Vainqueur du prix «la girouette d’or» : Goumani éjecte l’indéboulonnable M. Ben Jaâfar de son trône

Vainqueur du prix «la girouette d’or» : Goumani éjecte l’indéboulonnable M. Ben Jaâfar de son trône
National
print



Du milieu des islamistes de gauche, à l’alliance citoyenne (réunissant à l’époque l’ex-mouvement Ettajdid, Ettakatol et le PTPD) en passant par le PDP, le probable futur ministre de l’Enseignement a beaucoup «bourlingué» dans la sphère de l’opposition d’avant le 14 janvier 2011. Chef d’un parti à l’audience très limitée, en l’occurrence, le «Parti de la Réforme et du Développement», il n’est pas arrivé à se faire élire comme membre de la Constituante et de ce fait, à l’exception de quelques sporadiques sorties médiatiques, il n’a pu à aucun moment pesé sur le débat national. Son retour sur le devant de la scène allait s’opérer progressivement. D’abord à la faveur de son ralliement à la toute jeune formation appelée «l’Alliance Démocratique» composée d’élus dissidents du PDP. Ensuite par l’évocation de son nom comme possible ministre de l’Education dans le gouvernement Jebali II. A peine remis en selle, le revenant «d’assez loin» Mohamed Goumani se retrouve déjà au centre d’une polémique. D’abord au sein de sa propre formation ; qui accepte mal de voir un rallié de dernière minute partir sous d’autres cieux alors qu’il vient à peine de débarquer et surtout de le voir s’affranchir de la décision de son congrès national de ne pas donner suite aux offres de participation à l’exécutif faites. Ensuite, au sein de l’opposition à la troika au pouvoir qui souhaite donc rester unie dans le refus d’un remaniement de façade et qui s’active pour que les ralliements personnels de type opportuniste ou encore les tentatives de débauchage qui se font dans ses rangs, ne passe pas dans l’opinion comme le signe d’une réelle ouverture de la troïka. Mohamed Goumani et son alter ego, le sieur Fathi Touzri jouant souvent de concert, même si brouillés par moments, vont, dit-on, faire leur grandes retrouvailles en siégeant ensemble dans un même gouvernement. Pour l’un comme pour l’autre, l’attrait du strapontin ministériel semble l’avoir emporté sur toutes autres considérations et cela au mépris de leurs déclarations précédentes où ils écartaient toute idée d’alliance avec la troika. Pour le cas Goumani, le 12 novembre de l’année écoulée (pas si éloignée comme date) ce dernier a été invité à s’exprimer sur les ondes d’Express FM sur la création du nouveau parti «l’Alliance démocratique». Voilà ce qu’il disait mot pour mot : «l’Alliance démocratique entend être une force de propositions au service du progrès de la Tunisie et ambitionnait de diversifier le paysage politique et de contourner le piège de la tripolarisation actuelle : Ennahdha, Nidaa Tounès et le Front Populaire». Et d’ajouter par la suite sur une question portant sur Ennahdha : «je considère ce parti comme un concurrent pour l’Alliance démocratique qui entend participer, de manière significative et sur un même pied d’égalité que les autres partis, aux prochaines échéances politique». Dans la catégorie girouette, comme dans l’exercice du virage à 180° ou encore dans la discipline «retournement» de veste, on a rarement fait mieux, sauf peut-être le sieur Ben Jaâfar et son successeur putatif à la tête d’Ettakatol, monsieur Khelil Zaouia, qui, durant la période précédent le verdict des urnes, juraient de toutes leurs forces que jamais au grand jamais ils ne seraient dans une coalition avec le parti au pouvoir… La suite, tout le monde la connait. Ce revirement de dernière minute de monsieur Goumani, ne constitue pas un fait exceptionnel dans la sphère politique. La trajectoire en mode «Ibn Batouta» consistant à migrer d’un parti à l’autre et d’une alliance à une autre est une constante dans le monde politique. Mohamed Goumani qui commença son parcours politique dans les milieux proches du MTI, pour adhérer par la suite au PDP, formation dominée par des ex-marxistes et s’offrir enfin en 2009 un tropisme du côté des très modernistes Tajdidiens et leurs alliés, est le prototype même du «baroudeur solitaire». Dans cette ordre d’idées, s’il avait été cycliste, il ne reprouverais jamais la tentation de faire des raids solitaires pour aller franchir seul la ligne d’arrivée, sans se soucier évidement de la tactique de l’équipe ou de ses objectifs collectifs. Footballeur, il changerait d’équipe comme il change de chaussettes, tel un Zlatan Ibrahimovic (le talent en moins) ou un Riadh Jelassi (pour prendre un exemple du foot local). Mohamed Goumani est pour la politique ce que sont les chasseurs des primes de victoire ou les primes de signature en sport, seule la prime aux maroquins ministériels compte. Dommage pour le pays, mais dommage aussi pour l’homme, car en d’autres circonstances il a su se montrer en homme indépendant d’esprit et ne craignant pas de rester minoritaire, ne serait ce que pour rester en phase avec ses propres convictions. Mabrouk monsieur le futur ministre, sinon, pour ce qui est de l’éthique, qui était au cœur des enseignements que vous dispensez à vos élèves, on fera l’impasse dessus, juste pour ne pas gâcher votre joie de devenir un homme qui compte dans la République.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : Séance inaugurale du conseil des régions et des districts

Suivant