'Changer' le gouvernement est urgent et impératif pour le FMI ?

'Changer' le gouvernement est urgent et impératif pour le FMI ?
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Le Fonds Monétaire International vient d'estimer ce vendredi que la Tunisie serait confrontée à des défis économiques et sociaux urgents après la transition politique en cours. Le Fonds semble reprendre à son compte les arguments développés par l’ancien ministre des finances, M. Hassine Dimassi, lors de sa remise de sa lettre de démission à Hamadi Jébali dans laquelle il précisait en substance qu'il regrettait déjà la manière avec laquelle l’ex-gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha KamelNabli a été viré, lui qui n'arrivait plus à boucler un budget complémentaire en raison d'un surplus monumental à combler pour indemniser les martyrs et autres anciens suppliciés nahdhaouis de l'ancien régime. Le gouvernement, bien qu'il ait été démocratiquement élu, est dominé par les islamistes du parti Ennahda à qui le ministre tunisien des Finances a présenté sa démission fin juillet, en raison des "désaccords grandissants" avec lui en matière de politique économique, monétaire et sociale. "Les dérapages, se sont multipliés visant essentiellement à séduire les classes sociales en prévision des prochaines élections, à telle enseigne que les dépenses de soutien ont atteint des niveaux hallucinants" avait averti Hassine Dimassi. Pour les observateurs sur place, la situation politique en arrivait à un grippage par excès de tensions à la fois parmi les membres de la Troïka, la société civile et la Troïka, et la situation économique confrontées à un rebond de l'inflation. Un tiraillement à la fois incontournable, sans issue visible, et qui pourrait compromettre les grandes configurations des institutions telles que formatées au lendemain des élections du 23 octobre 2011 et par là, faire rentrer le pays dans un cycle de nouvelles crises qui pourraient se déclencher avant même la fin de la transition en cours dont on dit que les élections ont été reportées au printemps 2013, probablement pas avant mars au plus tôt. Or, en poussant dans le sens d’une orientation politique électoraliste, le gouvernement Jebali, dont une rumeur persistante donnant son Premier ministre partant, dans les très prochains jours, a généré selon l'ancien ministre des finances, un grave et brusque accroissement des dépenses de l’État en comparaison avec ses ressources, alors qu’il aurait été plus approprié de concrétiser les attentes de la révolution à travers une attention soutenue aux catégories modestes, en renforçant leur pouvoir d’achat, en créant le maximum possible d’emplois productifs, en développant les régions intérieures délaissées et en revitalisant l’économie tout en préservant les équilibres financiers publics. La confirma nous est venue du FMI qui souligne que " le pays, qui a connu une récession en 2011 avec un recul de 1,8% de son produit intérieur brut (PIB), connaît encore des difficultés notamment sur le front de l'emploi, qui était au cœur de la révolution ayant conduit à la chute de Ben Ali". Au total, et aux yeux du FMI, l'actuel gouvernement ne correspond plus au profil idoine de nature à prendre et exécuter les décisions aptes à conduire le pays vers les objectifs de croissance qu'il s'est fixé pour 2013, notamment en matière d'emploi et qui prévoient une croissance du PIB de 4,5%. Le FMI estime qu’ « après sa transition politique, la Tunisie aura des défis économiques et sociaux urgents à relever. Notamment un taux de chômage élevé et des disparités régionales alors que la reprise de l'activité dans le pays reste sous la menace de l’instabilité de la situation économique et de la faiblesse de l'environnement mondial" comme vient de le relever dans sa note de conjoncture pour le premier semestre 2012 la Banque centrale dont la gouvernance vient à peine de changer de main au profit de M Chedly Ayari: « la récession économique en Europe a eu des répercussions sur le volume des exportations tunisiennes en industries manufacturières. Ces évolutions ont contribué, parallèlement à l'affermissement du rythme des importations, à l'élargissement du déficit courant qui a atteint 4.8% du PIB durant la première moitié de l'année 2012 contre 3.6% pour la même période de 2011. » ______________________________________________ Khemaies El Bejaoui, ancien universitaire en finance (Tunis et Alger), ex-chef de cotation boursière en Tunisie et expert auprès de la Banque mondiale.



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