passé récent, Abdelfattah Mourou a su lui aussi bousculer les lignes et convaincre tous les Tunisiens. Ce fondateur et vice-président d' Ennahdha avait ainsi démontré que son parti pouvait adopter un pragmatisme constructif. Cela lui a valu d'être agressé à plusieurs reprises. Tout comme Jebali est aujourd'hui conspué par les jeunes d'Ennahdha qui ne se reconnaissent pas dans sa main tendue au peuple tunisien dans son ensemble et à la classe politique par delà les chapelles. Toutefois, de nombreux écueils attendent le chef du gouvernement et sa courageuse démarche. Premier d'entre eux, un désaveu de son propre parti qui pourrait intervenir ce jour même a l'issue de la réunion cruciale du conseil de la choura d'Ennahdha. La formation islamiste ne fait pas de mystères quant à son rejet de l'initiative Jebali de nommer un gouvernement de technocrates et sa préférence pour une autre formule. Second écueil, une rebuffade toujours envisageable lorsque Jebali proposera son nouveau gouvernement aux députés de l'ANC. Si Jebali arrive jusqu'à eux, nos députés élus le 23 octobre 2012 avec un mandat restreint et une légitimité limitée à un an sauront-ils être a la hauteur de leur responsabilité historique en cette heure grave? Jebali sera-t-il acculé à démissionner après cette initiative qui a montré ses qualités humaines et politiques? La ligne Ghannouchi-Marzouki l'emportera-t-elle dans un binôme auquel Ettakatol devrait tourner le dos puisque favorable à l'initiative Jebali? Pleins d'incertitudes, les prochains jours nous l'apprendrons alors que Hamadi Jebali, dont les déclarations intempestives au sujet du califat avaient inquiété, est remonté dans l'estime des Tunisiens et conquis sa stature d'homme d'État, soucieux du bien public, au-delà des agendas partisans. Même si, invoquant le classique double langage propre à Ennahdha, certaines voix dans l'arène politique doutent de sa sincérité et évoquent un partage des tâches en trompe l'œil dont l'intransigeant Ghannouchi serait l'architecte.



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