Baghdadi Mahmoudi: Samir Dilou le "condamne" à l'extradition !

Baghdadi Mahmoudi: Samir Dilou le "condamne" à l'extradition !
National
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Faut-il oui ou non extrader Baghdadi Mahmoudi en Libye ? Aujourd’hui, il semble que l’extradition de Baghdadi Mahmoudi n’est qu’une question de temps pour ne pas dire une question d’opportunité. C’est ce qui ressort des déclarations, hier sur les ondes de Shems Fm, de Samir Dilou, le ministre des Droits de l’Homme et de la Justice Transitionnelle, qui a estimé que cette question est définitivement tranchée. Samir Dilou a commencé d’abord par affirmer que la Justice tunisienne s’était prononcée en faveur de son extradition et que les procédures judiciaires se rapportant à cette problématique se sont achevées et qu’il n’y a donc plus d’obstacles juridiques pour terminer l’opération. Ensuite, il a souligné que les deux autres conditions nécessaires qui sont les garanties avancées par les autorités libyennes dans le traitement de Baghdadi Mahmoudi ont été assurées y compris par les plus hautes autorités libyennes. Ces deux conditions sont la garantie du respect de l’intégrité physique de Baghdadi Mahmoudi ainsi que la garantie de la tenue d’un procès équitable. Samir Dilou a même dit que les conditions de détention que l’on a préparées en Libye pour le prévenu sont meilleures que celles dont il bénéficie en Tunisie. (Sic !) En troisième lieu, le ministre des Droits de l’Homme, qui se dit favorable à cette extradition a avancé comme argument qu’il avait pris connaissance d’enregistrements sonores dans lesquels Baghdadi Mahmoudi ordonnait à ses hommes de commettre des viols, ce qui le rendrait responsable de crimes de droit commun, et justifierait par conséquent son extradition. Enfin, Samir Dilou a avancé comme dernier argument que la récente visite d’une délégation tunisienne en Libye avait obtenu toutes les assurances de la part des autorités locales des conditions de traitement et de détention qui seront « offertes » à Baghdadi Mahmoudi. Si le principe de son extradition est désormais retenu, il ne reste donc plus qu’à passer à l’exécution et à extrader le prévenu dans son pays. Sur ce plan, et malgré ses assurances, Samir Dilou ne manque pas de se contredire. En effet, il avance d’un côté que le gouvernement et la présidence de la république sont d’accord sur le principe de l’extradition, ce qui expliquerait la présence de représentants de la Présidence de la république au sein de la délégation qui s’était déplacée en Libye. Mais, et d’un autre côté, il a avancé que l’exécution de l’extradition interviendrait lorsque la facture politique de son extradition ne sera pas onéreuse pour notre pays, c’est-à-dire lorsqu’on évitera un conflit ouvert entre le gouvernement et la présidence de la république. Maintenant, il s’agit de s’interroger sur le principe même de l’extradition ! Tout d’abord, et indépendamment des faits reprochés à Baghdadi Mahmoudi lorsqu’il était au pouvoir en Libye, il est certain que son extradition n’est pas motivée, comme l’a prétendu le ministre des Droits de l’Homme, par les crimes de droit commun qu’il aurait ordonné. Il semble qu’un accord est intervenu entre les gouvernements tunisien et libyen ayant des dimensions économiques qui aurait « facilité » cette extradition. Ce qui est contraire à toutes les mœurs diplomatiques et qui ressemblent aux accords secrets passés par les Chancelleries au 19ème siècle. En second lieu, tout le monde sait que Baghdadi Mahmoudi, figure politique de l’ancien régime sanguinaire de Maamer Gueddafi, sera jugé pour ses activités politiques et non pas pour des crimes de droit commun. Autrement dit, et indépendamment des assurances reçues par les autorités tunisiennes de la part de leurs homologues libyennes, il est certain que l’ancien dirigeant risque la peine capitale. Et nous sommes certains qu’il sera probablement condamné ! Enfin, il convient de dire à nos responsables qu’ils ont une curieuse façon de concevoir les droits de l’homme. Leur respect passe essentiellement par le respect de l’individu et de la vie des personnes. Certes, Baghdadi Mahmoudi n’est probablement pas un sain et il est certainement coupable, à l’instar de plusieurs de ses collègues au pouvoir du temps de Gueddafi, de dépassements et d’abus qui mériteraient aujourd’hui d’être sanctionnés. Mais, il est évident qu’il ne pourra jamais bénéficier dans son pays d’un procès équitable. Le refus de l’extradition est une question de principe et le gouvernement tunisien ne peut pas gouverner le pays sans principes fondateurs qui donneraient une idée sur sa capacité à faire évoluer les choses dans une direction respectueuse des droits de l’Homme. Car les principes sont plus importants que les « gains » immédiats dans la mesure où ils créent des traditions positives y compris pour les générations futures. A ces messieurs qui gouvernent aujourd’hui, pourquoi l’occident n’a jamais extradé l’un d’eux lorsque Ben Ali était au pouvoir. Car, il craignait pour leurs vies ! Si le gouvernement cède aujourd’hui Bagdhdadi Mahmoudi à la Libye pour des considérations politiciennes, il aura donné la preuve que les droits de l’homme ne sont pour lui qu’une autre carte supplémentaire dans son jeu politique.



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