Cinq points de Béji Caid Essebsi

Cinq points de Béji Caid Essebsi
National
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En rapport avec les événements de Siliana, la chaîne Nessma TV a diffusé dans la soirée du 2 décembre 2012 une rencontre spéciale avec Béji Caid Essebsi, Président du Mouvement Nidaa Tounes, qui a livré ses impressions concernant ces événements et a répondu à bien d’autres questions relatives à la situation politique dans le pays. Au sujet de ces événements, Béji Caid Essebsi considère qu’il existe deux façons de traiter la crise. La première, réduite à la délimitation des responsabilités, aux accusations et contre-accusations, n’est d’aucun intérêt pour calmer la situation, en tirer les enseignements utiles et prendre les mesures qui s’imposent. La seconde, beaucoup plus efficace, consiste à chercher les causes profondes de cette crise et à les traiter radicalement. Caid Essebsi trouve que ce qui s’est passé à Siliana est la conséquence de la pauvreté, du chômage et du déficit de communication avec l’autorité. Ces déconvenues ne sont pas propres à cette région, mais touchent plusieurs régions de la République où la contagion est en train de se propager peu à peu. Pour y faire face, il a proposé un package permettant, d’un côte de résoudre les problèmes immédiats à travers la mise en place d’un gouvernement de technocrates, formé de compétences, et favorisant, de l’autre côté, la transition démocratique dans les meilleures conditions et délais à travers la cristallisation de la feuille de route. À ce titre, il s’est félicité de la teneur du discours prononcé par le Président Moncef Marzouki qu’il a qualifié de responsable et lucide. Il a précisé à cet égard que le Président a été à la hauteur de sa mission à la tête de la magistrature suprême de l’État en recommandant des solutions pertinentes pour sortir de la crise et répondre aux aspirations de la population. Il a apprécié la réaction du chef de gouvernement, Hamadi Jebali, qui a fait prévaloir l’intérêt national sur celui des personnes et des partis politiques en prenant au sérieux les recommandations du Président et en se concertant avec l’UGTT sur les solutions à apporter. Selon Caid Esssebsi, il ne reste plus qu’à passer à l’action pour mettre en route ces orientations. 1-Constitution d’un gouvernement composé de compétences Il s’agit notamment de dissoudre le gouvernement en place et de charger l’actuel Premier ministre ou quelqu’un d’autre de former un nouveau gouvernement limité aux fonctions essentielles de l’’État et composé de compétences dans tous les domaines et pas spécialement les domaines techniques et économiques. À cet effet, Caid Essebsi a réitéré sa proposition de nommer dans les ministères de souveraineté des personnalités indépendantes de sorte à fiabiliser la prestation de l’État dans ces départements sensibles. Il a, par ailleurs, insisté sur l’inéligibilité des membres du gouvernement aux prochaines élections pour garantir davantage de crédibilité à ces élections. 2-Finalisation de la constitution dans un mois S’agissant de la rédaction de la constitution, Béji Caid Essebsi estime qu’au bout d’un mois, le texte pourra être élaboré si les députés se consacrent à discuter le projet élaboré par les commissions. Il pense que le délai d’un mois est largement suffisant pour finaliser la constitution dès lors où les partis politiques ont adopté la même position sur les questions controversées se rapportant à l’identité de l’État, au régime politique et aux acquis de la femme. Quitte à refondre l’organisation provisoire des pouvoirs, Béji Caid Essebsi préconise de ramener l’Assemblée nationale Constituante à cette mission exclusive. Il pense, en effet, qu’il n’est pas du ressort de l’assemblée Constituante de contrôler l’activité gouvernementale et de s’impliquer dans l’élaboration des lois. Il a même proposé la technique du douzième provisoire pour arrêter le budget de l’État sans le concours de l’assemblée. 3-Démantèlement des ligues de protection de la révolution À côté de la dissolution du gouvernement, de la désignation d’une nouvelle équipe dirigeante, de la reconsidération de la mission de l’assemblée Constituante, de la promulgation d’une loi électorale et de l’instauration d’une Instance indépendante pour organiser les prochaines élections dans des délais raisonnables, Béji Caid Essebsi appelle au démantèlement des ligues de protection de la révolution qui sèment la terreur au su des autorités et avec la bénédiction de la Troïka. Il a rappelé à ce propos l’affaire de Lotfi Nakdh qui a été lynché par des membres de la ligue de protection de la révolution de Tataouine, appartenant en majorité au Congrès Pour la République (CPR). Il a également cité la dernière attaque du domicile de Kamel Letaif, se trouvant aux alentours de l’ambassade américaine. Il a rapporté que lors de cette attaque menée par plus d’une centaine de personnes, les assaillants appelaient à la mort de Kamel Letaif et de Béji Caid Essebsi. 4-Ne pas adopter la loi sur l’exclusion La quatrième mesure qu’il prévoit dans le cadre de ce package, Caid Essebsi met en garde contre l’adoption du projet de loi dite d’invulnérabilité de la révolution. Elle représente une exclusion des personnes visées à cause des fonctions qu’elles avaient occupées sous l’ancien régime. Elle se traduit aussi, par une exclusion d’une partie du peuple tunisien en limitant ses choix et sa liberté. Elle constitue, de surcroît, une atteinte à l’indépendance de la Justice qui est la seule habilitée à prononcer des sanctions. Caid Essebsi a fait référence à une décision rendue par la haute cour constitutionnelle égyptienne au sujet d’une loi similaire rejetée par la cour pour inconstitutionnalité manifeste. Il a ajouté que la Tunisie a ratifié des conventions internationales interdisant l’exclusion et la sanction collective. Sans fournir des détails, il a assuré que ce projet ne va pas voir le jour. 5-Appel à une grâce présidentiel Enfin Béji Caid Essebsi a appelé le Président Marzouki à accorder une grâce présidentielle aux personnes arrêtées à Siliana en avril 2011 et aux détenus suite aux derniers événements en estimant que ses mesures pourraient contribuer à l'apaisement de la tension.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

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