Les campagnes au départ étaient timides : les policiers abordaient, notamment, les couples de jeunes pour un contrôle de papiers (qui n'est pas au-dessus de tout soupçon), ils ponctuaient leurs « interpellations » par des leçons de morale qui laissaient les mêmes jeunes pantois, tant ce genre de remontrances leur est étranger.
Actuellement, les campagnes sont plus corsées et de plus en plus de citoyens se plaignent d'agissements de policiers convertis en donneurs de leçons pas très corrects et qui s'en prennent particulièrement aux femmes qui circulent seules. Les réseaux sociaux ne manquent pas de témoignages à propos d'agents de l'ordre qui agressent des femmes dans la rue. Les jeunes qui choisissent de sortir pour une virée passent, également, de mauvais quarts d'heures avec des policiers qui contrôlent leur identité.
Est-ce des comportements isolés ou le début d'une « moralisation » de la société planifiée et exécutée par le ministère de l'Intérieur ? Est-ce l'étape « obligée » qui permettra aux nouveaux gouvernants d'instaurer le modèle d'une société où toute forme de mixité est bannie, avec une rue où plus aucune femme ne se hasarderait à se promener sans voile ?
Nos policiers sont-ils en passe de devenir des brigades de « moeurs » à l'instar de ceux qui sont en vigueur en Arabie Saoudite et qui obligent les gens à aller faire la prière sous peine de se faire emprisonner ou flageller.
Cela dit, les méthodes de nos policiers n'ont encore rien à voir avec lesdites brigades saoudiennes, mais pas mal de gens ont fait les frais de ce vent de « moralisation », comme Rym El Benna.
Les inquiétudes ont pris une ampleur telle qu'ils font la Une de pas mal de médias. Le quotidien La presse a même consacré une large enquête dans son édition d'aujourd'hui où il se pose des questions sur le rôle du ministère de l’Intérieure dans ces campagnes.
La question est de savoir s'il faut avoir réellement peur de ces agissements, s'ils constituent quelque chose de passager ou le prélude à une islamisation à outrance de la société dont les maîtres d’œuvre seraient au ministère de l'Intérieur ?