Crise financière : « intox et mise au point » ?

Crise financière : « intox et mise au point » ?
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Banque centrale, ministère des finances et Bourse se sont retrouvés à l'occasion des journées "Investia" en ce début novembre. Politique monétaire, projections fiscales et finances ont été mises en débats. C'est que les conjectures diverses qui ont fait florès dans les milieux des affaires et partout ailleurs avaient même fait croire à une crise financière sur la place. Est-ce vrai? Intox a déclaré Chedly Ayari, intox s'est exclamé Besbes, intox a conclu Abdelkéfi. Tirons ensemble l'essentiel de ce "brainstorming". Mettre l'accent sur les investissements Pour le nouveau gouverneur, à qui l’on reproche de ne plus autoriser les banques à gérer du rouge, il précise que celles-ci devront réserver ce recours, plutôt pour les investissements que pour les consommateurs. Il demande à ses derniers davantage de fonds propres pour accéder au complément créditeur. Il faut en effet prendre conscience, avec lui, que le Tunisien, monsieur Tout-le-Monde, est une personne endettée jusqu'au cou, qui en arrive même, à ne plus pouvoir régler sa facture d'électricité. À preuve, les impayés de la STEG se sont élevés à environ 451,7 MD (millions de dinars) fin août 2012, en progression de 28% par rapport à 2011. La Steg précise que ce montant représente plus de 17,15 %, de la valeur globale des factures, estimée à 2 634,5 MD, à fin août de l’année 2012. Il est vrai que les banques privilégient les crédits à la consommation, généralement plus juteux. Mais autoriser "le rouge" dans ce domaine, au détriment des investissements et par delà, mettre encore plus de pression sur le marché monétaire, n'est pas tout à fait du ressort d'une maison de crédit, censée d'abord promouvoir les investissements au sens premier de ce terme, à savoir le financement des besoins de développement ou d'extension des entreprises. Aussi, Ayari en appelle à réduire « les retraits sur salaires » plus connus sous « l’entrée au rouge » assurant toutefois que la BCT n'a pas fixé des interdits irréversibles. Mais que la situation est telle qu'elle veut que l'on passe par une zone difficile. Et il serait bon de "serrer un peu la vis" dit il, pour mieux appréhender la masse monétaire, la maitriser et faire de sorte qu'elle ne ravage pas davantage la situation inflationniste déjà plus que désastreuse. À ses yeux, en rigidifiant la consommation, surtout celle à l'endroit des produits d'importation, on contribue un tant soit peu, à rendre service aux grands équilibres financiers, particulièrement entre les flux des devises qui sortent et celles qui entrent de plus en plus difficilement, par les temps qui courent, sachant que l'export marque encore le pas, tant pour ce qui est exportable, que par la baisse des flux demandeurs à partir des pays européens, eux-mêmes en train de serrer leur propre vis. Il en propose même qu'une notation soit utilisée dorénavant pour octroyer les crédits. Crédits scoring ? Pourquoi pas? Et d'ailleurs, il vient de décider que le taux directeur sera dorénavant proposé au Conseil de la BCT, par un "Think tank" spécialisé. Il y a du bon à prendre dans cette décision, car, être membre au conseil, n'assure pas (en principe) autant de savoir faire que la connaissance technocratique des cadres de la BCT. D'autant plus que le contexte connait un grade volatilité, particulièrement quant aux projets totalement exportateurs dont l'API vient d'indiquer qu'une régression a été affichée (43,5%), ainsi qu'au niveau de l’investissement (57,3%) et à celui des emplois créés (80,4%) pour les neufs mois 2012. Redistribuer les ressources et réduire le déficit Pour Besbes, qui n’assure pas avoir précisé les taux de ponctions sur les niches fiscales alors que des taux d'augmentation ont d'ores et déjà circulé sous forme de rumeurs, rien n'est tout à fait arrêté. Il ne s'agirait que de propositions et encore que les débats internes à son ministère, restent pendants, ce sans parler des débats en fin d'année en ANC que beaucoup considèrent comme n’ayant plus qualité pour décider de quoi que ce soit. Mais le ministre des Finances a néanmoins annoncé d'ores et déjà les grandes lignes du budget 2013. L'année qui vient serait l'occasion de réviser à la hausse la plupart des niches fiscales. Timbres de voyage, vignettes circulation, assurances diverses, carburant, électricité, tabac, boissons alcoolisées...Pour Besbes, il est impératif que le prochain budget soit présenté avec un équilibre acceptable aux yeux des bailleurs de fonds étrangers. En clair, sa proposition c'est que le déficit tienne compte des normes internationales. Celles-ci sont de 3% pour l'U.E alors que la Tunisie terminera 2012 probablement sur un déficit excessif, de plus de 6%. Une première, cependant, le projet du budget de l’État, au titre de l’année 2013, sera également financé par des Sukuks islamiques d'un montant de l’ordre de 1000 millions de dinars (MD)». Slim Besbes a indiqué que cette mesure s’inscrit dans le cadre de l’élaboration d’un cadre légal régissant le financement islamique. Il a insisté sur l’impératif de diffuser une nouvelle culture qui englobe toutes les sources de financement et d’instaurer une complémentarité entre le financement direct et celui indirect. Les sukuks, que l'on peut comparer à des certificats d'investissement, sont des titres hybrides associant la participation pertes et profits (actionnariat) à l'obligation de régler un intérêt minimal. Besoin de grains à moudre Avec une cinquantaine d'entreprises cotées, seulement 5% de financement et une capitalisation d'à peine quelque 20% du PIB, ce malgré un indice représentant deux fois celui de la France en terme de valorisation, la Bourse de Tunis aura été un point de mire en matière de critiques sur son efficience....Abdelkéfi qui préside la BVMT, a assuré néanmoins que ce n'est pas la liquidité qui manque. Il prend appui sur les souscriptions, qui, dit-il, couvrent jusqu'à 40 fois les offres d'introduction. Aussi table-t-il sur l'introduction de 300 sociétés. Mais sans préciser en combien de temps et préfère renvoyer la balle dans le camp de Jébali, tout en lorgnant du coin de l’œil les entreprises nationalisées, mises sous contrôle judiciaire, mais qui tombent en ruine. Abdelkéfi avait pourtant déjà déclaré qu'il n'en restait pas beaucoup qui en valent la peine. En fait, il semble cette fois, porter son intérêt sur les grandes entreprises d'État, à l'instar de Tunisie Télecom , Sonede, Steg , RNTA (Régie Nationale des Tabacs et des Allumettes), et bien d'autres, qui détiennent des quasi-monopoles d'exploitation, etc. Le problème, c'est que 300 entreprises, ce n'est pas une mince affaire, et si actuellement il obtient 40 fois plus de souscriptions aux rarissimes introductions sur le marché, ce serait une autre paire de manches lorsque le flux d'introduction table sur un listing effectif et réel de 300 entreprises. Abdelkéfi, soyons sérieux! Pour le moment, c'est le secteur des banques qui pose problème, car 95% des investissements sont financés par les banques, lesquelles présentent aujourd'hui des bilans qui "inquiètent" les agences de notation internationales, alors que le FMI rapproche encore plus près sa focale sur la Tunisie d'après le 23 octobre.



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