9ème congrès d’Ennahdha : Le consensus hégémonique !

9ème congrès d’Ennahdha : Le consensus hégémonique !
National
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Le mouvement Ennahdha, héritier du Mouvement de la Tendance Islamique qui a changé de nom pour se mettre au diapason de la volonté du président déchu à l’époque, tient son neuvième congrès au grand jour, fruit de la révolution qui a permis à toutes les sensibilités politiques de s’exprimer en toute liberté. Tant mieux pour la démocratie naissante, que l’on espère voir pousser et non pas tuer dans l’œuf, et pour tous les citoyens qui souhaitent voir éclore une vie politique où ils auront tous leur voix au chapitre. Revenons au 9ème congrès du parti islamiste pour dire qu’il constitue pour ses dirigeants une occasion pour s’exhiber non seulement pour les nationaux mais aussi pour les observateurs et les invités internationaux, diplomates, amis, « frères », etc. Les intervenants parlant au nom du parti qui se sont succédé ont mis l’accent sur la nécessité de rechercher dans le contexte historique actuel le consensus afin de pouvoir trouver des solutions pour rétablir la situation dans le pays afin qu’il retrouve sa normalité. Ennahdha parait encore miser sur la Troïka actuelle, le FDTL par la voix de son secrétaire Mustapha Ben Jaafar et le CPR par la voix de son porte-parole officiel, Hédi Ben Abbes, par ailleurs secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, semblant y tenir plus qu’à la prunelle de leurs yeux et liant leur avenir et leur sort politique à leur grand allié. Ces derniers ne parlent d’une simple alliance politique mais d’une alliance stratégique. Or, et sur un autre plan, Ennahdha semble avoir déjà lancé sa campagne électorale en vue des prochaines élections dont nous ne connaissons aujourd’hui ni la teneur, y aura-t-il des élections parlementaires et présidentielles ou simplement des élections parlementaires puisque le régime politique à mettre en place n’est pas encore connu, ni la date, ni selon quel scrutin elles vont se tenir, ni qui va les présider et les organiser. Bref, on nage encore dans l’inconnu en attendant que le gouvernement en place ne daigne fixer une feuille de route claire quant à ces échéances. En effet, le secrétaire du parti et le chef du gouvernement a clairement déclaré qu’il est à la recherche du consensus qu’il va tenter d’élargir à d’autres partenaires politiques éventuels tout en insistant sur la volonté et l’ambition des siens d’obtenir une avance plus confortable aux prochaines élections. Autrement dit, le chef du gouvernement souhaiterait renforcer l’emprise de son parti sur le fonctionnement de l’Etat pour pouvoir imposer ses vues et ses choix sans possibilité de remise en cause. C’est justement là tout le danger qui guette la démocratie naissante en Tunisie. Cette intention hégémonique recherchée par les détenteurs du pouvoir politique qui ont démontré tout au long de ces quelques mois d’exercice du pouvoir leur volonté de mettre la main sur les structures de l’Etat en usant des mêmes méthodes de gouvernement que leurs prédécesseurs honnis. Que ce soit au niveau des nominations au sein de l’administration où l’appartenance partisane est privilégiée ou en ce qui concerne les méthodes utilisées pour se « débarrasser » des magistrats, on assiste à une véritable reproduction du style de gouvernement des régimes autoritaires et des gouvernants hégémoniques. Dans ce cas, parler de consensus est une simple vue de l’esprit, une utopie qu’Ennahdha utilise à satiété pour tenter de rassurer une opinion publique hostile à toute mainmise d’un parti sur la vie politique et sur les rouages de l’Etat. Car et dans ce cas, ce n’est pas la démocratie que l’on verra naître chez nous, mais le retour d’une dictature larvée.



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