Moncef Marzouki divise le CPR et fragilise la Troïka !

Moncef Marzouki divise le CPR et fragilise la Troïka !
National
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La tentation hégémonique et la politique d’accaparement des fonctions et des postes au sein de l’administration suivie par les Islamistes d’Ennahdha font l’objet de plusieurs critiques acerbes.  Cela peut paraître tout à fait logique lorsque ces critiques émanent de l’opposition, mais lorsqu’elles émanent d’un membre de la Troïka, et plus particulièrement du président de son principal allié, le Congrès Pour la République, et qui occupe aussi la fonction de Président de la république, cela peut faire désordre. En effet, et dans sa lettre adressée aux présents lors du second congrès national du CPR, M. Moncef Marzouki s’est attaqué à Ennahdha qu’il accuse de vouloir reproduire la même politique et de vouloir monopoliser l’administration. Une attitude qui a eu le don d’irriter au plus haut point certains nahdhaouis présents et qui ont préféré quitter la salle en signe de mécontentement. Ce discours peut paraître déplacé pour un chef d’Etat mais celui-ci s’est exprimé en tant que fondateur de ce parti et son chef incontesté jusque-là. Ne va-t-il pas être désigné par ce même congrès en tant que candidat du Parti pour les prochaines élections présidentielles ? Il a aussi provoqué, du moins en apparence, un véritable dilemme au sein même du CPR. Si Hedi Ben Abbes, secrétaire d’Etat auprès du Ministre des affaires étrangères et porte-parole du parti, a estimé que le discours a été mal interprété par les Islamistes, Mohamed Abbou, a confirmé, en revanche, les dissensions entre le CPR et Ennahdha surtout sur la question des nominations aux fonctions administratives sur le plan régional et local. Il nous semble cependant que la donne la plus importante introduite par le discours est que Moncef Marzouki n’a fait que refléter un sentiment général qui préoccupe au plus haut point toutes les forces démocratiques du pays et leur fait craindre le pire quant à une mainmise totale d’Ennahdha sur l’administration et ce que cela peut avoir comme conséquences sur l’avenir de la démocratie dans notre pays. Cette opinion peut avoir des retombées significatives sur le comportement futur des membres du CPR au sein de l’ANC et sur les relations entre les trois alliés de la Troïka. En effet, que ce soit Ettakatol ou le CPR, ils ne semblent pas apprécier ou voir de bon œil les nominations effectuées par Ennahdha dans le secteur de l’information et dans l’administration. En outre, ils ont de profondes divergences sur la nature du régime politique, sur le statut de la femme, sur les libertés individuelles et sur la question de la violence exercée par les Salafistes. Maintenant, est-ce que cela peut provoquer une rupture entre les membres de la Troïka ? Si au sein du gouvernement, nous ne voyons pas les alliés s’entredéchirer, en revanche, on peut s’attendre à de rudes batailles au sein de l’ANC et lors de la rédaction et l’adoption de la Constitution. Le risque de voir le CPR, ou au moins un certain nombre de leurs députés, et Ettakatol rallier les rangs de l’opposition aux tentations fondamentalistes des Nahdhaouis est bien réel.



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