Sami El Fehri - Lotfi Zitoun : guerre des mots sur fond d’un spectre d’une nouvelle dictature

Sami El Fehri - Lotfi Zitoun : guerre des mots sur fond d’un spectre d’une nouvelle dictature
National
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L’onde de choc créé par le mandat de dépôt dont a fait l’objet Sami Fehri n’est près de s’arrêter. Cette inculpation qui a surpris plus d’un ne cesse de faire couler de l’encre dans les médias et sur les réseaux sociaux en particulier. Sur les ondes d’Express FM, le président de la chaîne de télévision Ettounsia, possesseur de Cactus Prod, était visiblement affecté par la décision de la Cour d’appel de Tunis qui, selon l’agence TAP, retient la charge de « l’usage illicite des ressources de l’établissement de la Télévision tunisienne ». La voix émue, les paroles saccadées et tremblantes, Sami El Fehri s’est dit prêt à se rendre tout seul en prison tout en rappelant que ses problèmes ont déjà commencé avec Nabill Karoui, entre autres et qu’il souffrait énormément de l’idée véhiculée faisant de lui un proche de Belhassen Trabelsi. Il juge que les procédés utilisés contre lui s’apparentent à ceux d’ « une république bananière ». Dans le même entretien accordé à Express FM, le directeur de Cactus Prod s’est dit victime d’une campagne de pression qui l’a inéluctablement conduit à suspendre les guignols. Poussé à révéler des identités, Sami El Fehri a nommé Lotfi Zitoun, le conseiller politique de Hamadi jebali qui l’aurait contacté pour lui dire sa désapprobation par rapport à ce qu’il faisait sur sa chaîne de télévision. Et l’inculpé d’ajouter une information grave : « Le ministère des finances m’a contacté pour que je démente avoir subi des pressions pour déprogrammer les guignols ». Le président de la chaîne Ettounsia ne voulait pas, selon ses dires, entrer en guerre pour une histoire de « quatre marionnettes » allant jusqu’à révéler la sommation des autorités qui voulaient que la décision de la suspension des guignols relève de la propre initiative du même Sami El Fehri. Des allégations troublantes auxquelles Lotfi Zitoun répond sur les mêmes ondes d’Express FM à coup de démenti et d’accusations visant Sami El Fehri, suppôt de Abdelwahab Addallah et incarnation de la corruption sous le régime de la dictature, aux yeux du conseiller arrogant du chef du Gouvernement. Lotfi Ziton apporte une précision relative au fait que c’est Moez Ben Gharbia qui lui a demandé de donner son appréciation sur l’émission « ellogik Essiassi ». Le conseiller controversé qui dit avoir donné son avis défavorable en « tant que citoyen » dément catégoriquement avoir exercé de pression sur Sami El Fehri tout en soulignant que « la justice suit son cours et nous n’avons aucune influence sur son déroulement » conclut-il. Le conseiller de Hamadi Jebali a appelé l’opinion et les partisans de son mouvement Ennahdha à prendre conscience de la situation et à se mobiliser pour que les symboles de l’ancien soient dénoncés et rendent compte de leur collaboration avec la dictature. Cette guerre des mots à coup de surenchères d’accusations et de démentis ne fait que brouiller les esprits au point de laisse dubitatif et de ne plus pouvoir distinguer le bon grain de l’ivraie. Qui a tort et qui a raison ? Toujours est-il que l’avocate de Sami El Fehri Sonia Dahmani s’est dit sur les ondes de Mosaique FM choquée par les procédés du mandat de dépôt dont son client a fait l’objet. Dans ce genre d’affaire, le temps écoulé qui devait aboutir à l’inculpation exige un minimum de deux mois : « La façon dont la décision a été prise laisse libre cours à la spéculation » a déclaré l’avocate, signalant le non respect du texte de loi en vertu duquel s’est effectuée l’inculpation, et dénonçant par là même la célérité avec laquelle la Cour d’appel a émis le mandat dépôt ». Voilà qui risque d’exarber la polémique et de jeter la suspicion sur les dérives dictatoriales d’un pouvoir plus que jamais sur la sellette.



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