Dream City: entre le rêve et la réalité

Dream City: entre le rêve et la réalité
Culture
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Du 26 au 30 septembre se tiendra à la médina de Tunis comme à celle de Sfax, la 3ème édition de la manifestation artistique et culturelle Dream City. Cette Biennale d'Art Contemporain sur l'espace public et dont le concept, original, repose sur les principes de la proximité du citoyen, de l’Art pour tous, et de la jonction magique entre les catégories sociales se trouve cette année confrontée à quelques difficultés. La première, majeure, est celle de la sécurité. On peut d'ores et déjà imaginer un tant soit peu l'atmosphère générale quand on lit cette question dans le texte de présentation de la manifestation: "A un moment où les artistes sont menacés jusque dans leurs chairs, peut-on encore rêver notre monde?" . Les artistes ont connu (et connaissent encore) des moments difficiles dans une société où l'on découvre l'émergence d'une certaine frange hostile à l'expression artistique. Les exemples ne manquent pas; les incidents de l'Africart, ceux de la journée internationale du théâtre, la tristement célèbre exposition de La Abdellia, le One_man-show de Lotfi Abdelli, le récital de chants soufis et j'en passe. Les agressions répétées contre les artistes ne les ont pourtant pas découragés , et l'édition 2012 de Dream City se pose comme un défi à relever par les artistes eux-mêmes, et ils l’expriment: "Plutôt que de se lamenter sur leur sort, les artistes de Dream City 2012 répondent à la question de « l’Artiste face aux libertés » par le récit et l’imaginaire. Leurs propositions participatives, contextualisées sont comme une force de lutte et de réconciliation d’une société fracturée. Les artistes ont fait le choix de partager leurs codes de création afin de donner tous les outils d’une lecture singulière à chacun et exclure toutes dérives du sens. Le public n’est pas dans « un horizon d’attente » (autour du beau, du geste...) mais participe au sens des propositions artistiques évitant en partie « une possible fracture esthétique » ou une instrumentalisation du geste artistique. Les artistes luttent contre toutes formes de réinterprétation et de ré-information, un des instruments privilégiés de l’ordre dominant." Néamoins, la question sécuritaire se pose, à savoir si les artistes s'exposent réellement à des menaces, d'autant plus que Dream City se joue dans un milieu ouvert avec un accès facile. Les autorités ont-elles prévu des dispositions particulières pour que cette manifestation se déroule dans de bonnes conditions et sans incident ? Y a-t-il eu des précautions particulières prises par les artistes eux-mêmes pour se prémunir d'éventuelles agressions et protéger leurs installations ? La deuxième difficulté à surmonter est celle de l'insalubrité de la médina : un petit tour dans ses ruelles vous fera dégoûter de toute activité: tas d'ordures qui s'amoncellent dans tous les coins de rue, bouches d’égout béantes, monceaux de débris de chantiers, sans parler de vendeurs à la sauvette qui s'installent et bouchent, à plusieurs endroits, les artères de la vieille ville. Mais le plus grand défi reste celui de l'affluence. Les tunisiens, avec tous leurs tracas quotidiens en plus de leur grande inquiétude pour l'avenir "incertain" de leur pays, et de la tension palpable dans la société, ont-ils encore le goût à l'art? Seront-ils motivés pour aller déambuler dans les rues et ruelles de la médina et se divertir, au gré des spectacles et des installations proposés? Dream city qui se veut avant tout une manifestation de la rue et pour la rue arrivera-t-elle à toucher un grand nombre de Tunisiens ou sera-t-elle, comme la plupart des manifestations culturelles, l'apanage d'une élite intellectuelle privilégiée? Les organisateurs , les partenaires et les artistes de Dream City se sont donné tous les moyens pour que cette édition soit une vraie réussite, un long chemin a été parcouru, un défi majeur, celui de vaincre la peur, a été relevé et ils espèrent partager ces moments "manifestifs" avec le plus grand nombre de visiteurs, espérons que les difficultés intrinsèques du cru 2012 soient aussi surmontées, et que la fête commence!



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