L’attelage troïka : qui c’est le cocu dans l’affaire ?

L’attelage troïka : qui c’est le cocu dans l’affaire ?
National
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On ne le sait que trop bien, une relation à trois partenaires se passe souvent mal… forcement… il y a toujours un cocu dans l’affaire… et aussi patient soit-il, ce dernier finit un jour ou l’autre par avoir une réaction d’amour propre. Le ménage à trois constitué au lendemain des élections de la constituante, après avoir fait montre de plus au moins de stabilité, semble traverser une sérieuse zone de turbulences et le navire au triple commandement est en train de tanguer dangereusement. Bref, après un an et des poussières de vie commune pour la troïka, les disputes sur fond de reproches réciproques ont fini par s’installer dans le quotidien de ce trio, rendant leur vie un long fleuve « pas du tout » tranquille. En effet, tout dans les composantes de cette alliance triangulaire prédisposait à une relation conflictuelle ; un partenaire dominant et autoritaire (Ennahdha), un deuxième de nature versatile (le CPR) et enfin un troisième bien sous tous rapports en l’apparence, mais adorant les manigances et manipulateur « ta7t 7ess mess ». Les histoires de ménage (plus encore lorsqu’il s’agit de politique) sont souvent émaillées de trahisons ; alors en l’espèce qui cocufie qui ? Nous le verrons un peu plus tard. Ah ! S’écriront d’indignation les âmes chastes… un ménage à trois n’est-il pas déjà une relation par définition marquée du sceau de la traitrise… soit, devrons-nous admettre, mais passons outre cet aspect moral des choses et réfléchissons ensemble à la question ; qui a bien pu poignarder l’autre dans le dos ? Sur cette interrogation, les avis ne manqueront certainement pas de diverger, chacun allant de son propre sentiment et surtout de sa proximité avec l’une ou l’autre des composantes de la troïka. Ainsi, les anti Enahdha primaires diront, « mais bien sûr, ça ne peut être que la bande à Ghanouchi, regardez ce qu’ils ont fait à leurs anciens grands potes Nejib Chebbi et Hama Hamami et bien d’autres... ne dit-on pas « qui a bu boira », donc sans hésitation, les traitres c’est bien eux.Quant aux takatolo-allergiques ils ne manqueront pas de soulever la volte-face du sieur Ben Jaâfar, qui après avoir juré qu’il ne ferait jamais alliance avec les nahdhaouis, s’en est allé tête devant plonger dans une alliance avec ces derniers. Enfin, les antis CPR maladives évoqueront les sautes d’humeur répétitives de ce parti qui a la facilité déconcertante de basculer de la zen attitude intégrale à l’hystérie totale et inversement… pour un oui ou pour un non. Pour faire court, il ne faut pas chercher qui a trompé l’autre, tous sont en quelque sorte autant cocus que « cocufiés ». Tout d’abord, Ennahdha pensait avoir des partenaires dociles et surtout bénéfiques pour son nouveau label de force politique soluble dans la démocratie. Le CPR, pour sa part, était confiant dans sa capacité de dominer le géant Nahdhaoui et l’incliner vers sa propre ligne politique. Enfin, Ettakatol, de par sa très bonne image d’avant élections, se sentait fort de la caution sociale-démocrate qu’il apportait à la coalition et rêvait lui aussi d’infléchir les nahdhaouis dans le sens de ses idéaux. En somme, autant Ennahdha, qu’Ettakatol que le CPR, tous sont tombés dans le panneau du classique du genre humain à savoir « je finirais bien par changer mon partenaire » et comme « dab » ça rate toujours, si ce n’est l’inverse qui finit par se produire. Comme on a pu le constater, malgré quelques concessions faites ici et là, chaque camp campait sur ses positions et voulait fructifier sa présence dans l’équipe gouvernante pour en tirer un bénéfice politique pouvant s’avérer précieux à l’occasion des prochaines échéances électorales. Cette alliance qui se voulait être un pacte gagnant-gagnant n’aura, au total, pas beaucoup résisté, car tout dans ce ménage rimait avec incompatibilité et hétérogénéité voir même avec antinomie à propos de certaines questions politiques fondamentales. En résumé, la troïka, cet attelage artificiel, aura tenu le coup, surtout dans l’adversité et a su se montrer uni et même offensif face à une opposition accrocheuse, mais tout porte à croire qu’il va se renverser net pour cause de ses contradictions internes et la tendance de chacun des partenaires à tirer la couverture vers lui. Morale de l’histoire, en politique comme en amour, les histoires de ménage à trois finissent toujours très mal... Comme du reste le cas du classique couple à deux, qui de plus en plus, a tendance à se fracasser assez rapidement.



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